FOCUS – Olivier Noblecourt annonce officiellement sa candidature aux municipales de Grenoble. Une annonce formulée le lundi 16 décembre à l’occasion d’un rassemblement du collectif Grenoble Nouvel air devant l’Hôtel de ville à 18 heures. Soit en marge d’un conseil municipal marqué par le retour en tant que conseiller municipal d’Alain Carignon. Un symbole du duel entre l’ancien édile et le maire actuel que le nouveau candidat déplore et dénonce. Non sans avancer ses premières propositions de campagne.
Attendue depuis plusieurs mois, l’annonce est désormais officielle : Olivier Noblecourt est candidat aux élections municipales de Grenoble en 2020. Une déclaration de candidature que l’ancien adjoint de Michel Destot a choisi de rendre publique devant l’Hôtel de ville, le lundi 16 décembre à 18 heures. Soit en marge du dernier conseil municipal de l’année 2019, déjà mouvementé avec l’arrivée du candidat Alain Carignon comme conseiller de l’opposition.
Pourquoi le 16 décembre ? La date « est symbolique à plus d’un titre », écrit le candidat. Outre le fait qu’elle coïncide avec un conseil municipal consacré au budget, elle marque également les deux premiers mois d’existence de Grenoble Nouvel air. Le collectif créé autour d’Olivier Noblecourt multiplie depuis les opérations de communication, tout en cherchant le contact avec les Grenoblois à travers ses réunions Bol d’air.
Le refus du « match » entre Éric Piolle et Alain Carignon
Mais c’est bien le duel Piolle-Carignon à l’occasion du conseil municipal qui pousse Olivier Noblecourt à rendre officielle sa candidature. « Grenoble mérite mieux que ce match que certains tentent de nous imposer entre Eric Piolle et Alain Carignon », juge-t-il. Entre le « statut quo [sic] » avec l’un et la « régression » avec l’autre, le candidat promet « une alternative de progrès social et de développement écologique, qui renoue avec l’identité de Grenoble ».
Olivier Noblecourt entend contrarier le duel Piolle – Carignon… Mais il n’est pas le seul. © Place Gre’net
Statu quo ou régression ? Olivier Noblecourt dépeint un mandat de l’actuel maire « marqué par le dogmatisme et la fragilisation de l’action sociale et éducative, sans remise en cause malgré l’aggravation des difficultés de la vie quotidienne ». Quant à Alain Carignon, il incarne aux yeux du candidat « la voie de l’abaissement moral et des solutions passéistes ». Et de rappeler la condamnation de l’ancien maire, pour corruption et enrichissement personnel.
Reste une candidature dont Olivier Noblecourt feint d’ignorer l’existence : celle de la députée LREM Émilie Chalas. Les liens entre l’ancien adjoint et le gouvernement sont pourtant régulièrement décriés : Olivier Noblecourt était en effet jusqu’à peu délégué interministériel à la prévention et la lutte contre la pauvreté. Sa démission est aujourd’hui actée : « J’ai décidé de quitter mes responsabilités nationales pour me consacrer pleinement à ma ville », fait-il savoir.
Olivier Noblecourt, un candidat de gauche ou “caméléon” ?
Olivier Noblecourt n’oublie pas de dérouler son CV. Le quadragénaire est diplômé de Sciences-Po en 1998. Dix ans plus tard, il devient adjoint de Michel Destot, en charge de l’Action sociale et familiale, mais aussi vice-président de la Métro à l’Université, la Recherche et l’Hébergement. En 2014, la défaite du candidat Jérôme Safar l’amène à devenir conseiller de Najat Vallaud-Belkacem. Sa prise de fonction comme délégué interministériel remontait, elle, à novembre 2017.
Des membres du collectif Grenoble Nouvel air, fondé autour de la candidature d’Olivier Noblecourt. © Joël Kermabon – Place Grenet.
Olivier Noblecourt, un “caméléon politique” ? Pour certains, son titre de délégué interministériel en fait un candidat « En marche bis ». C’est pourtant à gauche que l’ancien adjoint ancre sa candidature, en décrivant Grenoble Nouvel air comme un « rassemblement citoyen, de gauche et écologiste ». Mais aussi « composé de nombreuses citoyennes et de nombreux citoyens engagés dans la vie de la cité en tant qu’acteurs associatifs, syndicaux, culturels, universitaires, économiques ».
Et le candidat de rappeler que le Parti socialiste de l’Isère s’est également rallié à sa candidature… non sans une implosion dans les rangs de l’opposition grenobloise. Le Parti radical de gauche a aussi rejoint le collectif Grenoble Nouvel air. Ainsi que Go Citoyenneté, le Mouvement républicain et citoyen (MRC), la Gauche républicaine et socialiste (GRS), ou plus récemment le collectif Grenoble 2020 de Stéphane Gemmani.
Armement de la police municipale et vidéosurveillance
Olivier Noblecourt accompagne l’annonce de sa candidature de sept premières propositions, issues en partie des réunions Bol d’air ainsi que du questionnaire mis en place par Grenoble Nouvel air. Première d’entre elles : « Une nouvelle ère démocratique », où le candidat promet la création d’une « commission permanente du débat public [et] une plateforme numérique collaborative », ainsi que « des élus à l’écoute ».
Le candidat Olivier Noblecourt veut armer les policiers municipaux de Grenoble, contrairement à la majorité actuelle. © Joël Kermabon – Place Gre’net
La deuxième proposition est nettement plus clivante. Olivier Noblecourt annonce « un choc de sécurité et de civilité sur l’espace public ». Au programme ? Des équipes de médiation de rue… mais aussi l’armement de la police municipale et « une gestion vidéo de l’espace public ». Soit deux éléments de rupture avec la majorité actuelle, qui exclut de doter d’armes de poing ses policiers ou d’avoir recours à la vidéosurveillance.
En matière de précarité, le candidat propose « un revenu de base local » afin de garantir l’accès aux services essentiels que sont le logement, l’alimentation, la mobilité ou encore l’eau et l’énergie. Sans préciser toutefois quelle forme prendrait ce revenu de base, ni son montant. Quatrième proposition : la création d’un « service public de réussite éducative », voué à accompagner tous les jeunes Grenoblois de moins de 25 ans « de la crèche à l’emploi ».
Gratuité des transports pour les jeunes et les plus fragiles
Le cinquième item des propositions d’Olivier Noblecourt mélange deux notions : environnement et mobilité. Ainsi, le candidat dit souhaiter « une ville respirable et ombragée, accessible et mobile pour tous ». De l’ombrage à la faveur de plantations d’arbres ? Le candidat ne donne pas de précisions. Mais propose en revanche « la gratuité des transports pour les plus fragiles et les jeunes », sans indiquer non plus de tranche d’âge ou de revenus.
Sixième proposition : Olivier Noblecourt plaide pour « une nouvelle génération de Maisons des habitants » et une « plateforme citoyenne de conseil et de lutte contre l’isolement ». À l’image de la Papothèque, où Stéphane Gemmani a annoncé rejoindre les rangs de Grenoble Nouvel air ?
La dernière proposition du candidat concerne la Métropole, qu’Olivier Noblecourt souhaite « capable d’investir davantage aux côtés des acteurs publics, privés et universitaires dans le développement économique, l’attractivité du territoire et la transition écologique ».
Un intérêt pour la Métropole qui n’est pas nouveau : dans son Appel citoyen pour un rassemblement des forces de progrès à Grenoble, le collectif prônait déjà un « dépassement métropolitain ». En imbriquant fortement politique grenobloise et politique intercommunale.