DÉCRYPTAGE - Grenoble le nouveau Chicago ? Alors que l'agglomération est en proie à un regain de violence, poussant le procureur de la République à sortir une nouvelle fois de sa réserve, dans les coulisses politiques, les tractations autour des caméras de vidéosurveillance vont bon train. Farouchement opposé à leur déploiement, le maire de Grenoble a annoncé vouloir armer sa police municipale. Un pas en avant, mais pour l'heure semble-t-il insuffisant pour pouvoir obtenir davantage de renforts policiers.
En vingt ans, Grenoble a dû voir passer tous les ministres de l'Intérieur. À l'exception notable de Gérard Collomb qui, le 17 août dernier, après un été marqué par un regain de violence dans l'agglomération, est royalement passé à côté, préférant aller humer l'air du Vercors voisin et s'enquérir de la sécurisation des activités sportives estivales.
Ultime provocation ? Les policiers y ont vu du mépris. D'autres un calcul politicien pour tracer un boulevard aux potentiels candidats de La République en marche pour les élections municipales de 2020.
Grenoble serait-elle la dernière roue du carrosse ? En 2012 déjà, sous le gouvernement Ayrault, les villes de Grenoble et Échirolles avaient dû attendre la seconde vague pour être classées en zones de sécurité prioritaire (ZSP), leur permettant de bénéficier de moyens supplémentaires. Rebelote en 2018. Les maires de Grenoble, Échirolles et Saint-Martin-d'Hères ont beau la réclamer, la police de sécurité au quotidien (PSQ) n'est (toujours) pas d'actualité.
Les caméras de vidéo-surveillance dans la balance
La première vague des zones éligibles à cette nouvelle police de proximité – en un peu plus musclée – est tombée. Mais les renforts arrivent au compte-goutte pour chacun des quinze premiers quartiers dits de « reconstruction républicaine » : entre 15 et 30 policiers, étalés entre septembre et décembre, en fonction des sorties d'écoles de police.
À ces quinze premiers quartiers, quinze autres doivent venir s'ajouter en janvier 2019. Et encore trente d'ici fin 2020. Avec ou sans l'agglomération grenobloise ? Celle-ci pourrait-elle alors bénéficier d'une session de rattrapage ? La négociation semble serrée. Dans la balance, à demi-mot, le dispositif de vidéo-surveillance dont le maire de Grenoble ne veut toujours pas entendre parler.
La fin des caméras sur la voie publique, l'écologiste Eric Piolle en avait fait un de ses engagements de campagne. Au final, les caméras n'ont pas été démontées. Mais celles promises par l'ancien maire socialiste Michel Destot ont été rangées aux oubliettes.
2014 : marche arrière toute
À l'époque, l'idée était de développer la vidéo-surveillance sur les secteurs sensibles et dans le centre-ville. « Quatre-vingts en deux ans pour arriver à une centaine sur la ville », se souvient le socialiste Jérôme Safar, hier adjoint en charge de la sécurité, aujourd'hui dans l'opposition. L'idée était aussi de renforcer la police municipale en moyens humains, de l'armer également.
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