FOCUS - La ville de Grenoble a voulu frapper les esprits avec l'annonce de son « Plan écoles 2015 - 2021 ». Un plan pluriannuel voulu très ambitieux qui intègre pas moins de six ouvertures d'écoles, la mise à niveau de l'existant et l'amélioration des restaurants scolaires, le tout pour un investissement de plus de 60 millions d'euros. Inventaire de ce qui est en passe de devenir « le grand projet du mandat ».
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« Il faut toute une ville pour élever un enfant. » C'est cette adaptation métaphorique d'un adage africain – remplacez “ville” par “village” – que la ville de Grenoble a choisie pour illustrer les grandes lignes directrices de son plan d'investissement dans les écoles. Un projet pour le moins ambitieux si l'on songe aux quelque 66 millions d'euros qui seront injectés, sur un peu plus de cinq ans, dans la construction de nouvelles écoles, la restauration scolaire et la mise à niveau des établissements existants.
Souvent vilipendé par l'opposition qui lui a reproché à plusieurs reprises de n'avoir aucun grand projet pour la ville, Éric Piolle, en frappant un grand coup, aura-t-il pour autant remis les pendules à l'heure ?
Pas si sûr ! Pour l'opposition, la pilule passe très mal. Dès l'annonce du plan écoles, le groupe Rassemblement de gauche et de progrès s'est fendu d'un communiqué qui n'y va pas par quatre chemins. Le groupe dénonce « une opération d’enfumage consistant à annoncer dans la précipitation un « plan École » et la construction de cinq écoles d'ici 2020. Sur ces cinq écoles, quatre avaient déjà été engagées ou annoncées en janvier 2014 par Paul Bron, alors adjoint à l’éducation ». Et de pointer, pêle-mêle, le flou sur la localisation des nouvelles constructions, leurs dates de livraison, le plan de financement et comment la Ville pourra assumer les personnels nécessaires.
Résorber les zones de tension sur les effectifs scolaires
« Avec 200 à 300 nouveaux écoliers par an, les effectifs scolaires sont en augmentation constante à Grenoble depuis plus de dix ans. Chaque année la Ville a besoin d'ouvrir en moyenne dix classes », rappelle Éric Piolle, le maire de Grenoble. La question des écoles à Grenoble, de leur vétusté, du manque de classes, fait partie des questions lourdes du débat public depuis déjà longtemps ». L'occasion de tacler, au passage, l'ancienne équipe dont « le manque d'anticipation couplé à une mise en place de la réforme des rythmes scolaires quelque peu précipitée » n'aurait fait qu'empirer les choses.
Une assertion réfutée avec véhémence par les opposants de gauche. « Contrairement aux déclarations d’Eric Piolle, nous tenons à rappeler qu'au cours du dernier mandat la Ville investissait tous les ans au moins 6 millions d'euros dans les bâtiments scolaires et la construction d'écoles », précise leur communiqué.
Tenir compte des problématiques d'usage des habitants, contrôler et anticiper l’évolution des effectifs, prendre en compte l’évolution des naissances, les constructions de logements ou les inscriptions en maternelle…
Autant de paramètres qui seront évalués et permettront – du moins la Ville l'espère-t-elle – d'anticiper au mieux l'avenir. L'objectif ? Résorber les zones de tension sur les effectifs pour accueillir correctement tous les élèves d'ici à 2020.
Pour Éric Piolle, il s'agit aussi de mettre en œuvre l'un de ses engagements de campagne. Le lancement d'un plan d'investissement pour les écoles était effectivement en 32e position sur sa liste, lors des élections municipales.
« C'est la première fois que notre ville investit autant dans les écoles ! »
« C'est la première fois que notre ville investit autant dans les écoles ! », se félicite Éric Piolle. « Ce plan est un signal fort envoyé aux architectes, au monde du BTP. Il y a des chantiers communs, un espace de travail commun et ce pour l'intérêt général », souligne le maire de Grenoble. Les bâtiments seront exemplaires à tout point de vue. Notamment en matière de santé environnementale et de sobriété énergétique. Ce seront d'ailleurs les critères de sélection majeurs des futurs projets », assure l'élu.
Selon le maire, le défi que représente le plan écoles sera pour la Ville « une opportunité collective majeure. C'est à la fois la transition énergétique, la santé, l'environnement, l'emploi… On voit là toutes les dynamiques qui se mettent en marche », explique-t-il avec optimisme.
L'optimisme c'est bien, mais la Ville a-t-elle vraiment les moyens de ses ambitions ? Évoquant la baisse de 40 millions d'euros des dotations de l’État, Eric Piolle se montre malgré tout serein. « Ce plan d'investissement de 66 millions d'euros montre bien cette capacité de l'action publique à chercher des leviers pour dépasser une austérité mortifère […] Nous faisons un choix d'avenir, pour le bien de nos enfants, et nous maintiendrons autant que possible notre force d'investissements », tente de rassurer l'élu. Élisa Martin, répondant à cette même question un peu plus tard, sera plus laconique : « La Ville les prendra [les moyens, ndlr] pour ça et nous faisons les choix pour que ce soit possible ».
Une annonce peu crédible pour l'opposition
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