FOCUS – À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, vendredi 22 mars 2024, la Ville de Grenoble a annoncé avoir engagé trois procédures judiciaires pour dénoncer la pollution des eaux grenobloises causée par les plateformes chimiques de Jarrie et Pont-de-Claix. La municipalité entend ainsi stopper les rejets d’effluents pollués par Arkema dans la Romanche et faire appliquer le principe pollueur/payeur, après avoir notamment déposé une plainte contre X. Une vraie question de santé publique, selon elle.
Il était de sa « responsabilité de maire de tirer la sonnette d’alarme ». Éric Piolle a donc profité de la Journée mondiale de l’eau, vendredi 22 mars 2024, pour annoncer en personne le dépôt, par la Ville de Grenoble, de trois recours juridiques visant la pollution des eaux grenobloises issue des plateformes chimiques de Jarrie et Pont-de-Claix. « L’eau est un bien précieux, un bien commun, que nous devons protéger », assène-t-il en effet.
Eric Piolle a présenté, le 22 mars 2024, aux côtés de l’avocate Me Noémie Pierre, les recours engagés par la Ville de Grenoble contre la pollution des eaux grenobloises causée par les plateformes chimiques. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Le constat ne date pas d’hier. « Nos rivières et nos nappes phréatiques, situées sous et au sud de Grenoble, sont très polluées », déplore le maire écologiste. Une pollution qui « semble majoritairement causée par les plateformes industrielles » du sud de l’agglomération. Mais « cette contamination est vouée à s’aggraver si aucune mesure n’est prise pour endiguer ces pratiques irrégulières », souligne-t-il.
Une procédure administrative contre la préfecture
La Ville a donc engagé trois procédures judiciaires complémentaires. Tout d’abord « un recours gracieux auprès du préfet afin de demander la cessation des pollutions d’Arkema dans la Romanche », indique Éric Piolle. La préfecture est sommée d’annuler ses « actes dérogatoires illégaux » qui permettent à l’industriel de rejeter ses effluents pollués dans la rivière alpine, rendant ainsi cette pollution « légale ».
La Ville demande notamment au préfet d’annuler les dérogations autorisant Arkema à rejeter des effluents pollués dans la Romanche, sur la plateforme de Jarrie. © Anne Guillet-Caillot
Des autorisations accordées via une quinzaine d’arrêtés préfectoraux pris entre 1976 et 2023. Pourtant, ces dérogations sont « contraires à la déclaration d’utilité publique de 1967 qui, elle, consacre la protection des champs de captage de Rochefort », observe l’édile. La mairie prévient en outre : si le préfet « ne fait pas droit à cette demande », elle saisira alors le tribunal administratif.
La Ville partie civile dans une enquête ciblant les rejets d’Arkema
Deuxième démarche juridique, la Ville de Grenoble s’est constituée partie civile, le 28 février 2024, dans l’enquête ouverte par le procureur, le 6 février, à la suite de signalements effectués par la vice-présidente de la Métropole Anne-Sophie Olmos. Deux informations judiciaires visent aujourd’hui « Arkema France, sur la plateforme de Jarrie, et la présence irrégulière de carriers dans l’île du Drac, à l’intérieur du périmètre de protection absolue », précise Éric Piolle.
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