CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 90 du lundi 9 septembre 2024, retour sur la mort d’un agent de la propreté urbaine, tué par balles à Grenoble.
« Aujourd’hui, nous allons parler de cet agent de la propreté urbaine de Grenoble qui a été tué ce dimanche 8 septembre au matin. Car cette semaine encore, malheureusement, nous devons une nouvelle fois revenir sur la violence qui touche Grenoble, avec la mort de cet agent qui suscite l’effroi bien au-delà de notre seul territoire.
Pour rappel, les faits ont eu lieu alors que cet agent de la propreté urbaine, témoin d’un accident de la circulation, se rendait sur les lieux pour porter secours et, semble-t-il, empêcher l’auteur de l’accident de prendre la fuite. Celui-ci a alors sorti une arme et tiré à deux reprises dans le thorax de l’agent, lequel est resté entre la vie et la mort durant plusieurs heures avant de décéder.
Tristesse après la mort d’un agent de la propreté urbaine
L’émotion que suscite ce drame est très importante. Tout au long de la journée, les messages de tristesse, de solidarité, de colère aussi, ont afflué. Notamment de la part des élus de Grenoble, de la majorité comme de l’opposition, et plus généralement de figures politiques locales comme nationales.
Le maire de Grenoble est intervenu en fin de journée devant quelques médias – visiblement sélectionnés puisque nous-mêmes n’avons pas été conviés -, pour exprimer sa tristesse et répondre à quelques questions. Une prise de parole d’une dizaine de minutes, où l’on peut voir toute l’émotion d’Éric Piolle, et toute la prudence dont il fait preuve lorsqu’il s’agit de décrire précisément les circonstances du drame, qui restent pour l’heure à déterminer.
Le maire a ensuite été interrogé sur les règlements de comptes. Difficile, en effet, de ne pas établir un parallèle entre ce nouveau fait de violence et les morts ou blessés causés par le trafic de stupéfiants dans l’agglomération, dont nous parlions déjà la semaine dernière. Quand un homme porte une arme sur lui et semble prêt à tuer juste pour ne pas rester sur les lieux d’un accident, on se dit forcément que cette personne a des choses à se reprocher, et l’on pense naturellement à ce contexte général.
Éric Piolle s’est fendu d’une réponse de Normand, en disant que cela n’avait rien à voir et tout à voir à la fois. Le maire de Grenoble a ensuite dénoncé la diffusion des armes dans la société française et, je cite, les « incidents dramatiques » qu’elle produit.
Il a également laissé entendre que tous les maires de France vivaient dans la peur de ce genre d’incidents. Ce qui est sans doute vrai, mais donne l’impression de minimiser le fait que Grenoble traverse un épisode de violences particulièrement marquée.
Une polémique sur les réseaux sociaux
La polémique n’a pas manqué de s’inviter. Par exemple, sur les réseaux sociaux, des comptes de droite voire d’ultra-droite ont pointé du doigt un mot d’Éric Piolle sur les balles perdues. Mais si le maire de Grenoble a bien évoqué ce risque des balles perdues, il a bien précisé que ce n’est pas de cela qu’il s’agit avec la mort de cet agent… avant de mentionner un « accident de la circulation », ce qui lui est reproché également.
En réalité, il est facile de scruter toute déclaration maladroite prononcée lors d’une intervention plus ou moins improvisée. Mais à l’heure où les éléments de langage font loi, il ne faut pas non plus s’étonner de cette propension à interpréter chaque parole. Le temps des responsabilités viendra. En attendant, pour le coup, une phrase d’Éric Piolle résume sans doute ce qu’il faut penser face à la cruauté d’une mort aussi absurde : « C’est intolérable et les mots manquent ». »
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