FOCUS – Philippe de Longevialle, ancien adjoint à l’urbanisme sous l’ère Destot accompagné de Marie-Claire Népi, ex-élue de secteur au cours du même mandat, revient sur le devant de la scène politique grenobloise. Fraîchement sorti du bois, l’ex-élu espère pouvoir créer une dynamique de rassemblement exempte de tout clivage politique pour préparer l’alternance à la municipalité actuelle lors des élections municipales de 2020.
« Notre démarche n’a pas pour objectif de constituer une liste ou un énième groupe mais d’essayer de créer une dynamique, de manière à ce qu’il y ait une alternative à la municipalité actuelle », déclare sans attendre Philippe de Longevialle.
L’ancien adjoint à l’urbanisme sous la mandature Destot qui brigua en vain le fauteuil de maire en 2014, accompagné de Marie-Claire Népi, adjointe en charge du secteur 3 de 2008 à 2014, tous deux fraîchement sortis du bois, ont précisé les tenants et aboutissants de leur démarche commune ce mercredi 13 juin dans le cadre du café La table ronde.
Dans le viseur, bien sûr, les prochaines échéances municipales de 2020, pour lesquelles le binôme appelle « toutes les bonnes volontés à se rassembler, sans esprit partisan et au-delà des ambitions personnelles légitimes, pour dessiner ensemble l’avenir de Grenoble ». Effet Macron ? Toujours est-il que cette idée de rassemblements à large spectre semble avoir la cote dans le microcosme politique grenoblois. Au risque pour les différents groupes déjà constitués qui s’en réclament – ne serait-ce que Grenoble nous rassemble ou Grenoble 2020 – de perdre en lisibilité auprès de l’électorat.
« Grenoble ne tient pas son rang par rapport aux autres grandes villes »
Ce que constate Philippe de Longevialle à l’occasion de ses activités professionnelles de gestionnaire de patrimoine c’est qu’un certain mécontentement s’exprime à travers différentes associations, unions de quartier, partis politiques… Mais aussi à travers un certain nombre d’acteurs, qu’ils soient culturels, sportifs ou encore économiques. « J’entends même parler de Grenoble en-dehors de Grenoble et pas tellement en bien », précise-t-il. Pas tant pour les problèmes d’accès à la ville souvent rapportés « mais parce qu’ils ne sentent pas dans l’action municipale un grand dessein politique qui associe les acteurs économiques », traduit Philippe de Longevialle.
Pour l’ancien élu, la chose est claire, « Grenoble ne tient pas son rang par rapport aux autres grandes villes, et ce tant à l’échelon régional que national. La ville est perçue comme étant en déclin économique. » Même punition sur son rayonnement culturel qui ne dépasserait pas les frontières de l’agglomération, selon des acteurs culturels « pourtant pas hostiles à la municipalité », rapporte-t-il.
L’estocade, déjà sévère, va se poursuivre sur le plan urbanistique, où Philippe de Longevaille, en sa qualité d’ancien adjoint à l’urbanisme se sent légitime. « Aujourd’hui, à part inaugurer un certain nombre d’équipements ou de réalisations programmées avant les élections municipales de 2014 – Presqu’île, Flaubert, la halle de tennis… –, on ne voit pas quel est le grand projet de ville pour Grenoble », regrette l’ex-élu.
Bien sûr, il y a le nouveau plan sur l’Esplanade, reconnaît-il, soulignant dans la foulée « qu’il ne semble pas donner toute satisfaction aux habitants, aux acteurs économiques et aux associations locales ». Autant de constats qui interpellent Philippe de Longevialle. « Tout ce qui n’a pas été fait dès le début du mandat ne sera pas fait avant sa fin. Il est clair désormais que ce grand projet de ville, il n’y en aura pas », déclare-t-il sans ambages.
« Sans un réunion de forces vives, l’alternance ne se fera pas à Grenoble »
« La réflexion qui est la nôtre c’est de dire qu’il va falloir qu’il émerge à Grenoble un groupe, une force qui soit une alternance à la municipalité actuelle », explique Philippe de Longevialle. Pour ce dernier, il ne s’agit pas de constituer un groupe ou de proposer une tête de liste. « Nous ne sommes pas dans cette démarche-là », insiste-t-il. Soit, et donc ? « Notre démarche c’est de dire que si l’on veut que cette alternance ait lieu, elle ne peut se faire qu’en réunissant un certain nombre de gens qui par leur approche politique, leurs parcours, soient différents et pas forcément d’accord sur tout », poursuit Philippe de Longevialle.
Ce dernier en est convaincu, « ce n’est pas l’accumulation de chapelles, de groupes plus ou moins partisans qui sera une réponse crédible à la réélection éventuelle de la municipalité sortante ». Pour autant, loin de l’idée de critiquer ceux qui ont d’ores et déjà décidé de porter leur propre projet, sa conviction reste que « sans cette réunion de forces vives, l’alternance ne se fera pas à Grenoble. Aucun de ces mouvements n’est en capacité de la réaliser et toute action de ce type est non seulement vouée à l’échec mais aussi porteuse de germes de division », assure l’ex-élu.
Comme une impression de déjà vu, pourraient relever certains observateurs, tant il est vrai que cette posture du rassemblement, de sortir des clivages semble s’installer comme une antienne au sein du microcosme politique grenoblois. À tel point que beaucoup d’électeurs quelque peu déboussolés pourraient se demander, à juste titre, où se situe exactement la valeur ajoutée.
« Ce sont les mêmes arguments peut-être mais ce n’est pas la même démarche. Avec nous, il n’y a pas un leader qui dit “moi je fais une liste” », rétorque sur la défensive Philippe de Longevialle. Un phénomène de mode ? « On parle partout de rassembler la droite et la gauche mais nous, les centristes, c’est bien ce que nous faisons depuis des décennies, d’ailleurs pas toujours avec succès », rappelle l’ancien élu.
Tout faire pour éviter le schéma des élections municipales de 2014
Pour Philippe de Longevialle, il faut tirer les enseignements du passé et rester prudent. « Les même cause produisent les mêmes effets. Il ne faut pas reproduire le même schéma qu’en 2014, où la multiplicité des groupes a conduit à un émiettement de l’électorat qui a conduit la municipalité actuelle à être élue avec 40 % des voix. » Un électorat minoritaire qui est, selon Philippe de Longevialle, la cause d’une partie de ses difficultés actuelles. Notamment dans le domaine de la démocratie participative, où « elle en est arrivée à ne faire que communiquer parce qu’elle ne représente pas une majorité du corps électoral », tacle-t-il.
Et maintenant ? « Encore une fois, nous ne sommes pas là pour élaborer un programme, ça sera le rôle du groupe qui émergera. L’objectif c’est d’essayer de fédérer, de trouver un espace d’expression où, au-delà des sensibilités politiques, tous puissent se retrouver en oubliant les logiques d’affrontement », récapitule l’ex-élu.
Comment envisage-t-il la suite ? « Avec des réflexions portant sur ce que fait La République en marche (LREM), sur ce que fait le Parti socialiste (PS) ou d’autres. L’objectif à atteindre c’est d’élargir et de réfléchir sans que personne ne s’impose comme tête de liste ou veuille imposer un programme qui figerait les choses », explique Philippe de Longevialle. Et de tempérer : « Mais peut-être est-ce utopique et que cela ne se fera pas », relativise-t-il, un brin fataliste.
« L’appel que nous lançons aujourd’hui c’est de dire que nous n’avons pas d’ambition particulière. Nous souhaitons simplement que l’on puisse trouver tous ensemble les conditions pour discuter d’un projet de ville né de cette éventuelle alternance », conclut Philippe de Longevialle.
Joël Kermabon