FOCUS – La Ville de Grenoble a effectué, le 8 novembre 2023, un point d’étape sur « Gren’ de projets » à la chapelle des Pénitents blancs (ou chapelle Voltaire). Celle-ci rejoint en effet les quatre sites déjà retenus dans le cadre de ce programme lancé en 2018. Une démarche qui vise à rénover et valoriser des bâtiments patrimoniaux d’exception grâce à des projets – culturels, sociaux, économiques ou écologiques – portés par des collectifs, associations, entrepreneurs ou citoyens.
Le lieu, avec son riche mobilier en partie classé au titre des monuments historiques, est aussi somptueux que délabré. La beauté de l’autel, des dorures et sculptures contraste ainsi avec le plancher percé de trous aux différents étages. Un constat qui donne la mesure de l’ampleur de la tâche dévolue au futur lauréat de l’appel à projets lancé pour la chapelle des Pénitents blancs, rue Voltaire. Il s’agit en effet du dernier bâtiment choisi pour le programme Gren’ de projets, dont la Ville de Grenoble a dressé un point d’étape le 8 novembre 2023.
Une partie du mobilier de la chapelle des Pénitents blancs bénéficie d’une protection au titre des monuments historiques, ce qui devra être pris en compte dans le futur projet. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Lancée en 2018, cette « démarche unique en France », selon la municipalité, entend valoriser et redonner vie à des bâtiments patrimoniaux emblématiques de Grenoble en y accueillant des « projets de rénovation et d’usages » portés par des collectifs, des entreprises ou toute autre structure intéressée.
Un projet innovant et « ouvert à tous les Grenoblois »
Parmi les six projets identifiés à l’origine, quatre ont été retenus (voir encadré). Celui du couvent des Minimes a déjà été en partie réalisé, le Minimistan ayant ouvert ses portes en juillet 2023, tandis que pour les trois autres (la Villa Clément, l’Orangerie et le Pavillon de la caserne de Bonne), les travaux sont censés débuter en 2024.
Pour le cinquième bâtiment, la chapelle des Pénitents blancs – également nommée chapelle de l’Adoration ou ancienne chapelle Voltaire -, le principe est identique. « Il faut que ce soit un projet innovant, qui mette en valeur le monument et soit ouvert à tous les Grenoblois », souligne Margot Belair, adjointe à l’urbanisme.
L’ancienne chapelle des Pénitents blancs ou chapelle Voltaire, située dans la rue éponyme, est le cinquième bâtiment choisi pour intégrer le programme Gren” de projets. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Cela vaut ainsi pour tous les édifices sélectionnés dans le cadre de Gren’ de projets. Ceux-ci doivent être « rénovés et surtout utilisés », le tout « dans une démarche d’ouverture citoyenne », explique Claus Habfast, conseiller municipal délégué à la montagne et aux projets Bastille et Tour Perret. « Nous ne voulons pas privatiser ces lieux avec des logements mais plutôt créer des activités destinées à animer le centre-ville », ajoute-t-il.
« Des baux de très long terme, 30, 40 ou 50 ans »
La chapelle des Pénitents blancs, édifiée au XVIIe siècle, appartient depuis 1914 à la Ville, qui a loué par la suite l’ensemble du bâtiment de 880 m² – comprenant la chapelle et des locaux avec logements et bureaux – à l’association diocésaine, via un bail emphytéotique s’achevant fin 2019. Elle a finalement été « désacralisée » en 2020 par le diocèse de Grenoble-Vienne, qui peinait à assumer les coûts d’entretien.
Les élus grenoblois Claus Habfast et Margot Belair ont fait le point sur Gren” de projets, à l’occasion d’une visite de la chapelle des Pénitents blancs, qui vient d’être sélectionnée. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Aujourd’hui, la municipalité cherche donc à céder ou, de préférence, à louer l’ancienne chapelle Voltaire, comme les autres biens. Ceci grâce à « des baux de très long terme – 30, 40 ou 50 ans – qui permettent à un projet à vocation économique d’amortir complètement les investissements », précise Claus Habfast. Et pour un loyer qui peut être « quasiment symbolique », affirme-t-il.
Des travaux de rénovation coûteux mais un « réel intérêt » selon la Ville
Quoiqu’il en soit, le futur occupant de la chapelle devra également financer les travaux de rénovation. Tout sauf une broutille au vu de l’état de délabrement avancé de certaines parties, notamment dans les étages et sous le toit. Si la Ville de Grenoble n’a « pas encore estimé le montant » du chantier, selon Margot Belair, celui-ci s’annonce ainsi très important.
Les locaux situés aux étages de la chapelle sont très délabrés, avec notamment de nombreux trous dans le plancher. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Claus Habfast reconnaît d’ailleurs qu’à l’exception du couvent des Minimes, dont l’espace de coworking, le bar et la cantine fonctionnent depuis l’été dernier, les autres projets ont connu des difficultés pour le financement, notamment pour avoir « accès à des prêts bancaires ». Pour les prochains bâtiments concernés par Gren’ de projets, la mairie va donc se montrer « très exigeante sur la solidité financière des porteurs », confie l’élu.
L’évêque du Diocèse de Grenoble-Vienne a donné son accord, en septembre 2020, pour « désaffecter » la chapelle, propriété de la Ville de Grenoble. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Malgré les écueils financiers précités et les coûteux travaux à prévoir, Margot Belair l’assure, la Ville observe « un réel intérêt » pour la chapelle des Pénitents blancs. « Plusieurs personnes nous ont déjà demandé le dossier », indique l’adjointe à l’urbanisme, qui ne souhaite pas donner plus de détails à ce stade. Quant au projet, celui-ci peut être culturel, social, économique, écologique… Aucun cadre n’est imposé et les propositions sont étudiées au cas par cas.
La Ville critiquée par des associations de protection du patrimoine
Critiquée par plusieurs associations, à l’instar de l’Académie delphinale et de la Fédération des associations patrimoniales de l’Isère (Fapi), qui ont décrété « l’état d’urgence patrimonial », la Ville de Grenoble dément fermement ces accusations de « désintérêt ». « On ne peut pas dire qu’on ne fait rien », rétorque ainsi Claus Habfast, citant « la rénovation de la Tour Perret ».
Le conseiller municipal renvoie la balle aux municipalités précédentes. « Depuis Hubert Dubedout, on n’a eu que des maires bâtisseurs », estime-t-il. D’où la nécessité de réhabiliter un patrimoine vieillissant et onéreux. Ce qui donnerait, d’après lui, le mauvais rôle, à l’actuelle majorité… Car c’est toujours « plus sympa d’inaugurer que de rénover ».
Quatre projets déjà retenus, dont un qui a abouti, au couvent des Minimes
Quatre des six bâtiments identifiés ont été sélectionnés dans le cadre de Gren’ de projets. Parmi eux, le seul ayant déjà – en partie – abouti est celui du couvent des Minimes. Porté par deux entrepreneurs, le Minimistan propose depuis juillet 2023 un espace de coworking, un bar/café et une cantine, ainsi qu’un espace accueillant créations, ateliers et résidences artistiques, inauguré le 9 novembre. Une nouvelle phase doit être lancée en 2024 – 2025, en vue de l’ouverture d’un hostel.
Dans le cadre de Gren” de projet, le Couvent des Minimes accueille désormais un espace de coworking, l’une des composantes du projet baptisé Minimistan. © Martin de Kerimel – Place Gre’net
Les travaux des trois autres Gren’ de projets doivent, eux, démarrer en 2024. Le pavillon de la Caserne de Bonne accueillera un « tiers-lieu » dédié à l’éducation à l’image, à l’initiative de la Ligue de l’enseignement de l’Isère et du Méliès.
À l’Orangerie, des restaurateurs, artisans et divers professionnels isérois s’associeront pour proposer une offre variée comprenant restaurant, ateliers, conciergerie solidaire, bar, évènements culturels, coworking…
Enfin, à la Villa Clément, le collectif Villa Clément, constitué par trois associations (l’Oiseau bleu, le Relais Ozanam et la Mutualité française de l’Isère), s’allie à Grenoble Habitat pour présenter un projet expérimentant « une nouvelle approche des métiers du social ».
Une réflexion sur « Gren’ de projets : la chapelle des Pénitents blancs rejoint les quatre bâtiments patrimoniaux déjà retenus par la Ville de Grenoble »
« Que des maires batisseurs » autrefois ? Mr Piolle ne manque pas d’air, lui qui bétonne sans cesse Grenoble et laisse à l’abandon le Musée de Peinture et de très nombreux bâtiments anciens et récents, depuis 10 ans !