FOCUS – Alors que l’enquête préliminaire pour favoritisme ouverte par le parquet de Valence concernant les marchés de la fête des Tuiles à Grenoble est toujours en cours, la chambre régionale des comptes enfonce le clou. Dans leur audit des comptes de la Ville, les magistrats financiers pointent de nombreuses et importantes irrégularités au profit de Fusées. Or l’association, bénéficiaire des marchés en 2015 et 2016, a pris une part active dans la campagne du maire de Grenoble.
Le rapport de la chambre régionale des comptes sur la gestion de la Ville de Grenoble de 2011 à 2016 était attendu depuis longtemps.
Annoncé pour être officiellement présenté en conseil municipal le 24 septembre prochain, il a largement fuité. Les magistrats financiers y passent en revue la gestion de l’ancien maire socialiste Michel Destot de 2011 à 2014 et de son successeur, l’écologiste Eric Piolle, aux commandes de la Ville depuis 2014.
Mais ils ont aussi très sévèrement épinglé certains dossiers, pointant de lourdes irrégularités : aides illégales à Alpexpo, irrégularités dans la location des chalets de Noël conduisant à favoriser la société prestataire, conditions du rachat du siège du Crédit agricole pour le moins douteuses en méconnaissance notamment des règles de la concurrence…
Sans compter les nombreuses irrégularités dans les procédures de la commande publique, dans les recrutements et promotions de personnel notamment au service communication de la ville, voire les curieux va-et-vient de certains entre le cabinet du maire et le CCAS…
Dans un premier volet, nous revenons sur les marchés de la Fête des tuiles. En juin 2016, Place Gre’net s’interrogeait déjà, tout comme le groupe d’analyse métropolitain (Gam) ou Anticor Lyon, sur les deux premières éditions de cette grande kermesse dont les marchés avaient été attribués à des prestataires extérieurs sans mise en concurrence. Et notamment, moyennant près de 300 000 euros, à l’association Fusées dont le codirecteur Pascal Auclair fut l’un des signataires de l’appel à voter Eric Piolle en 2014.
Depuis, le dossier est arrivé entre les mains de la justice pénale avec l’ouverture par le parquet de Valence d’une enquête préliminaire pour favoritisme. Une procédure toujours en cours, nous a fait savoir le procureur de la République de Valence, Alex Perrin.
Et depuis, on a aussi découvert que l’association Fusées était déjà en première ligne pour s’être vu attribuer le marché de conception de la fête des Tuiles dès 2014. Également sans mise en concurrence. Et que l’association avait collé des affiches pour la campagne du maire de Grenoble.
Dans leur rapport, les magistrats financiers enfoncent le clou, et vont plus loin. « La direction de la communication a établi une rétroplanification des marchés publics nécessaires dès mars 2014, prévoyant notamment la rédaction d’un cahier des charges, écrit la CRC. En réalité, aucune procédure de publicité ni mise en concurrence n’a été organisée. »
Vu ce qui est établi dans le rapport de la CRC, il convient de se demander si on reste dans le seul favoritisme, et qu’on ne va pas vers le détournement de fonds publics et l’escroquerie en bande organisée, voir de production d’un faux en écriture publique (crime, relevant des assises, 10 à 15 ans de réclusion..)
En tout état de cause, le Maire de Grenoble reste le prime responsable, comme nous l’expliquons ici, https://groupedanalysemetropolitain.com/2018/09/03/fetes-des-tuiles-concentrons-nos-lances/ d’autant que la fête des tuiles faisait explicitement partie de son programme de campagne.
Quand le service des marchés publics refuse par deux fois son visa, il est assez peu probable que sur une « opération » aussi emblématique M. le Maire de Grenoble se le sut pas. Il est plus vraisemblable – à l’enquête de l’établir ou pas – qu’on a passé outre l’avis des fonctionnaires pour des raisons politiques.
C’est également à se demander si M. le Maire de Grenoble à un avocat compétent, car au fait dès le début de l’achoppement de ces marchés publics.
Taper sur M. Lecoeur, même s’il semble avoir une lourde responsabilité, nous paraît de la « lampisterie » car il est peu probable (mais ça nous en savons rien non plus, nous spéculons) qu’il eut connu les gens de fusées avant le début de la campagne, gens de fusées dont la proximité à la municipalité est vraisemblablement à rechercher ailleurs.
Bref, M. le Procureur de la République de Valence a du pain sur la planche, et sa place, nous passerions à l’information judiciaire avec nomination d’un juge d’instruction enquêtant à charge et à décharge, ce qui aurait également l’avantage de calmer le jeu : secret de l’instruction oblige, on ferme sa gueule, de partout.
Mais bon, ça c’est nous. Nous ne sommes pas parquetiers.
Bon, sur la Fête des tuiles, la première plainte du GAM date d’octobre 2015…