Une séance du conseil municipal de Grenoble. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Grenoble : le vote du bud­get pri­mi­tif 2017 sous la loupe de l’opposition

Grenoble : le vote du bud­get pri­mi­tif 2017 sous la loupe de l’opposition

FOCUS – Le der­nier conseil muni­ci­pal de l’an­née, ce lundi 19 décembre, s’an­nonce aussi animé que ceux qui l’ont pré­cédé depuis le mois de juin der­nier. Le vote du bud­get pri­mi­tif 2017 sera la déli­bé­ra­tion phare des 94 à l’ordre du jour. Une ses­sion au cours de laquelle il fau­dra éga­le­ment comp­ter sur les biblio­thé­caires en lutte qui, ne lâchant rien, mani­fes­te­ront à nou­veau leur mécontentement.

Conseil municipal du 21 mars 2016. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Conseil muni­ci­pal du 21 mars 2016. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Les conseils muni­ci­paux de Grenoble se suivent… et se res­semblent. C’est presque devenu une habi­tude à Grenoble que de se deman­der dans quelles condi­tions se dérou­le­ront les déli­bé­ra­tions de l’as­sem­blée déli­bé­ra­tive. Ce der­nier conseil muni­ci­pal de l’an­née 2016 semble bien ne pas devoir déro­ger à la règle.

Une chose est sûre, les biblio­thé­caires en lutte ont appelé, une nou­velle fois, leurs sym­pa­thi­sants à mani­fes­ter devant l’hô­tel de ville. En effet, en dépit de l’annonce par la muni­ci­pa­lité que la biblio­thèque Alliance ne fer­me­rait pas, ceux-ci res­tent mobi­li­sés avec une nou­velle opé­ra­tion inti­tu­lée « Une bûche dans ton conseil ». Ajoutez à cela la pré­sence des com­mer­çants non-séden­taires qui entendent, quant à eux, pro­tes­ter « contre le pro­jet dog­ma­tique du règle­ment des mar­chés de Grenoble ». Ceci pour l’am­biance. Côté déli­bé­ra­tions, il ne faut pas être grand clerc pour savoir que le vote du bud­get pri­mi­tif 2017 sera la pierre angu­laire des 94 déli­bé­ra­tions à l’ordre du jour.

« Une situa­tion bud­gé­taire stabilisée »

La Ville, qui décrit une « situa­tion bud­gé­taire sta­bi­li­sée », en rap­pelle les axes forts. À savoir : pas de hausse d’im­pôts, prio­rité à « la tran­si­tion sociale, éco­lo­gique et démo­cra­tique » et un bon niveau d’in­ves­tis­se­ment. Le tout « dans un contexte contraint », comme le pré­cise à l’envi Hakim Sabri, l’ad­joint aux finances, notam­ment du fait de la baisse des dota­tions de l’État qui se pour­suit inexo­ra­ble­ment. Sans comp­ter la récente reva­lo­ri­sa­tion du point d’in­dice, des fonc­tion­naires qui va peser dans le bud­get à hau­teur de 3,4 mil­lions d’euros.

Majorité municipale. De gauche à droite : Alan Confesson, Maryvonne Boileau et Hakim Sabri. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Majorité muni­ci­pale. De gauche à droite : Alan Confesson, Maryvonne Boileau et Hakim Sabri. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Pour autant, la Ville l’as­sure, elle a quelques rai­sons d’être plus opti­miste. « Parallèlement à ça, nos dépenses de fonc­tion­ne­ment vont, elles, bais­ser de 4 mil­lions d’eu­ros. Nous sommes sor­tis de ce fameux effet ciseaux qui fai­sait qu’on dépen­sait plus que ce que nous avions en recettes », se féli­cite l’ad­joint aux finances.

Qui ajoute, non sans satis­fac­tion, que « grâce au plan de sau­ve­garde, entre les recettes nou­velles et les dépenses qui ne seront plus à assu­mer, cela va être une amé­lio­ra­tion finan­cière pour la Ville d’en­vi­ron 7 mil­lions d’eu­ros en fonc­tion­ne­ment ». « Tout ça fait qu’entre le plan de sau­ve­garde et la rené­go­cia­tion de notre dette [grâce à de meilleurs taux, ndlr] nous amor­çons un retour vers une épargne posi­tive en 2018 », conclut Hakim Sabri.

Un niveau d’in­ves­tis­se­ment iden­tique à celui de 2016

Autant de rai­sons pour que la Ville reste droit dans ses bottes et soit bien déci­dée à « répondre aux besoins des habi­tants de Grenoble et pré­pa­rer le Grenoble de demain ». Comment ? En conser­vant un niveau d’investissement « iden­tique à celui de 2016 », sou­ligne la muni­ci­pa­lité, soit 37 mil­lions d’eu­ros. Les mieux lotis sont les éta­blis­se­ments sco­laires qui, dans le cadre du plan écoles, se ver­ront dotés de 12 mil­lions d’eu­ros. Cela concerne les nou­velles écoles : celle de la rue Hareux, Hoche, Flaubert et Saint-Bruno.

Un budget serré - DR

Un bud­get contraint – DR

Mais aussi l’ex­ten­sion de l’é­cole Diderot, les res­tau­rants sco­laires Sidi Brahim, Buffon, Chatin et Jouhaux, des amé­na­ge­ments de classes et le gros entre­tien des écoles, soit 1,5 mil­lion d’euros.

Concernant le sport, 4,7 mil­lions d’eu­ros seront consa­crés à la construc­tion du centre spor­tif Arlequin et à l’en­tre­tien des équi­pe­ments exis­tants dont la pis­cine Jean Bron.

Les zones d’a­mé­na­ge­ment Presqu’île, Bouchayer-Viallet, Vigny-Musset et Flaubert se ver­ront dotées de 2,4 mil­lions d’eu­ros, tan­dis que 1,6 mil­lion d’eu­ros seront injec­tés au titre des poli­tiques de la ville, dans les opé­ra­tions Chatelet, Teisseire, Villeneuve et Mistral. Sans oublier les amé­na­ge­ments de proxi­mité et la culture, qui béné­fi­cie­ront res­pec­ti­ve­ment de 2,2 et 1,6 mil­lions d’eu­ros (notam­ment pour la recons­truc­tion du théâtre Prémol).

« Cette équipe n’a plus de feuille de route »

Après ce vent d’op­ti­misme bud­gé­taire, l’hu­meur est tout autre du côté de l’op­po­si­tion, notam­ment du groupe Rassemblement de gauche et de pro­grès. Son pré­sident Jérôme Safar s’in­quiète en pre­mier lieu des condi­tions dans les­quelles ce der­nier conseil muni­ci­pal risque de se dérouler.

Jérôme Safar lors d'une intervention au conseil municipal © Joel Kermabon - Place Gre'net

Jérôme Safar lors d’une inter­ven­tion au conseil muni­ci­pal. © Joël Kermabon – Place Gre’net

« Nous sommes la seule ville de France qui va sans doute devoir encore vivre son conseil muni­ci­pal sous pro­tec­tion poli­cière », regrette l’élu.

Quant au bud­get pri­mi­tif 2017, Jérôme Safar est dubi­ta­tif. « Avec un docu­ment bud­gé­taire exclu­si­ve­ment finan­cier, on a du mal à voir com­ment on sort d’une orien­ta­tion poli­tique qui ne tien­drait que dans le plan de sau­ve­garde ! », s’in­ter­roge-t-il. Ne fai­sant pas dans la den­telle, le pré­sident de groupe estime qu”« en dehors du plan de sau­ve­garde, cette équipe muni­ci­pale n’a plus de feuille de route » et trouve « anor­mal qu’à mi-man­dat elle n’ait plus de pro­jets d’o­rien­ta­tions poli­tiques et de déve­lop­pe­ments à venir ».

« Des signaux finan­ciers inquiétants »

Jérôme Safar évoque par ailleurs des « signaux finan­ciers inquié­tants ». Notamment une baisse de l’in­ves­tis­se­ment de 9 mil­lions d’eu­ros [33 mil­lions d’eu­ros en 2017 contre 42 en 2014, ndlr], tan­dis que les emprunts nou­veaux n’ont baissé que de 7 mil­lions d’eu­ros [dans la même période, ndlr]. « Ce qui veut dire qu’on inves­tit moins et que, paral­lè­le­ment, on ne se désen­dette pas à la hau­teur du moindre inves­tis­se­ment », explique Jérôme Safar.

Le groupe d'opposition Rassemblement de gauche et de progrès. De gauche à droite : Jeanne Jordanov, Anouche Agobian,Jérôme Safar, Marie-José Salat et Paul Bron. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Le groupe d’op­po­si­tion Rassemblement de gauche et de pro­grès. De gauche à droite : Jeanne Jordanov, Anouche Agobian, Jérôme Safar, Marie-Josée Salat et Paul Bron. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Quant à l’é­ta­le­ment de la dette – qui per­met, recon­naît-il, d’en réduire les annui­tés –, il dit igno­rer son coût pour la Ville, tout en rap­pe­lant que les banques ne sont pas des éta­blis­se­ments philanthropiques.

Selon l’élu, c’est sur le poids de la dette que le plan de sau­ve­garde aurait dû se concen­trer en priorité.

« Nous aurions pu ainsi tra­vailler ensemble pour mettre en place un plan de désen­det­te­ment mas­sif et volon­ta­riste, quitte à assu­mer un moindre inves­tis­se­ment pen­dant deux – trois ans. ». Et de pour­suivre. « Le choix qui est fait par la Ville est un choix bru­tal, dras­tique, de réduc­tion du ser­vice public dans les quar­tiers qui en ont le plus besoin », assène le conseiller municipal.

« L’écran de fumée de la non-aug­men­ta­tion des taux d’im­po­si­tion vole en éclat quand on ferme des équi­pe­ments, quand on aug­mente les tarifs et quand on ne veut pas entendre que les Grenoblois veulent pou­voir dis­cu­ter de ces choses-là », conclut Jérôme Safar.

Le bud­get pri­mi­tif : « une longue liste de “moins” »

Matthieu Chamussy, le pré­sident du groupe Les Républicains – UDI et Société civile, est plus lapi­daire. « Troisième bud­get, troi­sième aug­men­ta­tion de la dette ! Et un bud­get qui est une longue liste de “moins” », lance-t-il avant une longue énu­mé­ra­tion : moins de biblio­thèques, avec les fer­me­tures déjà annon­cées, et une biblio­thèque Alliance « avec quelques éta­gères où il res­tera quelques livres et bandes des­si­nées », moins de centres sociaux, moins d’a­gents de sur­veillance à la sor­tie des écoles, moins de sor­ties sco­laires au ski…

Le groupe d'opposition municipale Les Républicains - Udi et Société civile. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Le groupe d’op­po­si­tion muni­ci­pale Les Républicains – UDI et Société civile. © Joël Kermabon – Place Gre’net

L’élu, dans un élan de man­sué­tude, relève avec amu­se­ment tout de même un “plus”, celui de « l’aug­men­ta­tion géné­ra­li­sée de tous les tarifs muni­ci­paux ». « Mais la muni­ci­pa­lité bran­dit fiè­re­ment qu’elle n’aug­mente pas les impôts. Heureusement ! Il ne man­que­rait plus que ça ! », s’ex­clame l’élu.

Richard Cazenave, conseiller muni­ci­pal Les Républicains et député hono­raire, revient quant à lui sur la rené­go­cia­tion de la par­tie de la dette à taux variable. « De cette manière, ils se donnent une marge de manœuvre qui sta­bi­lise et qui stoppe la dégra­da­tion de l’é­pargne nette », recon­naît l’élu. Ce qui, selon Matthieu Chamussy, « n’est pas un mau­vais acte de ges­tion mais il ne faut pas cacher que cela coû­tera un peu plus cher que s’ils n’a­vaient pas rené­go­cié ces prêts », pré­cise-t-il, cor­ro­bo­rant ainsi les craintes de Jérôme Safar.

Richard Cazenave, pour­sui­vant son idée, déplore que la par­tie fixe de cette même dette n’ait pu être éga­le­ment rené­go­ciée avec les banques, consi­dé­rant l’au­baine de la baisse des taux d’in­té­rêt. « Pourtant, ils ont de bonnes rela­tions avec le Crédit agri­cole », tacle l’élu qui s’in­ter­roge sur « ce qui va se pas­ser le jour où les taux remon­te­ront ».

« La situa­tion n’est pas facile pour Éric Piolle »

« L’épargne nette remonte, la tutelle s’é­loigne », constate quant à lui Alain Breuil, conseiller muni­ci­pal Front natio­nal. « Sans me faire l’a­vo­cat d’Éric Piolle et parce qu’il faut être objec­tif, c’est d’au­tant plus méri­toire qu’il faut bien consta­ter que nous avons perdu près de 15 mil­lions d’eu­ros avec la baisse des dota­tions de l’État depuis 2014 », recon­naît l’élu.

Qui ajoute à cela de moindres ren­trées fis­cales, des pertes de recettes ou de rede­vances, les coûts induits par la reva­lo­ri­sa­tion du point d’in­dice… « Effectivement, la situa­tion n’est pas facile pour Éric Piolle, il faut bien le recon­naître et je serai de très mau­vaise foi que de dire le contraire », admet volon­tiers le conseiller municipal.

Alain Breuil se montre néan­moins cir­cons­pect. « Comment arrivent-ils à inver­ser la ten­dance de l’é­pargne nette ? Car si les chiffres sont justes, il y a une inver­sion mani­feste », observe-t-il. Et sur ce point, l’élu se révèle déjà beau­coup moins consen­suel. Selon lui, c’est dans la poche des auto­mo­bi­listes – « des contri­buables dégui­sés » – qu’une bonne part des res­sources est pré­le­vée. Notamment avec 1,37 mil­lion d’eu­ros de recettes de sta­tion­ne­ment, aux­quelles s’a­joutent plus de 6 mil­lions d’eu­ros d’a­mendes de police.

Puis, reve­nant à de meilleurs sen­ti­ments, l’élu fron­tiste recon­naît qu’a­vec le plan de sau­ve­garde « sans licen­cie­ments » et la rené­go­cia­tion des annui­tés de la dette – avec laquelle « c’est le grand capi­tal qui vient au secours de l’ex­trême gauche » – , « ils s’en sortent à peu près, mal­gré des dif­fi­cul­tés tout à fait avé­rées ».

Pour autant, « la situa­tion n’est pas réjouis­sante » selon Alain Breuil. Il en veut pour preuves l’ac­crois­se­ment de l’en­det­te­ment par habi­tant « qui dépasse le rai­son­nable », la baisse des recettes de fonc­tion­ne­ment par rap­port à la popu­la­tion, et l’aug­men­ta­tion mas­sive des dépenses de per­son­nel mal­gré les trans­ferts à la Métropole.

Joël Kermabon

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