FIL INFO – Depuis le 3 avril 2020, le synchrotron européen de Grenoble propose sur son site internet d’ouvrir ses équipements aux chercheurs engagés dans la lutte contre le Covid-19. L’objectif de la démarche ? Les aider à découvrir le profil structural du virus, une étape indispensable avant la mise au point d’un médicament ou d’un vaccin.
Dresser le portrait robot du Covid-19 en déterminant très précisément ses structures moléculaires. Tel est l’impérieux besoin des scientifiques en quête d’antiviraux efficaces contre le coronavirus. Et le synchrotron de Grenoble se propose de voler à leur secours. L’European synchrotron radiation facility (ESRF) de Grenoble a ainsi annoncé vendredi 3 avril, sur son site internet, sa volonté d’ouvrir ses équipements aux chercheurs travaillant sur le micro-organisme.
En l’occurrence, un bouleversement de l’agenda du grand équipement électromagnétique qui devait rouvrir ses portes le 25 août 2020. Ce après avoir parachevé le remplacement de sa source de troisième génération par une quatrième génération de synchrotron à haute-énergie baptisée ESRF-EBS (pour Extremely brilliant source).
Toutefois, bien que le grand instrument, dont les rayonnements sont devenus cent fois plus puissants, soit en phase de test depuis le 30 janvier 2020, les rayons X brillent à nouveau dans le hall expérimental de l’ESRF. Certains des équipements instrumentaux, indépendants des nouvelles lignes de lumière, restent en outre complètement fonctionnels et disponibles pour aider les chercheurs.
« On pourrait observer son mécanisme atomique »
C’est le cas notamment de la plateforme de cryo-microscopie électronique, Cryo-EM. Cette technique exploratoire de la structure de biomolécules cristallisées à basse température permet en effet de “voir” en 3D, avec une résolution de 2 à 3 angströms, la structure moléculaire du virus. En particulier celle de son enveloppe constituée d’un assemblage de protéines, qui sont les cibles thérapeutiques préférentielles des médicaments anti-viraux ou d’un vaccin spécifiques restant à concevoir.
Les pistes de travail ? « On pourrait observer son mécanisme atomique », indique l’ESRF à nos confrères de France 3 Auvergne Rhône Alpes. Beaucoup de questions se posent en effet aux chercheurs. Notamment, comment le virus entre-t-il dans la cellule hôte ou comment interagira-t-il avec de futurs traitements ?
Bien qu’aucune demande n’ait encore été formulée du côté de l’ESRF, « on sait qu’à court, moyen ou long terme des projets vont être proposés », rapporte France 3. Conscient de la nécessité de rassembler ses forces, le vivier des scientifiques grenoblois n’a pas manqué de réagir en rejoignant l’ESRF dans « l’effort global de recherche sur le Covid-19 ». Dans leurs rangs, les chercheurs de l’Institut Laue-Langevin (ILL), du Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL) et de l’Institut de biologie structurale (IBS).
Véronique Magnin