FOCUS – La Ville de Grenoble a présenté deux délibérations consacrées à ses stratégies en matière de végétalisation et de protection de la biodiversité lors du conseil municipal du lundi 13 mai 2024. Au programme : le recensement de nombreuses actions, pour la plupart d’ores et déjà mises en œuvre. Ce qui a conduit les élus de différents groupes d’oppositions à redoubler d’ironie vis-à-vis de cette présentation, non sans fustiger l’action de la municipalité dans les deux domaines.
Outre la présentation de sa politique en direction des personnes âgées et de leurs aidants, la Ville de Grenoble a soumis aux votes des élus une autre “grosse” délibération, dédiée aux « stratégies » environnementales, à l’occasion de son conseil municipal du lundi 13 mai 2024. Une délibération… ou plutôt deux, regroupées dans une seule et même présentation par l’adjoint à la Nature en ville Gilles Namur, intitulée « Grenoble prend soin du vivant ».
Gilles Namur a présenté les deux délibérations autour des stratégies environnementales de la Ville de Grenoble lors du conseil municipal du 13 mai 2024. © Ville de Grenoble
La première délibération concernait la « stratégie de végétalisation pour préserver et développer le patrimoine végétal » de la municipalité, tandis que la seconde portait sur la « stratégie biodiversité de la ville de Grenoble pour préserver les espaces naturels et urbains et accueillir la flore et la faune ».
Au programme, a indiquait Gilles Namur, cinq enjeux et 24 objectifs pour la première, cinq axes et 10 objectifs pour la seconde. Et surtout, a assuré l’élu, « pas de simples déclarations d’intention, mais avant tout des plans d’action ».
Des stratégies qui s’inscrivent « dans le temps long »
Gilles Namur a pris soin de rappeler le contexte planétaire auquel fait face l’humanité, tant en matière de réchauffement climatique que de menaces sur la biodiversité. « Même si nous parvenions à stabiliser nos émissions, nous subirions un réchauffement de 2 °C en France », a lancé l’adjoint, non sans préciser que le territoire des Alpes était particulièrement exposé. De plus, a‑t-il ajouté, la végétation de Grenoble a souffert des dernières sécheresses… mais aussi des épisodes de crues, fin 2023.
La végétation à Grenoble (ici le parc Flaubert) a souffert des sécheresses de 2022 et 2023. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Dans ce contexte, « la végétation et la désimperméabilisation des sols en ville jouent un rôle crucial pour le vivant humain et non humain », note la Ville de Grenoble. La végétation permet en effet de réduire les effets de la chaleur en milieu urbain, « grâce à l’ombrage et au phénomène d’évapotranspiration ». Tout comme elle capte les poussières de type particules fines, offre un refuge à la biodiversité et « propose un cadre de vie favorable pour la santé physique et psychique des habitant-es ».
L’adjoint a également insisté sur la temporalité des actions menées en faveur de la végétalisation, qui s’inscrivent « dans le temps long ». À titre d’exemple, rue Aimon-de-Chissé, il estime que les arbres plantés en remplacement de ceux abattus donneront « quelque chose de chouette d’ici vingt ans ». Dans cette perspective, l’élu appelle à « végétaliser la ville de façon massive », tout en adaptant les pratiques aux « changements brutaux » liés au climat mais en « tenant compte des usages grenoblois ».
Un grand nombre d’actions recensées
Les cinq axes de la stratégie de végétalisation de la Ville de Grenoble ? « Connaître et protéger le patrimoine végétal », « Végétaliser, déminéraliser, relier », « Réintégrer le cycle de l’eau et protéger la ressource en eau », « Communiquer, échanger, conseiller, former, associer les publics », et enfin « Adapter l’entretien des espaces verts aux évolutions du climat : protéger et amplifier la biodiversité, expérimenter des nouvelles pratiques de renaturation ».
Du côté de la biodiversité, les cinq axes stratégiques établis par la municipalité sont, pour leur part : « Préserver et entretenir », « Aménager et restaurer », « Connaître et évaluer », « Valoriser le vivant et fédérer les habitant-es et les partenaires » et « Anticiper et adopter des moyens à la hauteur du monde de demain ».
Autant d’axes qui présupposent un grand nombre d’actions, dont nombre sont déjà en place. Et la Ville de citer la création de grands espaces de nature, la « végétalisation biodiverses des toitures et des façades du patrimoine municipal », la plateforme Végétalise ta ville, les labellisations de parcs en refuges LPO, la sensibilisation des jeunes publics à la biodiversité, ou encore le projet de faire du Muséum de Grenoble « un lieu de référence sur les questions écologiques ».
Alain Carignon oppose « végétalisation » et « densification »
C’est peu dire que les oppositions n’ont pas été sensibles au catalogue d’actions déployées par la Ville dans le cadre des deux délibérations. Chef de file du groupe Société civile, Alain Carignon n’a pas manqué de moquer « une sorte de grandiloquence des intentions qui se traduit par une effrayante pauvreté ». Ce non sans avoir souligné « le préalable catastrophique habituel qui permet de créer un climat de peur, de menace et qui place [Gilles Namur] en position de sauveur ».
Alain Carignon n’a pas manqué de railler les deux délibérations concernat les stratégies pour l’environnement présentées par la Ville de Grenoble. © Agathe Bréchemier – Place Gre’net.
Et l’ancien maire de Grenoble de s’en donner à cœur joie en citant certains items du rapport de la Ville. « “Connaître et protéger le patrimoine végétal”, vous pensez que c’est une action ? “Définir la protection des arbres”, parce que vous ne protégez pas les arbres ? “Végétaliser et désimperméabiliser”, toutes les Villes ne le font pas ? “Faire respecter le règlement des parcs et jardins »… Vous délibérez même pour vous rappeler vos propres devoirs. C’est ridicule ! »
« La meilleure stratégie de végétalisation est d’éviter la bétonnisation, donc la densification à outrance que vous conduisez et qui ne résout en rien les problèmes de logement », a encore lancé Alain Carignon, en considérant que « le béton et la nature, ça ne fonctionne pas ». Face aux deux délibérations qu’il qualifie de « creux abyssal », l’élu a conclu en appelant « à revenir à la vigilance, à l’action concrète et forte [pour ne pas] continuer à pénaliser gravement les générations futures ».
« Cette copie est assez vide et creuse »
Émilie Chalas, ancienne députée de l’Isère et conseillère municipale d’opposition du groupe Un Nouveau Regard, n’est guère plus tendre. « Je me suis lancée dans la lecture de vos documents. Quand on a terminé, on se rend compte qu’on ne retient rien de cette lecture. Cette copie est assez vide et creuse », a‑t-elle asséné. Ce non sans reprocher à la Ville un manque de structuration de sa politique et des lacunes dans sa méthode comme ses ambitions.
Les pavés scellés de la rue de la République sont érigés en exemple de ce qu’il ne faut pas faire par Émilie Chalas. © Corentin Bemol – Place Gre’net
L’élue a ainsi fait remarquer que Lyon « annonce la plantation de 50 000 arbres » et rappelé que sa liste avait proposé le même nombre de plantations sur Grenoble lors des municipales de 2020, quitte à s’attirer les railleries de la majorité en place. De quoi susciter la circonspection d’Éric Piolle, qui a indiqué à Émilie Chalas que les 50 000 arbres étaient prévus sur la métropole de Lyon et non la commune seule. Quant à Gilles Namur, il juge qu’un tel objectif est irréaliste pour Grenoble, quand “juste” 15 000 arbres « équivaudraient à végétaliser toutes les places ».
Au-delà des querelles de chiffres, l’élue d’opposition a fustigé les réalisations de la Ville, comme les pavés scellés de la rue de la République qui ne favorisent pas l’infiltration de l’eau. Un exemple qu’elle avait déjà mentionné par le passé. Et lorsque Gilles Namur a évoqué les brumisateurs installés au jardin de ville pour apporter de la fraîcheur l’été, elle n’a pas retenu ses coups, en décrivant « des plots en béton dégueulasse [sur] des tiges bricolées avec du scotch et du fil de fer » et une brume « qui ne descend jamais sur les gens »…
Amel Zenati interroge la temporalité des deux délibérations
Fallait-il attendre plus de mansuétude de la part d’Amel Zenati, du groupe GDES ? Si l’ancienne membre de la majorité, avant son exclusion en mars 2023, adopte un langage moins fleuri que celui d’Émilie Chalas et se montre moins sardonique qu’Alain Carignon, elle n’en porte pas moins un regard sévère sur les deux délibérations soumises au vote. Des délibérations « visant à établir des stratégies déjà mises en œuvre », à l’image de celles concernant les aînés et les aidants, juge-t-elle.
Amel Zenati, ancienne conseillère municipale déléguée à la Transition numérique avant d’être exclue de la majorité. © Agathe Bréchemier – Place Gre’net.
« À ce stade du mandat, il est peut-être temps de s’interroger sur la pertinence de définir des stratégies, des orientations, des plans et des chartes », a poursuivi l’élue, qui a rappelé que les prochaines élections municipales se tiendraient dans moins de deux ans. Et de considérer qu’il « serait plus intéressant de présenter des objectifs chiffrés et des résultats concrets, et donc une évaluation des stratégies déjà mises en place ».
« Vous étiez en train de préparer une délibération-cadre avant que vous ne changiez de groupe. Il ne faut pas trop s’éloigner de ce que vous avez été », a répondu le maire à son ancienne conseillère déléguée à la Transition numérique… semblant reprocher à celle qu’il a exclue de ne plus être solidaire de la majorité. Piquée au vif, Amel Zenati a répliqué : « Vous avez le droit de vous moquer mais le temps montrera qu’un travail de fond a été opéré ». Preuve que le CM de Grenoble n’a pas besoin du réchauffement climatique pour être parfois irrespirable…
4 réflexions sur « Grenoble : les « stratégies » de la Ville pour l’environnement suscitent l’ironie de l’opposition »
Entre Carignon et Piolle, je choisis Carignon.
Ras le bol de Piolle, de sa suffisance, de sa tartufferie, de son bilan pitoyable.
Vous avez-vu ce qu’est devenue la ville ?
Personne ne parle des cimetière où il faut enlever les petits arbustes et autres rosiers qui sont en pleine terre et les mettre dans des pots qu’il faut arroser beaucoup plus souvent. Si vous ne le faites pas on ne vous renouvelle pas votre concession ça c’est la liberté et personne ne vous répond sauf le responsable des cimetières qui ne peux rien faire. A bon entendeur salut.
Alain Carignon qui reproche à d’autres de jouer sur les peurs et le catastrophisme pour mieux se poser en sauveurs…
Ce serait drôle si ce n’était pas aussi pathétiquement hypocrite.
C’est l’adjoint au tout et n’importe quoi, et avec ça content de lui d’avoir massacré les peupliers de la rue Aimon-de-Chissé. Qu’il abatte donc tous les grands arbres de Grenoble pour les remplacer aussi par des petits qui donneront « quelque chose de chouette d’ici vingt ans ».
Quant aux parcs supplémentaires demandés à 87% par les Grenoblois, n’y songeons même pas, ces faussaires de l’écologie n’ont fait pousser que du béton.
https://www.ledauphine.com/environnement/2024/04/28/isere-le-debat-de-la-semaine-faut-il-plus-de-parcs-et-jardins-a-grenoble