FOCUS - Les collectifs STop Micro et Grignon organisaient, lundi 15 mai 2023, un rassemblement devant l'Agora à Saint-Ismier, en marge du conseil communautaire du Grésivaudan. Objectif : interpeller les élus sur leur soutien aux industries locales - notamment des semi-conducteurs - accusées de l'accaparement de l'eau et des sols. Le premier collectif dénonce ainsi le "pillage" de l'eau potable par STMicroelectronics et Soitec, bientôt aggravé selon lui par l'extension de l'usine ST de Crolles. Le second milite, lui, contre la création de la nouvelle zone d'activités de Grignon, à Pontcharra, craignant de voir disparaître 8 hectares de terres agricoles.
"On ne pourra jamais voir le monde de la même manière." Si la remarque de Jean-François Clappaz, vice-président à l'économie de la Communauté de communes Le Grésivaudan, a suscité quelques rires et quolibets, c'est aussi l'un des rares points sur lesquels manifestants et élus sont tombés d'accord, ce lundi 15 mai 2023. Il faut dire que les longues discussions entre les deux parties ont souvent donné lieu à un dialogue de sourds - mais un dialogue tout de même - sur le thème du jour : l'accaparement de l'eau et des sols par les industriels.
Une quarantaine de personnes s'étaient en effet donné rendez-vous en fin d'après-midi devant la salle l'Agora, à Saint-Ismier, où se tenait au même moment le conseil communautaire du Grésivaudan. Ceci à l'appel de deux collectifs, STop Micro et Grignon, menant deux luttes distinctes mais également très complémentaires, et surtout témoignant, selon eux, d'une "même vision du monde".
"L'équivalent de douze piscines olympiques par jour"
Le premier bataille ainsi depuis la fin 2022, sous le mot d'ordre "De l'eau, pas des puces", contre le "pillage de l'eau potable" par l'industrie de la micro-électronique et des semi-conducteurs. Dans son viseur, les deux mastodontes locaux, STMicroelectronics à Crolles, et Soitec à Bernin. Selon le collectif, leurs usines utilisent en effet, en cumulé, quelque 16 800 m3 d’eau potable par jour, notamment pour nettoyer les plaquettes de silicium sur lesquelles sont gravés les circuits électroniques.
Pour cela, elles ont besoin d'eau extra-pure et puisent donc dans les réservoirs de l'eau de Grenoble, réputée d'excellente qualité. Problème : cette consommation devrait encore grimper en flèche avec l'extension de l'usine STMicroelectronics de Crolles, en association avec la société américaine GlobalFoundries, annoncée en grande pompe par Emmanuel Macron en juillet 2022. En 2023 ou 2024, elle devrait ainsi atteindre - en cumulé pour ST et Soitec - 336 litres d'eau à la seconde, soit "l'équivalent de douze piscines olympiques par jour".
La ZAE de Grignon "menace de bétonner 8 hectares de terres agricoles"
De son côté, le collectif Grignon s'oppose à la création de la future zone d'activités économiques (ZAE) de Grignon, à Pontcharra. Une décision de la Communauté de communes qui entend "accueillir, dans les meilleures conditions, de nouvelles entreprises génératrices d'emplois dans les secteurs de l'artisanat, de l'industrie légère et tertiaire". Mais pour les militants, ce projet menace surtout de "bétonner près de 8 hectares de terres agricoles".
Si les manifestants ont choisi de se réunir en marge du conseil communautaire, c'était donc pour interpeller les élus du Grésivaudan, qui "défendent à fond ce développement industriel et sont très fiers du poids de ces usines", souligne Robin, membre du collectif STop Micro. Des conseillers qui, accuse-t-il, "facilitent ce pillage des biens communs", que ce soit "en finançant des travaux pour augmenter la quantité d'eau consommée, en déclassant des terres agricoles ou en passant outre la règle du “zéro artificialisation nette”".
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3 réflexions sur « Saint-Ismier : deux collectifs interpellent les élus du Grésivaudan sur l’accaparement de l’eau et des sols par les industriels »
attention renseignez vous correctement l’eau n’est pas consommée ou pillée par ST mais utilisée ! et ensuite rejetée dans l’Isère ou évaporée„ le discours est trompeur
Il y a tant d’industries qui ont besoin d’eau, le textille, le papier, et celle qui a le plus grand impact sur notre environnement globale à savoir les mines aux besoins exponentiels et pollutions associées, devant la demande explosive de métaux pour produire des véhicules électriques et les réseaux d« alimentations associés, de panneaux solaires, d’éoliennes…
Délocaliser St Micro c’est comme acheter un véhicule électrique, se donner bonne conscience en occultant les impacts qui en résultent ailleurs…
Bloquer ST, c’est mettre des centaines de personnes au chômage, et c’est se priver des composants pour écrans plats, téléphones et bien d’autres équipements …