CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 76 du lundi 4 mars 2024, retour sur le changement d’affectation “surprise” d’un professeur de la Cité scolaire internationale de Grenoble.
« Aujourd’hui nous allons parler d’une drôle d’affaire à la Cité scolaire internationale de Grenoble. En début de semaine dernière, des syndicats de l’Éducation nationale ont interpellé le rectorat, et les médias, sur le cas d’un professeur d’espagnol qui s’est vu retirer sa classe de seconde à la rentrée de janvier 2024. A la place, ce dernier a été affecté au sein d’une classe de quatrième. Un changement soudain, pour le moins surprenant, d’autant plus que le professeur en question n’avait rien à se reprocher. Il était au contraire très apprécié de ses élèves.
La Cité scolaire permute deux professeurs
Mais alors, pourquoi ce changement ? Pour affecter une autre professeure à cette classe de seconde. La Cité scolaire internationale a, en réalité, juste permuté les deux enseignants : le professeur d’espagnol retrouve ainsi la classe que sa collègue abandonne, et vice-versa. La professeure agrégée avait en effet exprimé, de manière marquée et répétée, son désir de ne plus enseigner en collège.
Mais la temporalité de cet échange a de quoi étonner. Les syndicats affirment par ailleurs que l’ordre de mutation est venu directement du ministère de l’Éducation nationale, sans passer par le rectorat de Grenoble. Un ordre, qui plus est, qui aurait été donné oralement. Pire encore, la proviseure titulaire de l’établissement est actuellement en arrêt maladie, après avoir refusé d’exécuter les consignes.
Et le profil de l’enseignante interroge les syndicats. On peut les comprendre : cette professeure est la sœur d’une députée Renaissance, Claire Guichard, élue dans les Hauts-de-Seine. Plus précisément, Claire Guichard est une députée suppléante. Suppléante de qui ? On vous le donne en mille : de Gabriel Attal, actuel premier ministre, qui était au moment de l’affaire ministre de l’Éducation nationale.
De là à penser que Claire Guichard est intervenue en faveur de sa sœur, il n’y a qu’un pas. Et ce pas, c’est Claire Guichard qui le franchit. Au téléphone avec Place Gre’net, elle a confirmé avoir entrepris des démarches pour mettre fin à une situation qu’elle jugeait inacceptable. Et a même admis en avoir directement parlé avec Gabriel Attal.
Une députée qui intervient mais nie tout favoritisme
Bien entendu, la députée conteste tout favoritisme, ou tout « népotisme », pour reprendre le mot employé par les syndicats. L’élue explique simplement avoir voulu rétablir sa sœur dans ses droits. Ce qu’elle résume en une phrase : « Je déteste l’injustice et encore plus quand c’est envers ma famille ».
Sauf que la méthode pose forcément question. D’abord parce que toutes les victimes d’injustice n’ont pas un député dans leur famille. Dès lors, qu’elle soit dans son bon droit ou non, on peut penser que l’enseignante a bel et bien été favorisée par la position politique de sa sœur.
Ensuite, parce qu’il est pour le moins cavalier de procéder à un tel changement en plein milieu d’une année scolaire. Le professeur qui s’est vu retirer sa classe le vit très mal, au point d’être lui aussi en arrêt maladie. Et l’on imagine que la situation est également inconfortable pour les élèves.
Évidemment, nous n’avons aucun jugement juridique ou administratif à porter sur cette affaire. Mais d’un simple point de vue moral, ou disons humain, on peut regretter que l’élégance ne figure pas au programme de l’Éducation nationale. »
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