FOCUS – Trois jours à peine après sa prise de fonctions, la nouvelle rectrice de l’académie de Grenoble Hélène Insel a présenté le projet pédagogique 2020 – 2023 au sein de l’amphithéâtre Louis-Weil, sur le campus de Saint-Martin-d’Hères. Un rendez-vous au cours duquel la rectrice n’a pas (directement) évoqué le contexte tendu de l’académie, entre manifestations, contestation des E3C, affaire Mila… et coronavirus.
« Il n’est pas toujours aisé de garder le regard porté au loin lorsque l’actualité nous conduit à gérer les événements dans l’urgence. » Ainsi s’est exprimée la nouvelle rectrice de l’académie de Grenoble à l’occasion de la présentation du projet académique 2020 – 2023, lundi 10 février sur le campus de Saint-Martin-d’Hères. Une présentation elle aussi préparée dans l’urgence… puisque Hélène Insel n’a pris ses fonctions que trois jours plus tôt, le vendredi 7 février.
Troisième rectrice de l’académie de Grenoble en deux ans, Hélène Insel succède à Fabienne Blaise, pour sa part nommée dans la région Grand-Est. Avant elle, le rectorat de Grenoble était dirigé par Claudine Schmidt-Lainé, démise de ses fonctions après son inculpation pour détournement de fonds publics. Des faits datant de son passage à Rouen entre 2013 et 2015, et pour lesquels l’ex-rectrice a écopé de deux mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende.
Une académie « au dynamisme reconnu », selon la nouvelle rectrice
Les premières impressions d’Hélène Insel ? Face à l’assistance, la nouvelle rectrice s’est dite « très heureuse d’avoir rejoint une académie au dynamisme reconnu ». « Je découvre un territoire globalement beaucoup plus favorisé que celui que j’ai eu le plaisir de piloter durant ces quatre dernières années », a‑t-elle ajouté. En référence à l’académie de Reims, où Hélène Insel exerçait depuis septembre 2015.
Reste à la rectrice d’aller à la rencontre des acteurs de l’académie et (surtout) des élèves, estime-t-elle. Un beau périple en perspective, puisque l’académie de Grenoble regroupe pas moins de cinq départements : l’Isère, naturellement, mais aussi l’Ardèche, la Drôme, la Savoie et la Haute-Savoie. Et compte sous sa houlette plus de 3 000 établissements scolaires : 2 782 écoles maternelles et primaires, 325 collèges et 227 lycées.
« Je n’ignore pas la complexité ou la grande diversité des situations », a également précisé Hélène Insel dans son introduction. Une prudence probablement nécessaire car la nouvelle rectrice prend ses fonctions dans un climat pour le moins tendu : manifestations à répétition devant le rectorat de Grenoble, contestation des E3C avec interventions parfois musclées de la police, affaire Mila… et, pour couronner le tout, apparition du coronavirus en Haute-Savoie.
L’orientation au cœur du projet pédagogique
Autant de sujets que la rectrice n’abordera pas dans son introduction. Ou presque : Hélène Insel a évoqué « les transformations en cours de l’école » et les inquiétudes qu’elles peuvent susciter auprès des différents acteurs de l’enseignement. Sa réponse ? « Notre projet académique ne doit surtout pas être considéré comme une charge supplémentaire [mais] comme un outil à votre disposition pour mener à bien vos missions. »
Quid du projet pédagogique proprement dit ? Une feuille de route résolument tournée vers l’orientation. Hélène Insel plaide ainsi pour « une approche globale de l’accompagnement d’un élève » pour « rompre avec les cloisonnements traditionnels entre transmission des savoirs et élaboration d’un projet personnel et professionnel ». Pour la rectrice, c’est donc dès l’entrée au collège que l’accompagnement doit être de mise.
Mais le projet académique ne fait pas pour autant l’impasse sur l’apprentissage des savoirs fondamentaux, précise encore la rectrice. Le dédoublement des classes en réseau prioritaire ou la hausse des effectifs en grande section CP et CE1 demeurent ainsi des priorités à l’horizon 2022, selon Hélène Insel. Qui ajoute que « cet objectif chiffré ne suffira pas ». Et « doit s’accompagner d’une réflexion sur le geste pédagogique efficace, éprouvé et partagé ».
Florent Mathieu
LA MATERNELLE JAURÈS DE GRENOBLE AU BORD DE LA CRISE DE NERFS ?
Déjà du travail en perspective pour la rectrice ? L’école maternelle Jaurès de Grenoble est présentée comme « en situation alarmante » par un parent d’élève délégué FCPE. En cause ? L’arrêt de travail depuis fin janvier d’une enseignante en grande section, également directrice de l’école. Avec pour conséquence une répartition des enfants dans d’autres classes et, mathématiquement, une hausse des effectifs jugée « insensée ».
Quelle réponse du rectorat, interpellé dès le 4 février ? Le silence, à en croire le parent d’élève. Qui souligne que les autres parents « ont largement dépassé leur niveau de tolérance et de ressources face à cette situation ». Et s’agace de l’absence de réponse des services de l’académie. Non sans évoquer comme prochaine étape la publication dans la presse d’une lettre ouverte, directement adressée au ministre de l’Éducation nationale.