Christophe Ferrari, président de la Métropole de Grenoble: "La logique de l’intercommunalité n'est pas une logique de répartition comptable"

Christophe Ferrari, pré­sident de la Métro : « Avec l’intercommunalité, il faut être dans le pro­jet et l’ac­tion, pas dans une logique de répar­ti­tion comptable »

Christophe Ferrari, pré­sident de la Métro : « Avec l’intercommunalité, il faut être dans le pro­jet et l’ac­tion, pas dans une logique de répar­ti­tion comptable »

FACE CAMÉRA – Christophe Ferrari était le nou­vel invité du ren­dez-vous vidéo de Place Gre’net, Face caméra. Durant près de 50 minutes, le pré­sident de la Métropole de Grenoble et maire de Pont-de-Claix a abordé des sujets aussi divers que les inquié­tudes sur les sites indus­triels, les amé­na­ge­ments urbains, les rela­tions avec la Ville de Grenoble et les enjeux environnementaux.

Ne par­lez pas à Christophe Ferrari de 2026. Si, dans le calen­drier poli­tique, une année passe très vite, le maire de Pont-de-Claix et pré­sident de la Métropole de Grenoble a botté en touche devant les camé­ras de Place Gre’net. Briguera-t-il à nou­veau ses dif­fé­rents man­dats à l’oc­ca­sion des pro­chaines élec­tions muni­ci­pales ? « Ce n’est pas le sujet, je n’ai de plai­sir que dans la réus­site col­lec­tive », a assuré l’élu.

La ques­tion poli­tique n’est en effet pas la seule pré­oc­cu­pa­tion de Christophe Ferrari, au moment où le sort de Vencorex, situé sur la com­mune de Pont-de-Claix, mais aussi de l’en­semble de la pla­te­forme chi­mique de l’ag­glo­mé­ra­tion, sus­cite des inquié­tudes. « Un sujet qui m’empêche de dor­mir aujourd’­hui, parce que c’est quand même 10 000 emplois sur le ter­ri­toire et au-delà », a rap­pelé le maire de Pont-de-Claix.

Christophe Ferrari appelle (tou­jours) à une natio­na­li­sa­tion de Vencorex

L’élu est revenu sur la crainte de l’ef­fet domino, ou com­ment la chute d’une entre­prise peut entraî­ner celle des autres. Une théo­rie qui semble s’ap­pli­quer alors que les dif­fi­cul­tés de Vencorex com­mencent à per­tur­ber le site d’Arkema.

« Dans une pla­te­forme chi­mique, il n’y a pas qu’un seul acteur. C’est vrai­ment de l’é­co­no­mie cir­cu­laire, tout est relié », a insisté l’élu. Face aux inquié­tudes, quelle solu­tion ? Une fois encore, Christophe Ferrari a plaidé pour une natio­na­li­sa­tion tem­po­raire du site.

Christophe Ferrari était l'invité de Face caméra, le rendez-vous vidéo de Place Gre'net. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Christophe Ferrari était l’in­vité de Face caméra, le ren­dez-vous vidéo de Place Gre’net. © Joël Kermabon – Place Gre’net

« C’est à l’État de consi­dé­rer que c’est une filière stra­té­gique parce qu’il y a des enjeux qui sont hau­te­ment stra­té­giques sur la défense, l’aé­ro­spa­tiale, le nucléaire », a expli­qué le pré­sident de la Métropole. Pour qui une telle mesure n’est en aucun cas idéo­lo­gique. « Ce n’est pas comme si on déci­dait de revoir nos cours de mar­xisme. L’État, dans son approche stra­té­gique, doit avoir la main. Ce n’est pas lui qui doit gérer la pla­te­forme de demain, mais c’est lui qui doit dire : “il faut qu’on arrive à trou­ver un accord avec des repre­neurs” », a‑t-il insisté.

Ceci est d’au­tant plus vrai qu’à ses yeux, la pla­te­forme chi­mique « a des poten­tia­li­tés immenses ». « Celle de Lyon est rem­plie comme un œuf. Donc, ça veut dire qu’on a le fon­cier ici. On pourra accueillir d’autres acti­vi­tés qui seront utiles », juge l’élu.

Reste à convaincre le gou­ver­ne­ment, en pleine période de forte insta­bi­lité poli­tique. « Pourquoi refu­se­rait-on a priori une natio­na­li­sa­tion tem­po­raire ? Si c’est stra­té­gique pour la France, je pense que tout ceci a du sens », veut encore croire Christophe Ferrari.

« Les habi­tants de Grenoble sont bien repré­sen­tés dans la Métropole »

L’industrie n’est pas le seul sujet de pré­oc­cu­pa­tions dans la métro­pole. La ques­tion des com­merces se pose, sur fond de grogne de plus en plus mar­quée de cer­tains com­mer­çants contre des amé­na­ge­ments urbains à Grenoble, en par­ti­cu­lier sur le quar­tier Jeanne-d’Arc où sont pré­vues des réduc­tions de places de parking.

S’il se dit prêt à trou­ver des « points d’a­mé­lio­ra­tion », le pré­sident de la Métropole se montre, ici, en phase avec la Ville de Grenoble : « Il y a besoin de se pro­je­ter dans ce que sera la ville de demain… et la ville de demain aura moins de voi­tures que celle d’au­jourd’­hui, ça c’est une évi­dence ».

Les commerçants de la rue Jeanne-D'Arc de Grenoble multiplient les manifestations contre le projet d'aménagement porté par la Ville et la Métropole de Grenoble. © Florent Mathieu - Place Gre'net

Les com­mer­çants de la rue Jeanne-d’Arc de Grenoble mul­ti­plient les mani­fes­ta­tions contre le pro­jet d’a­mé­na­ge­ment porté par la Ville et la Métropole de Grenoble. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Une conver­gence de vue entre la Métropole et sa ville-centre qui ne peut faire oublier une cer­taine ani­mo­sité entre les deux acteurs du ter­ri­toire, laquelle pro­duit de fré­quents inci­dents au sein du conseil métro­po­li­tain. Se posant en par­ti­san du « dia­logue », Christophe Ferrari rela­ti­vise : « Parfois, il peut être rugueux, mais c’est la vie poli­tique. […] Le tra­vail se mène avec la Ville de Grenoble. Les vice-pré­si­dents et les vice-pré­si­dentes tra­vaillent avec les adjoints et adjointes au maire de Grenoble. Il n’y a pas de dys­fonc­tion­ne­ment de ce point de vue-là. »

Le pré­sident de la Métropole n’en jette pas moins un regard sévère sur la déci­sion d’Eric Piolle de ne pas recon­duire l’ac­cord local, avec à la clé une perte d’é­lus métro­po­li­tains pour neuf com­munes de l’intercommunalité. « Incompréhensible », s’a­gace Christophe Ferrari, qui estime que « les habi­tants de Grenoble sont plu­tôt bien repré­sen­tés dans l’é­di­fice ! » Et de se deman­der si, aux yeux du maire de Grenoble, les habi­tants des com­munes concer­nées (par exemple Claix, Domène, La Tronche, Vif ou Vizille) seraient des « sous-habi­tants ».

Grenoble désa­van­ta­gée par rap­port aux autres com­munes de la Métro ?

L’un des argu­ments avan­cés par la Ville de Grenoble est que celle-ci se sent défa­vo­ri­sée par la Métropole, com­pa­rée aux autres com­munes, sur le plan finan­cier. Une mis­sion, pré­si­dée par l’élu métro­po­li­tain d’op­po­si­tion (et maire de Claix) Christophe Revil, a pour­tant infirmé cette vision des choses. « Sur cer­taines poli­tiques, Grenoble est plus haute que d’autres, et elle est plus basse sur d’autres choses. Et ça, c’est dom­mage [qu’Éric Piolle] n’ait pas eu l’hon­nê­teté intel­lec­tuelle de le dire », tance Christophe Ferrari.

« En fait, la logique de l’intercommunalité, ce n’est pas une logique de répar­ti­tion comp­table. Ce sont des choix poli­tiques. […] Cette approche du tableur Excel, c’est fina­le­ment une approche assez libé­rale », tacle l’élu. Et de citer l’exemple des tra­vaux sur les réseaux d’as­sai­nis­se­ment du sud gre­no­blois. « En moins de dix ans, on a rat­trapé ce qui aurait néces­sité, dans la logique d’Éric Piolle, peut-être trente ou qua­rante ans », estime-t-il. Conclusion sur le sujet ? « Il y a des ter­ri­toires qui vont être plus sou­te­nus parce qu’ils en ont plus besoin. C’est la logique du pro­jet, c’est la logique de l’ac­tion. »

Les pol­lu­tions de l’eau… et de l’air en question

Enfin, les ques­tions envi­ron­ne­men­tales s’im­posent elles aussi dans le débat. Notamment au tra­vers de la pol­lu­tion de l’eau, alors que la Ville de Grenoble a lancé trois recours en jus­tice en mars 2024 contre une pol­lu­tion… géné­rée par les pla­te­formes chi­miques de Pont-de-Claix et Jarrie, avec en par­ti­cu­lier Arkema dans le viseur.

« Nous avons fait des mesures. Il n’y a pas de Pfas [pol­luants éter­nels, ndlr] dans l’eau potable, et ça c’est une vraie dif­fé­rence par rap­port à la situa­tion lyon­naise », sou­ligne Christophe Ferrari. Avant de consi­dé­rer qu’il revient à l’État de faire appli­quer le prin­cipe du pollueur-payeur.

Manifestation anti-ZFE en juillet 2023 © Séverine Cattiaux - Place Gre'net

Manifestation anti-ZFE en juillet 2023 © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Après la pol­lu­tion de l’eau, quid de la pol­lu­tion… de l’air ? La Métropole de Grenoble a fait le choix de main­te­nir l’ap­pli­ca­tion d’une ZFE (zone à faibles émis­sions), avec res­tric­tion de cir­cu­la­tion pour les véhi­cules les plus pol­luants, alors que la loi ne l’y oblige fina­le­ment pas. « Nous sommes liés par un plan de pro­tec­tion de l’at­mo­sphère que nous avons déli­béré, qui a fait l’ob­jet d’en­quêtes publiques », rap­pelle Christophe Ferrari.

Le pré­sident de la Métropole met en avant les dis­po­si­tifs d’aide exis­tants pour ache­ter un véhi­cule moins pol­luant, de même qu’un vélo. « On a déjà 2 700 aides qui ont été dis­tri­buées sur le ter­ri­toire métro­po­li­tain. 80 % des habi­tants ont un niveau de revenu qui leur per­mettent d’a­voir ces aides », pré­cise-t-il. Un accom­pa­gne­ment qu’il pré­co­nise éga­le­ment pour les loge­ments. « Il faut ras­su­rer, il faut aider, il faut accom­pa­gner », mar­tèle l’élu. En décri­vant une « métro­pole de l’ac­tion », qui se veut « dans la construc­tion des dis­po­si­tifs ».

Florent Mathieu

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2 réflexions sur « Christophe Ferrari, pré­sident de la Métro : « Avec l’intercommunalité, il faut être dans le pro­jet et l’ac­tion, pas dans une logique de répar­ti­tion comptable » »

  1. Il ne faut pas confondre :
    « Partage des taches »
    et
    « Division des taches ».

    sep article
  2. Bla-bla-bla !

    Avec les insuf­fiances pour le ramas­sage des ordures et l’en­tre­tien de la voi­rie, où sont les actions ?
    Avec la mise en dif­fi­culté des com­merces gre­no­blois, l’abs­nece d’ac­tion au déve­lop­pe­ment éco­no­mique tan­dis que sombre Vencorex, où sont les actions ?
    Avec la liberté pour les gros SUV mais les inter­dits pour les Twingo, les trans­ports en com­mun en berne, l’ab­sence de pro­jets fer­ro­viaires, où sont les actions ???
    Avec la dette de la Métro et du SMAG, et un nou­veau Siège rui­neux, où sont les actions ???
    Avec la nappe phréa­tique pol­luée, où sont les actions ?

    sep article

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