EN BREF — Justifiée ou non la coupe des arbres de l’avenue Félix-Viallet à Grenoble, dans le cadre de travaux d’urbanisme ? Alors que le site Grenoble le changement parle d’un « massacre à la tronçonneuse », la Métro assure que ces arbres étaient condamnés à court terme, tandis que la Ville de Grenoble annonce la plantation de dix-neuf arbres supplémentaires dans l’avenir.
« Sa main ne tremblera pas, il va tous les exterminer »… Une nouvelle fois, le site Grenoble le changement ne fait pas dans la demi-mesure pour commenter les abattages d’arbres de l’avenue Félix-Viallet à Grenoble. Décrivant le maire de Grenoble Éric Piolle comme un bûcheron sadique responsable d’un « massacre à la tronçonneuse », le site partisan d’Alain Carignon n’hésite pas à parler de « forfait » commis par les « bétonneurs congénitaux » de la municipalité.
« Alors qu’il manquait 14 arbres sur 14 emplacements depuis 5 à 10 ans (merci l’hoxygène [sic] perdu) il n’était pas indispensable d’abattre tous les arbres existants pour en ajouter 14 ? Comment la municipalité a‑t-elle pu laisser construire un dossier d’aménagement des trottoirs qui comprenait l’abattage des arbres ? », s’interroge encore Grenoble le changement, photos de souches et d’arbres abattus à l’appui.
Des arbres en mauvaise santé, assure la Métro
Le tronçon de l’avenue Félix-Viallet entre le cours Jean-Jaurès et la gare est en effet en travaux, en attendant, début janvier, une deuxième phase entre Jean-Jaurès et Philippeville. Objectif : renouveler les arbres, agrandir les trottoirs et moderniser l’éclairage public. Mais pour cela, il faut en passer par l’abattage de la totalité des arbres de l’avenue, explique Grenoble-Alpes Métropole, responsable des travaux.
Les arbres de Félix-Viallet nécessitaient-ils vraiment cette coupe ? Selon un communiqué de la Ville de Grenoble et de la Métropole, ils étaient « condamnés à court ou moyen terme » car ils présentaient « des défauts mécaniques irréversibles et des conditions de croissance peu satisfaisantes, dues à l’espace souterrain insuffisant, à des plantations trop denses, aux protections peu adaptées contre les voitures ». D’où la nécessité d’un « renouvellement », fait savoir la Métro.
Le communiqué précise ainsi que les arbres seront remplacés entre les rues Gueymard et Belgrade par 92 nouveaux spécimens, de quatre espèces différentes « adaptées au milieu urbain ». Et que « l’alignement sera prolongé entre le boulevard Édouard-Rey et la caserne des pompiers, représentant ainsi au total 19 arbres supplémentaires par rapport à aujourd’hui ». Il faudra néanmoins attendre quelques années avant de bénéficier de nouveau de l’ombre des feuillages…
L’Union de quartier regrette un défaut d’informations
Les réactions des riverains ? Le président de l’Union de quartier Centre Gares de Grenoble dit ne pas en avoir recueilli beaucoup pour le moment. Et pour cause : « Ils ont appris la chose une fois que les arbres étaient coupés », confie Pierre Jacquier. Un manque d’informations qu’il regrette, quand bien même une réunion publique a eu lieu. « Cette réunion a fait l’objet d’une communication assez réduite », précise en effet le président de l’union de quartier.
Quid de la mauvaise santé des arbres, avancée par la Métro ? « On se demande s’ils étaient vraiment en mauvaise santé, mais n’ayant pas d’experts de notre côté on ne peut pas vraiment le remettre en cause. Vous avez des personnes qui vont créer la polémique et assurer qu’ils étaient en bonne santé, mais sans être connaisseurs en la matière », estime Pierre Jacquier. Sollicitée par Place Gre’net sur cette question, la Frapna Isère, qui dénonçait récemment des coupes d’arbres sur les berges de l’Isère, n’a pas donné suite à notre sollicitation.
Les places de stationnement en question
La plupart des remontées négatives des riverains sur les travaux concernent en réalité des thématiques bien éloignées des arbres. « Cela tombe dans un contexte où le quartier dans son ensemble va faire l’objet de travaux, et le point noir que dénoncent les gens c’est encore la suppression de places de stationnement dans cette histoire ! », explique ainsi Pierre Jacquier. En additionnant tous les projets, ce serait plus d’une centaine de places qui disparaîtraient, ajoute-t-il.
Quant au renouvellement des éclairages, remplaçant les anciens candélabres au sodium par un système d’éclairage suspendu à Led, certains s’interrogent sur la nécessité d’une telle opération face au coût qu’elle représente. La Ville, qui y voit un éclairage « plus sécurisant pour les piétons », juge, pour sa part, que la consommation d’énergie sera divisée par huit. Et considère donc que le jeu en vaut la chandelle.