CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 73 du lundi 29 janvier 2024, retour sur la hausse des actes antisémites en Isère.
Retrouvez ci-dessous la chronique RCF 73 et sa version radiophonique en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
« Aujourd’hui, nous allons parler d’antisémitisme. C’est un sujet que nous avions déjà abordé en novembre 2023, à l’occasion de la marche contre l’antisémitisme de Grenoble, et qui demeure évidemment d’actualité. Ceci encore plus sur fond de guerre entre Israël et le Hamas, un contexte international qui a des répercussions nationales avec une forte hausse des actes antisémites.
Et cette hausse n’épargne pas l’Isère. Le président du Crif de Grenoble, le Conseil représentatif des institutions juives de France, a organisé une conférence de presse un peu impromptue la semaine dernière pour donner les chiffres observés sur notre département en 2023. Hervé Gerbi, c’est son nom, a par ailleurs insisté sur le fait que c’est la première fois que l’association communique sur ces données au niveau départemental. Mais la situation semble visiblement l’exiger.
Hervé Gerbi indique ainsi que 40 actes antisémites ont été recensés en 2023 en Isère, contre 7 faits seulement, si l’on peut dire, en 2022. Et tout comme au niveau national, cette hausse s’observe de façon évidente sur les mois d’octobre et de novembre, à la faveur des attaques du Hamas contre des civils israéliens.
Le président du Crif a tenu à préciser que la hausse s’observe dès le 7 octobre, jour des attaques en question. Soit avant même l’offensive d’Israël contre la bande de Gaza, qui fait aujourd’hui controverse.
Quelle est la nature de ces actes ? En très grande majorité, des propos contre des personnes, ou des inscriptions. Le phénomène est donc particulièrement concentré dans l’espace public, mais Hervé Gerbi a noté deux nouveautés : d’une part, les actes recensés ne s’observent pas que dans les grandes villes, mais aussi dans des petites communes. D’autre part, un nombre non négligeable de faits ont été signalés dans le milieu scolaire, ce qui inquiète le président du Crif.
Une inquiétude d’autant plus forte qu’Hervé Gerbi est convaincu que les chiffres sont largement minorés. C’est sur la base des données du ministère de l’Intérieur, croisées avec les remontées obtenues par le Crif lui-même, que les chiffres sont définis.
Cela signifie que les faits qui n’ont pas donné lieu à un dépôt de plainte et dont le Crif n’a pas eu connaissance ne sont pas comptabilisés. Et cela pourrait représenter un très grand nombre de cas, a souligné le président du Crif. Pour lui, les chiffres dont nous disposons ne représenteraient que 20 % de la réalité de terrain.
C’est pourquoi il insiste sur la nécessité de porter plainte. Avec pour objectif de lutter contre une forme de banalisation de l’antisémitisme, même si un « sale juif » lancé dans la rue par un inconnu en voiture ou vélo a peu de chance d’aboutir à une identification et à une suite judiciaire.
Mais au-delà d’une démarche individuelle des personnes, le Crif souhaite mettre autour de la table les services de l’État, les élus et les associations contre le racisme et les discriminations.
Si chaque racisme, ou l’homophobie, ont leur spécificités, Hervé Gerbi juge que des réponses ou des solutions communes peuvent se dessiner. En somme, une forme de convergence des luttes contre la haine, dont il reste à voir quelle réalité institutionnelle ou informelle elle pourrait prendre, dans une société décidément bien divisée. »
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