A Grenoble, le retour d'Alain Carignon se fait encore et toujours au son de ses vieilles casseroles. Le débat sur la gestion de la ville attendra.

À Grenoble, le énième retour d’Alain Carignon et de ses vieilles cas­se­roles éclipse le débat politique

À Grenoble, le énième retour d’Alain Carignon et de ses vieilles cas­se­roles éclipse le débat politique

DÉCRYPTAGE – À Grenoble, le énième retour sur la scène poli­tique d’Alain Carignon vient une nou­velle fois secouer le Landerneau. Sur la base du rap­port de la chambre régio­nale des comptes, l’an­cien maire de Grenoble condamné et écroué dans les années quatre-vingt-dix pour cor­rup­tion tresse des cou­ronnes à ses suc­ces­seurs, les accu­sant d’a­voir fos­soyé la ville. À moins de dix-huit mois des muni­ci­pales, les alter­na­tives res­tent timides et sur­tout le débat notoi­re­ment absent d’une cam­pagne élec­to­rale qui s’an­nonce viru­lente, si ce n’est violente…

Alain Carignon © Patricia Cerinsek

Alain Carignon © Patricia Cerinsek

À Grenoble, Alain Carignon avance ses pions. L’ex-ministre RPR et maire de Grenoble condamné à cinq ans de pri­son et cinq ans d’i­né­li­gi­bi­lité pour cor­rup­tion* n’en finit pas de ten­ter de reve­nir sur le devant de la scène poli­tique locale.

En 2001, 2008 et 2014, il s’est pris la porte de la mai­rie au nez. Qu’en sera-t-il en 2020 ? Sur ses talons, un comité de sou­tien, sous la forme d’un col­lec­tif « La société civile avec les citoyens » fort d’une cin­quan­taine de membres.

En arrière garde, un site web, Grenoble le chan­ge­ment, qui, avec des méthodes bien à lui, étrille sans relâche la ges­tion de la muni­ci­pa­lité rouge-verte actuelle, non sans quelques incur­sions dans la ges­tion pas­sée du socia­liste Michel Destot. Personnalité poli­tique qu’Alain Carignon met peu ou prou dans le même panier qu’Eric Piolle, tous deux étant accu­sés d’a­voir fos­soyé la capi­tale du Dauphiné.

Restore up, Wanted… des cam­pagnes très actives et par­fois très virulentes

À son actif, des cam­pagnes par­ti­cu­liè­re­ment actives, par­fois viru­lentes, Restore up, Wanted et moult ras­sem­ble­ments dont, der­nier en date, un forum citoyen le 8 sep­tembre 2018. Et des méthodes cal­quées sur celles de 1982, avant son arri­vée aux manettes de la Ville : désta­bi­li­ser l’é­quipe sor­tante en dres­sant le bilan le plus noir pos­sible à coups de tracts et d’affiches.

Nouvelle campagne de destabilisation d'Alain Carignon. L'ancien maire de Grenoble vise Eric Piolle mais aussi Michel Destot dans un " livre noir " de 36 pages extrait du rapport de la chambre régionale des comptes. Une méthode qu'Alain Carignon avait déjà éprouvé en 1982.

Nouvelle cam­pagne de désta­bi­li­sa­tion d’Alain Carignon. L’ancien maire de Grenoble vise Eric Piolle mais aussi Michel Destot dans un » livre noir » de 36 pages extrait du rap­port de la CRC.

Rebelote donc puisque l’an­cien maire de Grenoble, à bien­tôt 70 ans, vient de lan­cer une cam­pagne d’af­fi­chage (2 500 affiches pour le moment, sou­ligne son équipe) sur le bilan selon lui peu glo­rieux d’Eric Piolle, affu­blé du titre de « plus mau­vais maire de France ». Il vient aussi de mettre en ligne son « livre noir de la ges­tion Destot/Piolle », trente-deux pages extraites essen­tiel­le­ment du rap­port de la chambre régio­nale des comptes.

« Première ville de France pour les impôts des ménages, pre­mière pour les vols avec vio­lences et les vols à la tire, pre­mière ville pour les vols de vélos, Grenoble est aussi der­nière pour le mètre carré d’es­paces verts par habi­tant, la 6e pour les embou­teillages, et la pol­lu­tion a, selon Air Rhône Alpes, aug­menté de 15 % », égrène Alain Carignon. Sur ses affiches, l’an­cien maire épingle le bilan d’Eric Piolle, d’un hash­tag #merci_eric.

« L’endettement explose, les dépenses de fonc­tion­ne­ment repré­sentent 57 % du bud­get, sans par­ler de la mani­pu­la­tion sur les emprunts pour déga­ger des petites marges de manœuvre pour les deux der­nières années de man­dat, tacle Alain Carignon. Les élec­tions de 2014 ont été une véri­table tromperie ! »

Objectif 2020 ? La ques­tion ne se pose même plus. En guise d’a­dou­be­ment, l’an­cien maire de Grenoble a été, ce 13 octobre, élu délé­gué de la pre­mière cir­cons­crip­tion de l’Isère des Républicains. En quelques semaines, le nombre des adhé­rents de la fédé­ra­tion dépar­te­men­tale a dou­blé, avec près de mille nou­veaux noms. On se sou­vien­dra seule­ment qu’en 2010 l’en­vo­lée des adhé­sions à l’UMP avait, comme l’é­vo­quait Le Postillon en mars 2011, pro­vo­qué quelques remous.

« Ce n’est pas une obses­sion, Grenoble, c’est sa vie »

Ce n’est pas encore l’in­ves­ti­ture mais, à moins de dix-huit mois des élec­tions muni­ci­pales, Alain Carignon qui a tou­jours béné­fi­cié de sou­tiens au plus haut niveau de l’État – Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux hier, Laurent Wauquiez et Brice Hortefeux aujourd’­hui – se sent pous­ser des ailes.

En tout cas, sur fond de mon­tée de l’in­sé­cu­rité dans l’ag­glo­mé­ra­tion et alors que la chambre régio­nale des comptes a levé le voile sur quelques dos­siers (Fête des tuiles et rachat du siège du Crédit agri­cole), l’homme a trouvé matière à rebondir.

Alain Carignon © Patricia Cerinsek

Aux côtés d’une petite par­tie du col­lec­tif Société civile avec les citoyens © Patricia Cerinsek – Placegrenet​.fr

Car Grenoble, c’est l’i­dée fixe d’Alain Carignon. « Ce n’est pas une obses­sion, Grenoble, c’est sa vie », cor­rige un obser­va­teur de la scène poli­tique locale. Élu maire à 34 ans, député, ministre de l’Environnement puis de la Communication, Alain Carignon est monté aussi vite qu’il est retombé. Mais, depuis son pas­sage par la case pri­son, c’est la tra­ver­sée du désert politique.

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