CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 74 du lundi 5 février 2024, retour sur la grogne dans l’Éducation nationale.
« Aujourd’hui nous allons parler de la grogne dans l’Éducation nationale. C’est une grogne qui concerne naturellement l’ensemble du territoire, mais qui s’est particulièrement exprimée en Isère à l’occasion de la manifestation du 1er février à Grenoble.
Plusieurs centaines de personnes, peut-être même plus d’un millier au plus fort du rassemblement, ont ainsi défilé pour demander plus de moyens pour les établissements, des revalorisations salariales, ou encore le retrait de certaines réformes et de certaines orientations, comme les nouvelles modalités du baccalauréat ou le Choc des savoirs.
Une manifestation de l’Éducation nationale pas comme les autres
Et cette manifestation ne ressemblait pas forcément à toutes les autres. D’abord par son succès, car ce n’est pas si souvent qu’une manifestation des personnels de l’Éducation nationale attire autant de monde. Notons aussi qu’au-delà même du nombre de manifestants, l’académie de Grenoble fait état de 20 % d’enseignants grévistes dans le premier degré, et même de 25 % dans le second, ce qui est très important. Du reste, les syndicats estiment ces chiffres bien inférieurs à la réalité.
Une autre particularité réside dans la composition même de la manifestation. Celle-ci s’étendait en effet beaucoup en longueur mais avec un certain nombre de trouées, suivies de “poches” de manifestants un peu éparses. Et peu de mélange entre les membres des différents syndicats, ou les représentants de certains établissements. Bref, une configuration un peu particulière qui, au passage, ne facilitait pas le travail des journalistes !
Quand les lycéens prennent le contrôle de la manifestation
Les lycéens se sont fait particulièrement remarquer. C’est la troisième particularité du mouvement du 1er février. Disons-le tout net : ce sont clairement les lycéens qui ont fait le show. Ceux-ci n’étaient pas en tête de cortège, mais cela ne les a pas empêchés de lancer des slogans et de pousser des chants tout le long de la manifestation, avec un enthousiasme qui avait de quoi faire regretter leurs jeunes années aux militants plus âgés.
Le contraste était saisissant avec les porteurs de banderole au premier rang, qui n’ont pas dit un mot tout le long du parcours. Difficile de leur reprocher, ils auraient été inaudibles.
En vérité, les lycéens ont donné l’impression de prendre le contrôle de la manifestation, sans forcément le vouloir d’ailleurs. Et les slogans ne concernaient pas que l’enseignement : les jeunes ont ainsi appelé à la régularisation des sans-papiers, ou encore à l’ouverture des frontières. Mais ils n’ont pas oublié de réserver des amabilités à l’endroit du Premier ministre Gabriel Attal, ou d’Amélie Oudéa-Castéra, ministre de l’Éducation nationale.
Amélie Oudéa-Castéra vedette de la manifestation
La ministre était d’ailleurs l’autre vedette de la manifestation. Après ses déclarations sur l’enseignement public et privé, elle est devenue en quelques semaines un symbole de l’école à deux vitesses aux yeux des syndicats. Et l’objet de toutes les critiques, voire de tous les quolibets, parmi les enseignants. Elle est désormais renommée « Amélie Casse-toi-de-là », et la colère ne semble pas près de retomber, puisqu’une nouvelle manifestation est d’ores et déjà annoncée pour le mardi 6 février.
Bref, on ne pensait pas voir de sitôt un ministre de l’Éducation nationale plus impopulaire que Jean-Michel Blanquer. Mais Amélie Oudéa-Castéra, également en charge des Jeux olympiques, a visiblement trouvé le moyen de faire plus vite, plus haut, et plus fort ! »
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