CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 85 du lundi 3 juin 2024, retour sur les perquisitions qui ont eu lieu au Sdis de l’Isère.
« Aujourd’hui nous allons parler du Sdis de l’Isère. Le Sdis signifiant Service départemental d’incendie et de secours, autrement dit les sapeurs-pompiers de l’Isère. Ceux-ci ont récemment été au cœur de l’actualité, après une perquisition réalisée mercredi dernier dans les locaux de la direction du Sdis, situés à Fontaine, ainsi que dans la caserne de Pont-de-Chéruy dans le Nord-Isère. Des perquisitions accompagnées d’auditions, dont certaines sous le régime de la garde à vue.
et ces perquisitions s’inscrivent dans le cadre d’une vieille affaire. Précisons que les sapeurs pompiers ne sont pas mis en cause, ce ne sont pas des faits de délinquance de la part des soldats du feu qui sont à l’origine de cette procédure. En fait, ces perquisitions font suite à un dépôt de plainte du syndicat Sud pour homicide involontaire. Si la plainte a été déposée contre X, comme c’est souvent le cas, l’organisation syndicale pointe du doigt la direction du Sdis, mais aussi le médecin-chef du service.
Le suicide du sergent-chef de la caserne de Pont-de-Chéruy
Tout a commencé en réalité trois ans plus tôt, le 8 février 2021, quand le sapeur-pompier Cyrille Minard s’est donné la mort. Le sergent-chef de la caserne de Pont-de-Chéruy était en arrêt pour cause de profonde dépression. Bien sûr, la nouvelle a fortement ébranlé les hommes et les femmes qui le côtoyaient, et l’ensemble des pompiers de l’Isère, qui s’étaient d’ailleurs réunis devant la préfecture quelques jours plus tard pour exprimer leur tristesse… et leur colère.
Car les syndicats mettent en cause la direction du Sdis. Cyrille Minard était lui-même syndicaliste, et en conflit ouvert avec sa hiérarchie sur différents points litigieux. Par exemple, le pompier considérait que la direction avait porté atteinte à son droit de grève. De plus, il se battait pour que sa dépression soit reconnue comme une maladie professionnelle, en estimant que celle-ci était imputable aux fortes tensions et aux différends administratifs qu’il vivait au quotidien.
Le décès de Cyrille Minard n’a pas mis fin aux procédures. Sa compagne et le syndicat Sud les ont au contraire portés devant le tribunal administratif à titre posthume. Et celui-ci a donné raison au sapeur-pompier. Les juges ont ainsi reconnu l’imputabilité de sa maladie à ses conditions de travail, tout comme les accusations d’entrave à son droit de grève. Au total, le Sdis a été condamné à verser environ 6000 euros à la veuve de Cyrille Minard.
Des mises en examen au Sdis
Mais la question n’était pas la compensation financière, on s’en doute bien. Le jugement du tribunal administratif était surtout un tremplin pour le dépôt d’une plainte au pénal, effectuée en juin 2022. C’est donc deux ans plus tard que des perquisitions ont été réalisées, aboutissant à la mise en examen pour harcèlement moral et homicide involontaire de l’ancien directeur du Sdis, qui avait quitté ses fonctions en mars 2023, ainsi que du médecin-chef du service. Mise en examen qui, rappelons-le, ne signifie en aucun cas culpabilité.
La justice suit désormais son cours au rythme qu’on lui connaît, et l’on se doute que cette douloureuse affaire n’est pas prête de se refermer. »
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