FOCUS – L’union de quartier Berriat-Saint-Bruno-Europole organisait sa réunion publique annuelle, le mercredi 19 février à la Salle rouge de Grenoble. Un rendez-vous de quartier autant qu’électoral, en présence de représentants de six listes candidates pour les municipales de mars 2020. Au programme : cinq thèmes abordés, avec deux minutes de réponse pour chaque candidat.
Les réunions publiques annuelles de l’union de quartier Berriat-Saint-Bruno-Europole manquent rarement d’ambiance. Et celle du mercredi 19 février 2020 n’a pas dérogé à la règle. Il est vrai que le rendez-vous était particulier : à un mois des élections municipales, l’union de quartier avait convié plusieurs listes à venir répondre à ses questions et à celles des habitants. Le tout dans une Salle rouge bondée, où certains peinaient à trouver une place assise.
La Salle rouge ? Le sujet d’une première polémique : alors que les réunions de l’union de quartier ont généralement lieu au Théâtre 145, la Ville a refusé de mettre le site à disposition, au motif du caractère électoral de la soirée.
Une impossibilité légale, assure l’adjoint de la Ville de Grenoble et candidat Grenoble en commun Yann Mongaburu. Faux, rétorque Bruno de Lescure, en tête de la liste La Commune est à nous : « La seule chose qui aurait pu être reprochée, c’est de faire du préférentialisme, ce qui n’est pas le cas. » Et l’ancien président de l’union de quartier d’ajouter que la Ville louait au demeurant le Théâtre 145.
De Grenoble en commun au parti Popolitique
Six listes étaient conviées à participer aux échanges : celle du maire sortant Éric Piolle, nommée Grenoble en commun, celle d’Émilie Chalas Un nouveau regard sur Grenoble, la Société Civile avec Alain Carignon, La commune est à nous, la liste d’Olivier Noblecourt Grenoble nouvel air… et le parti Popolitique, Ovni électoral qui ne manquera pas d’offrir au public des temps de respiration aussi drolatiques que démocratiques.
Si Lisa Poget était bien présente pour représenter le parti Popolitique, seules deux autres têtes de liste représentaient leurs couleurs devant le quartier : Bruno de Lescure et Émilie Chalas. Excusés pour cause d’autres engagements, Alain Carignon était représenté (au pied levé) par Mustapha Essaïd, Olivier Noblecourt par Maxime Gonzalez, et Éric Piolle par Yann Mongaburu.
À l’exception de quelques coups de crocs, pas de foire d’empoigne généralisée au programme. Il est vrai que l’union de quartier avait prévu un planning serré : cinq thèmes à aborder et deux minutes par candidat pour répondre. Soit : la démocratie locale, les projets d’aménagement du quartier, la politique de la jeunesse, le mur anti-bruit pour l’A480 et les propositions face à la vente de la Clinique mutualiste. Le tout se concluant par les questions “libres” du public.
La liste du maire sortant, cible d’attaques
Si un certain nombre de sujets ont fait consensus, des points de divergence sont clairement ressortis. Quant au représentant du maire sortant, il s’est retrouvé, sans surprise, sous le feu des critiques. Alors que Yann Mongaburu mettait en avant les réalisations de la municipalité et la volonté de poursuivre et d’accentuer les actions mises en place, ses concurrents n’ont pas manqué d’attaquer le candidat sur son bilan et la méthode mise en œuvre.
Les pistes Chronovélo ? « En septembre, vous aviez dit que vous organiseriez une consultation sur la question. Je vois avec stupeur que vous êtes revenu dessus ! », a ainsi lancé Bruno de Lescure à l’intention de Yann Mongaburu. Quelques minutes auparavant, l’élu expliquait en effet se baser sur les retours de l’enquête de la Fub pour identifier les zones d’amélioration des pistes cyclables sur Grenoble.
La Clinique mutualiste ? Alors que le conseiller municipal annonçait une possible participation financière au projet de Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) pour faire barrage à l’irruption d’un acteur privé lucratif, Émilie Chalas a attaqué. « La Ville de Grenoble avait l’opportunité d’exonérer de taxe foncière le GHM [Groupement hospitalier mutualiste, ndlr]. C’est hallucinant que vous preniez sa défense alors que vous n’avez pas pris cette décision ! », a‑t-elle asséné.
La municipalité défend ardemment son bilan
En retour, Yann Mongaburu a ardemment défendu le bilan de la municipalité. Et mis en avant les budgets participatifs comme modèle de coconstruction avec les habitants, en soulignant la création de la Dragonne dans le square Saint-Bruno, ou l’ouverture du Lieu rue Abbé-Grégoire pour les personnes en précarité. Et l’élu de promettre la création d’un second budget participatif réservé aux 6 – 16 ans pour la prochaine mandature, en cas de réélection d’Éric Piolle.
Yann Mongaburu a également revendiqué le succès des pistes Chronovélo, en affirmant que les mesures prises par la Ville de Grenoble avaient contribué à faire baisser la pollution atmosphérique.
Si Maxime Gonzales prône, lui aussi, l’usage du vélo contre celui de la voiture, Émilie Chalas considère que les « autoroutes à vélo » n’ont pas leur place en centre-ville. Et reprend la terminologie de la municipalité : « Nous apaiserons le Chronovélo en centre-ville (…). Il ne faut pas accélérer les modes de déplacement, quels qu’ils soient. »
Le socio-éducatif ? « Nous avons beaucoup investi dans le plan école. Nous souhaitons le même effort sur les équipements de proximité socio-éducatifs et d’éducation populaire », annonce Yann Mongaburu. À l’instar de Guy Tuscher lors du dernier conseil municipal, Bruno de Lescure a quant à lui rappelé le licenciement pour cause économique du directeur de la MJC Parmentier. Et l’a (re)mis en perspective… avec les subventions accordées à TéléGrenoble.
La Dragonne sur roulettes
La Commune est à nous n’est pas seule à vouloir concurrencer à gauche Grenoble en commun. Issu du mouvement Génération.s, Maxime Gonzales a fustigé à son tour un « management néo-libéral » du socioéducatif par la Ville de Grenoble. Et prôné la mise en place d’une « commission locale du débat public » et d’un référendum municipal annuel, pour se revendiquer tout comme Bruno de Lescure de la « démocratie directe ».
Parfois pris au dépourvu, quitte à faire rire le public, Mustapha Essaïd a pour sa part revendiqué ne pas être un politique de profession et préféré avouer son inexpérience dans certains domaines. Le futur colistier d’Alain Carignon n’en porte pas moins ses propositions : des référendums citoyens, la sécurisation des transports en commun, l’augmentation des effectifs de la police municipale, ou l’implication des jeunes dans les politiques socioéducatives.
Reste le parti Popolitique, qui plaide en faveur du bon sens et élude souvent les questions pour mieux se concentrer sur l’essentiel de son programme. Entre autres, l’affectation des policiers municipaux aux espaces verts pour cultiver des légumes et alimenter la population, la limitation de la vitesse des véhicules à 14 km/h… ou l’installation sur roulettes de la Dragonne pour permettre aux jeunes footballeurs de Grenoble de parader en ville en cas de victoire.