FOCUS – Mardi 29 août 2023, la police a massivement investi la place Saint-Bruno, à Grenoble, lors d’une opération menée conjointement par le parquet et la préfecture. Une réponse à la série de violences ayant émaillé le quartier les jours précédents. Point de deal majeur de l’agglomération, Saint-Bruno est en effet au cœur d’une lutte de territoires opposant, depuis de longs mois, des bandes rivales de trafiquants de stupéfiants. Des tensions qui ont encore franchi un cap depuis fin août, au grand dam des habitants.
« Mercredi soir [30 août 2023], j’ai engueulé ma fille qui était allée boire un coup au Capri l’après-midi. Pas pour le principe mais parce que j’ai eu peur pour elle… En plein jour ! » En racontant la scène le lendemain, Sofia1tous les prénoms ont été modifiés réalise l’incongruité de la situation. Pourtant, « j’habite dans le quartier Saint-Bruno depuis plus de vingt ans, j’ai traversé la place à toute heure. Il ne m’est jamais rien arrivé mais maintenant, je ne suis plus tranquille », avoue la quadragénaire. « Je pense tout le temps au risque de prendre une balle perdue. »
Vendredi 1er septembre 2023, le square de la place Saint-Bruno était, comme les jours précédents, quasiment vide, conséquence des violences émaillant le quartier depuis la fin août. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Si la présence policière, très visible ce jour-là sur la place Saint-Bruno, l’a certes « un peu rassurée », Sofia n’élude pas pour autant le revers de la médaille. « Voir autant de patrouilles de police et de cars de CRS quand on sort de chez soi, ça a aussi un côté angoissant », souligne la mère de famille. « À chaque fois, on se demande s’il n’y a pas encore eu une fusillade ou autre chose. » Et pour cause.
Les incidents se multiplient depuis la fin août dans le quartier Saint-Bruno
Le déploiement de près de 70 policiers sur la place Saint-Bruno, mardi 29 août, comme le maintien, le lendemain, d’un imposant dispositif de la part des forces de l’ordre, ne devaient en effet rien au hasard. Cette opération conjointe du parquet de Grenoble, de la préfecture de l’Isère et de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) se voulait ainsi une réponse au regain de violence observé depuis la fin août dans le quartier Saint-Bruno.
Le commissaire général Christian Goyheneix, directeur départemental adjoint de la sécurité publique, le préfet Louis Laugier, le procureur adjoint François Touret de Coucy et l’adjoint au maire Pierre Mériaux lors de l’opération de police organisée le 29 août 2023 sur la place Saint-Bruno. © Préfecture de l’Isère
De fait, après un début d’été relativement calme, les incidents se sont multipliés au cours des dix derniers jours. D’abord le 22 août avec des coups de feu entendus sur la place Saint-Bruno en fin d’après-midi. Puis le même jour, en début de soirée, avec un nouvel appel à la police pour signaler la présence au même endroit d’un groupe d’individus, dont l’un était muni d’une arme longue de type Kalachnikov.
Un blessé grave dans une rixe
Quelques jours plus tard, rebelote. Dimanche 27 août, de nouvelles détonations ont retenti sur la place avant que plusieurs personnes ne soient aperçues en train de prendre la fuite avec des armes longues, en direction de la rue Nicolas-Chorier. Un épisode qui a rendu l’atmosphère encore plus électrique le lendemain matin.
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