FOCUS – Le nouveau préfet de l’Isère a rencontré la presse, ce mardi 3 octobre 2023 au matin, à la préfecture. Nouvelles brigades de gendarmerie, point de deal de Saint-Bruno, RER métropolitain, métrocâble, ZFE, hébergement d’urgence, « Plan loup », extension de STMicroelectronics Crolles, gestion de l’eau… Louis Laugier, en fonction depuis le 21 août, a balayé les principaux dossiers et sujets d’actualité du département.
Certes, « la période de réserve a affecté [ses] activités pendant trois semaines », le préfet ne pouvant « s’afficher avec les élus » jusqu’au lendemain des élections sénatoriales. Néanmoins, Louis Laugier n’a pas chômé depuis sa prise de fonction, le 21 août 2023, rencontrant de nombreux acteurs du département. L’occasion d’évoquer une large palette de dossiers, que le nouveau préfet de l’Isère a balayés devant les médias locaux, reçus ce mardi 3 octobre au matin lors d’un petit-déjeuner de presse en préfecture.
Recrutement nécessaire pour les nouvelles brigades de gendarmerie
Parmi les sujets les plus brûlants, la sécurité figurait bien sûr en bonne place. Avec en premier lieu, l’annonce, lundi 2 octobre, par Emmanuel Macron, de la création de 238 nouvelles brigades de gendarmerie, dont quatre en Isère : une brigade fixe à Saint-Martin-d’Uriage et trois brigades mobiles à Estrablin, Dolomieu et La Côte-Saint-André. Lesquelles, s’est félicité le préfet, « correspondent au maillage territorial » et visent à « aller plus vers nos concitoyens ».
Quid du recrutement alors que la gendarmerie peine déjà – comme la police nationale – à ce niveau ? « Avoir des postes ouverts et financés permet de recruter plus facilement », a souligné Louis Laugier, tout en reconnaissant « un vrai problème d’attractivité ». Il a par ailleurs confirmé que les brigades mobiles seront composées de six gendarmes et la brigade fixe de huit à dix militaires.
Quant à l’installation de ces unités, « plusieurs hypothèses » sont à l’étude mais aucune date précise n’a encore été fixée. Outre le recrutement des gendarmes, il faut en effet affecter des locaux à la brigade fixe de Saint-Martin-d’Uriage et des moyens financiers aux trois brigades mobiles.
« Occuper le terrain » sur la place Saint-Bruno
Autre point chaud de l’actualité, les règlements de comptes sur fond de luttes de territoires entre trafiquants de stupéfiants dans l’agglomération grenobloise, et plus particulièrement la vague de violences ayant émaillé le quartier Saint-Bruno durant l’été. « Un point de deal qui perturbe totalement la vie de la population », d’où la décision du préfet de maintenir une « présence constante » de la police sur la place Saint-Bruno, depuis la fin août.
Les premiers retours des habitants sont d’ailleurs « très positifs », a‑t-il assuré. L’objectif est donc « d’occuper le terrain », avec des contrôles et interpellations, et « des unités de CRS régulièrement présentes sur le secteur ». Mais « l’espace public ne peut pas être occupé en permanence » par les forces de l’ordre, a nuancé Louis Laugier, évoquant l’intervention d’un « service de médiation » promise par la Ville, lors de la réunion publique organisée le 14 septembre à Saint-Bruno.
Pour le RER métropolitain, « l’enveloppe n’est pas forcément définitive »
Le préfet de l’Isère a également abordé la question des transports, enjeu majeur, notamment dans le sud du département. L’annonce par Emmanuel Macron, le 25 septembre, d’une aide de l’État de 700 millions d’euros pour la réalisation de treize RER métropolitains a ainsi déçu de nombreux élus locaux, qui ont fustigé un montant trop faible, rappelant que le coût du seul RER grenoblois avait été évalué à un milliard d’euros en 2019.
Louis Laugier a toutefois tenté de les rassurer sur ce point, affirmant que « cette enveloppe [n’était] pas forcément définitive pour la nuit des temps ». Selon lui, on est en effet « au début d’un process ». « Le dossier n’est pas clos », a‑t-il ajouté, laissant ainsi la porte ouverte à de possibles ajustements ultérieurs.
Démarrage de l’enquête publique fin 2023 pour le transport par câble
Concernant le transport par câble, le projet de métrocâble, téléphérique urbain qui devrait relier Fontaine à Saint-Martin-le-Vinoux à l’horizon 2025, reste d’actualité – malgré la forte mobilisation des opposants – selon le préfet, qui s’est récemment entretenu avec les élus impliqués. « Le démarrage de l’enquête publique est prévu avant la fin de l’année », a priori en novembre 2023, a‑t-il précisé. Avant de certifier : « Le dossier avance. »
Quant à la Zone à faibles émissions (ZFE) pour les voitures – qui devait être mise en place progressivement à partir du 1er juillet 2023 -, il n’y a plus d’obligation de l’État pour l’appliquer, la métropole grenobloise étant passée en dessous du seuil réglementaire de pollution de l’air, ont confirmé les services de la préfecture. C’est donc « à la Métropole de décider des modalités », a indiqué le sous-préfet Samy Sisaid.
La préfecture entend agir à terme pour le camp du Clos d’Or
Comme l’ensemble des grandes villes françaises, Grenoble fait par ailleurs face à l’installation régulière de squats et bidonvilles. Dernier en date, le campement de fortune érigé sur un parking, au croisement des rues des Alliés et Stalingrad, près du Clos d’Or. Une situation que la préfecture ne peut « pas laisser » en l’état, a admis Louis Laugier, sans donner plus de précisions.
Le préfet a mentionné les « 2 300 places d’hébergement d’urgence » et les multiples dispositifs existant à cet effet. Ainsi, à l’issue de l’évacuation du squat de la rue Léon-Blum, le 7 septembre dernier, « onze familles ont été prises en compte » et relogées, a expliqué la sous-préfète Nathalie Cencic, vantant le « parcours d’intégration » construit en partenariat avec la Ville de Grenoble.
Le « Plan loup », un sujet « avec beaucoup de passion » mais « plus apaisé ici »
Parmi les dossiers polémiques auxquels devra s’atteler le préfet, on retrouve le « Plan loup » 2024 – 2029, dévoilé le 18 septembre par le gouvernement et très critiqué par les associations de protection de la nature. « Un sujet avec beaucoup de passion », a souligné Louis Laugier. D’un côté, « le rapport des éleveurs avec leur troupeau de brebis », de l’autre, la nécessaire « préservation de l’espèce ».
Des intérêts et objectifs difficilement conciliables donc, mais que les pouvoirs publics doivent tout de même prendre en compte. Le préfet a malgré tout salué un « dialogue de terrain » qui lui semble « plus apaisé ici » [en Isère] que dans d’autres départements concernés par la présence du loup.
Le Comité départemental de l’eau se réunira tout au long de l’année
Difficile enfin d’éluder la question de l’extension de l’usine STMicroelectronics de Crolles, pointée du doigt – tout comme Soitec – par le collectif STop Micro pour « l’accaparement de l’eau potable ». Sur le fond, le préfet ne souhaite « pas se prononcer alors que l’enquête publique est en cours », jusqu’au 9 octobre. Il a néanmoins rappelé « l’effort considérable de l’État » pour soutenir la production de semi-conducteurs, indispensable selon lui pour « ne pas revenir à l’âge de pierre ».
Louis Laugier s’est cependant sur « la question de l’eau qui, souvent, est seulement abordée en période de sécheresse », a‑t-il déploré. Il a ainsi répondu en partie à l’une des revendications des opposants, qui réclament la mise en place d’un observatoire de l’eau indépendant. « J’ai demandé que le Comité départemental de l’eau se réunisse tout au long de l’année », a‑t-il annoncé.
Il s’agit ainsi de réunions régulières, programmées tous les deux ou trois mois, sur des thématiques diverses. De fait, « les industriels ne connaissent pas forcément les contraintes des agriculteurs et inversement », a illustré le préfet. L’aide de l’État à STMicroelectronics est par en outre soumise à « plusieurs conditions », a confié la préfecture, assurant que le site isérois du groupe franco-italien « [respectait] déjà les seuils hydriques ».
Une réflexion sur « Sécurité, RER métropolitain, gestion de l’eau… Le nouveau préfet de l’Isère fait le tour des dossiers brûlants »
4 btigades sur tout l’Isère , tu parles d’une prouesse ! Pour s’en prendre aux automobiles ou bien aux délinquants?🤔