FOCUS – L’enquête publique sur l’extension de l’usine STMicroelectronics de Crolles a débuté le 28 août 2023 et se poursuivra jusqu’au 9 octobre. Mais le collectif STop Micro dénonce une « mascarade », estimant que « les dés sont pipés ». Celui-ci accuse par ailleurs l’industriel d’avoir menti sur la consommation d’eau du site isérois, lors d’une réunion à la préfecture, en juin dernier. Le collectif poursuit donc sa mobilisation contre l’accaparement de l’eau en organisant notamment une « baignade party » dans le ruisseau de Craponoz, entre ST et Soitec, ce samedi 9 septembre.
« Les dés sont pipés dès le départ. (…) Nous n’attendons rien de ce simulacre démocratique. » Le collectif STop Micro ne mâche pas ses mots concernant l’enquête publique relative à l’extension de l’usine STMicroelectronics de Crolles. Débutée le 28 août 2023, celle-ci s’achèvera le 9 octobre avec, au menu, deux réunions publiques et sept permanences avec le commissaire enquêteur. Le dossier sera, lui, consultable dans les mairies de Crolles et Bernin.
Vue en juillet 2022 du site sur lequel est construite la nouvelle méga-fab de semi-conducteurs de STMicroelectronics, à Crolles. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Mais pour le collectif, qui lutte depuis fin 2022 contre le « pillage de l’eau potable » par l’industrie locale, cette réunion publique ne vise qu’à « rendre acceptable » le projet porté par STMicroelectronics et la société américaine GlobalFoundries. « Un chantier, déjà décidé (au niveau européen, dans le cadre de l’European Chips Act), déjà annoncé (par Emmanuel Macron en juillet 2022), déjà financé (2,9 milliards d’argent public pour un budget global de 5,7 milliards) », souligne-t-il.
L’enquête publique n’a « qu’un avis consultatif »
Avec cette méga-fab présentée en grande pompe lors du déplacement présidentiel à Crolles, l’an passé, le site isérois de ST entend « doubler sa production de semi-conducteurs d’ici 2026, et tripler dans le même temps sa consommation d’eau », précise STop Micro, dans un communiqué daté du 28 août.
Emmanuel Macron s’est rendu à Crolles le 12 juillet 2022 pour annoncer en grande pompe le projet d’extension de l’usine ST, porté conjointement par le fabricant franco-italien et la société américaine GlobalFoundries. © Joël Kermabon – Place Gre’net (capture d’écran)
Sans attendre les conclusion de l’enquête publique, l’entreprise comme le gouvernement prévoient déjà une livraison début 2024 pour la première unité de production. « Le ministère de l’Économie a même annoncé, dans un communiqué de presse du 5 juin 2023, que la production de cette “méga-usine” aurait déjà commencé. Ce qui est faux, mais montre bien l’état d’esprit des autorités quant à ce projet », dénonce le collectif.
Ce dernier qualifie ainsi l’enquête publique de « mascarade », assurant que « les décisions sont déjà prises ». De fait, estime STop Micro, citant le chercheur Frédéric Graber, « les enquêtes publiques ne sont jamais que des dispositifs d’accompagnement et de légitimation des projets industriels servant à discréditer les critiques ». Elles n’ont « qu’un avis consultatif » et même si celui-ci s’avérait défavorable, cela « ne suffira pas à entraver l’extension », la préfecture pouvant « passer outre ».
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Une réflexion sur « Extension de STMicroelectronics à Crolles : pour l’enquête publique, « les dés sont pipés », selon le collectif STop Micro »
D’un côté, oui il faut préserver les ressources et imposer aux industriels de mettre en œuvre des procédés économes en eau. Mais de l’autre, est-ce que tous les opposants sont-ils irréprochables ? C’est à dire , pas de téléphone portable, ni de voiture ou vélo électrique ? Car des puces, on ne peut plus s’en passer. Tu veux installer un poêle à granules… des puces, des panneaux photovoltaïques… des puces, tout matériel à économie d’énergie nécessite des puces… Un mal pour un bien, non ?