DÉCRYPTAGE - À Grenoble, le énième retour sur la scène politique d'Alain Carignon vient une nouvelle fois secouer le Landerneau. Sur la base du rapport de la chambre régionale des comptes, l'ancien maire de Grenoble condamné et écroué dans les années quatre-vingt-dix pour corruption tresse des couronnes à ses successeurs, les accusant d'avoir fossoyé la ville. À moins de dix-huit mois des municipales, les alternatives restent timides et surtout le débat notoirement absent d'une campagne électorale qui s'annonce virulente, si ce n'est violente…
À Grenoble, Alain Carignon avance ses pions. L'ex-ministre RPR et maire de Grenoble condamné à cinq ans de prison et cinq ans d'inéligibilité pour corruption* n'en finit pas de tenter de revenir sur le devant de la scène politique locale.
En 2001, 2008 et 2014, il s'est pris la porte de la mairie au nez. Qu'en sera-t-il en 2020 ? Sur ses talons, un comité de soutien, sous la forme d'un collectif « La société civile avec les citoyens » fort d'une cinquantaine de membres.
En arrière garde, un site web, Grenoble le changement, qui, avec des méthodes bien à lui, étrille sans relâche la gestion de la municipalité rouge-verte actuelle, non sans quelques incursions dans la gestion passée du socialiste Michel Destot. Personnalité politique qu'Alain Carignon met peu ou prou dans le même panier qu'Eric Piolle, tous deux étant accusés d'avoir fossoyé la capitale du Dauphiné.
Restore up, Wanted… des campagnes très actives et parfois très virulentes
À son actif, des campagnes particulièrement actives, parfois virulentes, Restore up, Wanted et moult rassemblements dont, dernier en date, un forum citoyen le 8 septembre 2018. Et des méthodes calquées sur celles de 1982, avant son arrivée aux manettes de la Ville : déstabiliser l'équipe sortante en dressant le bilan le plus noir possible à coups de tracts et d'affiches.
Nouvelle campagne de déstabilisation d'Alain Carignon. L'ancien maire de Grenoble vise Eric Piolle mais aussi Michel Destot dans un " livre noir " de 36 pages extrait du rapport de la CRC.
Rebelote donc puisque l'ancien maire de Grenoble, à bientôt 70 ans, vient de lancer une campagne d'affichage (2 500 affiches pour le moment, souligne son équipe) sur le bilan selon lui peu glorieux d'Eric Piolle, affublé du titre de « plus mauvais maire de France ». Il vient aussi de mettre en ligne son « livre noir de la gestion Destot/Piolle », trente-deux pages extraites essentiellement du rapport de la chambre régionale des comptes.
« Première ville de France pour les impôts des ménages, première pour les vols avec violences et les vols à la tire, première ville pour les vols de vélos, Grenoble est aussi dernière pour le mètre carré d'espaces verts par habitant, la 6e pour les embouteillages, et la pollution a, selon Air Rhône Alpes, augmenté de 15 % », égrène Alain Carignon. Sur ses affiches, l'ancien maire épingle le bilan d'Eric Piolle, d'un hashtag #merci_eric.
« L'endettement explose, les dépenses de fonctionnement représentent 57 % du budget, sans parler de la manipulation sur les emprunts pour dégager des petites marges de manœuvre pour les deux dernières années de mandat, tacle Alain Carignon. Les élections de 2014 ont été une véritable tromperie ! »
Objectif 2020 ? La question ne se pose même plus. En guise d'adoubement, l'ancien maire de Grenoble a été, ce 13 octobre, élu délégué de la première circonscription de l'Isère des Républicains. En quelques semaines, le nombre des adhérents de la fédération départementale a doublé, avec près de mille nouveaux noms. On se souviendra seulement qu'en 2010 l'envolée des adhésions à l'UMP avait, comme l'évoquait Le Postillon en mars 2011, provoqué quelques remous.
« Ce n'est pas une obsession, Grenoble, c'est sa vie »
Ce n'est pas encore l'investiture mais, à moins de dix-huit mois des élections municipales, Alain Carignon qui a toujours bénéficié de soutiens au plus haut niveau de l'État – Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux hier, Laurent Wauquiez et Brice Hortefeux aujourd'hui – se sent pousser des ailes.
En tout cas, sur fond de montée de l'insécurité dans l'agglomération et alors que la chambre régionale des comptes a levé le voile sur quelques dossiers (Fête des tuiles et rachat du siège du Crédit agricole), l'homme a trouvé matière à rebondir.
Aux côtés d'une petite partie du collectif Société civile avec les citoyens © Patricia Cerinsek - Placegrenet.fr
Car Grenoble, c'est l'idée fixe d'Alain Carignon. « Ce n'est pas une obsession, Grenoble, c'est sa vie », corrige un observateur de la scène politique locale. Élu maire à 34 ans, député, ministre de l'Environnement puis de la Communication, Alain Carignon est monté aussi vite qu'il est retombé. Mais, depuis son passage par la case prison, c'est la traversée du désert politique.
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