EN BREF – C’est un moment particulier pour l’ESRF (pour European Synchrotron Radiation Facility) de Grenoble, généralement et plus simplement appelé le Synchrotron. Site scientifique de pointe, dont les rayons X ultra-puissants sont utilisés dans de nombreux domaines de recherche, le Synchrotron souffle en effet sa trentième bougie : il a été inauguré le vendredi 30 septembre 1994, avant d’ouvrir ses portes le lendemain, le samedi 1e octobre.
Des débuts modestes ? Tout est relatif. Au 1er octobre, « les premières équipes scientifiques, venues du monde entier, [sont venues faire des expériences sur une des 15 lignes de lumières ou laboratoires de pointe que comptait l’ESRF à l’époque », se rappelle l’équipe du Synchrotron. Et aujourd’hui ? « L’ESRF compte 46 lignes de lumière et accueille, chaque année, près de 10 000 scientifiques […] du monde entier », décrit-elle. Le site a également contribué à plus de 40 000 publications scientifiques.
Après avoir été le premier synchrotron de troisième génération en 1994, le site de Grenoble est aujourd’hui… le premier synchrotron de quatrième génération depuis 2020, avec « la mise en service d’une nouvelle source de rayonnement synchrotron [et] des performances multipliées par 100 permettant d’explorer la matière jusqu’au niveau atomique et cellulaire ». De quoi lui permettre de mieux « contribuer à répondre aux grands défis sociétaux, dans le domaine de la santé, de l’énergie, de l’environnement », souligne son nouveau directeur général Jean Daillant (cf. encadré).
Le synchrotron de Grenoble, parmi de nombreuses utilisations et contributions, s’est notamment distingué dans la recherche contre le virus de la Covid-19, le cancer ou encore la maladie d’Alzheimer. Mais sa participation est aussi requise dans des domaines plus inattendus. Ainsi, l’ESRF a été mis à contribution pour prévenir la dégradation du tableau Le Cri d’Edvard Munch, ou celle du violon de Paganini. Sans oublier des études su les mystères de l’encre des papyrus égyptiens, les modes respiratoires des dinosaures, ou un ancêtre (très) lointain et méconnu des actuels félins.
« Aujourd’hui, l’ESRF écrit une nouvelle page de son histoire, avec des projets scientifiques novateurs, transversaux, basés sur des collaborations internationales fortes », se félicite le Synchrotron de Grenoble. Et de citer le projet « Human Organ Atlas ». Rien de moins qu’une « révolution majeure dans le domaine de la bio-imagerie médicale, avec la possibilité de faire des images 3D des organes humains complets avec une résolution inégalée », qui vise à (toujours) mieux comprendre les maladies infectieuses, neurodégénératives ou les cancers.
JEAN DAILLANT, NOUVEAU DIRECTEUR GENERAL DE L’ESRF
Peu avant que l’ESRF ne fête ses 30 ans de science, le Synchrotron européen de Grenoble a accueilli, le 1er septembre 2024, un nouveau directeur général en la personne de Jean Daillant. Nommé par le conseil international de l’ESRF, regroupant les 20 pays partenaires de l’ESRF, celui-ci était auparavant DG du synchrotron français Soleil.
Expert très reconnu en matière de rayonnement synchrotron, Jean Daillant est un physicien spécialisé en matière molle dont l’expertise se concentre sur la physique des matières molles et la dynamique des interfaces liquides.
L’un des premiers utilisateurs de l’ESRF
« Devenir directeur général trente ans après avoir été l’un des premiers utilisateurs de l’ESRF, en 1994, et rejoindre l’ESRF à un moment où, avec EBS, les scientifiques réalisent des expériences révolutionnaires, est un privilège extraordinaire », a déclaré Jean Daillant lors de sa prise de poste.
« L’ESRF a toujours été une source d’inspiration pour les scientifiques du monde entier et un brillant exemple de coopération scientifique. En tant que scientifique, en tant que directeur général, je suis conscient de l’héritage de l’ESRF, et j’aurais à cœur de maintenir l’excellence et le rôle pionnier de l’ESRF pour le bénéfice de la science et de la société », a‑t-il affirmé.