CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 78 du lundi 18 mars 2024, retour sur les évaluations des collèges et des lycées, les Ival et les Ivac.
« Aujourd’hui, nous allons parler des Ivac et des Ival. Derrière ces deux acronymes se cachent les indicateurs de valeur ajoutée des collèges et des lycées. Autrement dit, des données sur les résultats des établissements scolaires, que le ministère de l’Éducation nationale rend publics chaque année au mois de mars. Y sont inclus notamment les taux de réussite au brevet des collèges comme au baccalauréat, le tout comparé au taux initialement attendu pour chaque établissement, autrement dit la fameuse valeur ajoutée.
Et ces chiffres, l’Éducation nationale les manie avec beaucoup de prudence. À ce stade c’est même de la TNT. Chaque année, le ministère organise une conférence de presse en visio, à l’intention de l’ensemble des journalistes, pour expliquer la démarche et la méthodologie de ces données. Une conférence qui n’est toutefois pas obligatoire, puisque les Ivac et les Ival s’accompagnent d’une notice détaillée, là encore pour bien informer les médias sur la façon dont les chiffres doivent être abordés.
De plus, les journalistes qui désirent recevoir les données en question doivent remplir un formulaire, dans lequel ils s’engagent à ne pas les divulguer avant la date fixée par le ministère. Et gare à celui qui ne respecterait pas l’embargo : l’Éducation nationale se réserve le droit de refuser de lui fournir les données des cinq années suivantes.
Des chiffres disponibles… ou pas
Ces chiffres sont-ils aujourd’hui disponibles ? Oui et non. C’est un peu comme le Chat de Schrödinger, à la fois mort et vivant dans sa boîte tant que celle-ci n’a pas été ouverte. Les chiffres ont été diffusés aux médias, qui les ont donc en leur possession, mais il est interdit de les révéler, ou de les analyser, avant la date du fameux embargo, fixée au mercredi 20 mars à minuit et une minute. Il y a donc intérêt à s’assurer que sa montre est à l’heure !
Mais pourquoi tant de prudence ? On se le demande un peu. L’Éducation nationale insiste chaque année sur le fait que les Ival et Ivac ne sont pas des classements entre établissements. Il ne faudrait donc pas, à l’en croire, les percevoir comme une sorte de hit-parade des collèges et des lycées, mais comme un outil permettant d’avoir « une image de la réalité complexe et relative que constituent les résultats d’un établissement ».
Des données parfois mal vécues dans les collèges ou lycées
Il est louable de le présenter comme tel, mais créer autant de mystère autour de ces données vient quelque peu brouiller le message. Le traitement médiatique des Ival et des Ivac est au final très souvent associé à un classement. Et au sein de certains établissements, les chiffres sont, là encore, vécu comme des camouflets lorsque les résultats obtenus sont inférieurs aux résultats attendus. C’était du moins le cas les années précédentes, et l’on peut supposer que ce sera le cas encore cette année.
De plus, un fichier Excel affichant lignes après lignes les taux de réussite au brevet ou au baccalauréat, comparés aux taux attendus, est-il réellement en mesure de rendre compte de la « réalité complexe » d’un établissement ? Il n’est pas question de nier la pertinence de la démarche, mais il convient de l’aborder aussi avec un certain recul. Et de se demander si, dans sa présentation, l’Éducation nationale ne cherche pas aussi à ménager certaines susceptibilités »
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