EN BREF – En signant le second arrêté préfectoral au titre de l’autorisation environnementale, le préfet de l’Isère vient de donner l’ultime feu vert au projet d’élargissement et de réaménagement de l’A480 et du Rondeau. Sans lever les zones d’ombre et selon un calendrier qui renvoie les travaux sur l’échangeur au second semestre 2020. Coup d’envoi sur l’A480 dès mars prochain ? Ce pourrait aussi être le coup d’envoi des recours en urgence pour bloquer le chantier.
L’ultime feu vert au projet d’élargissement et de réaménagement de l’A480 et du Rondeau sera donné ce 14 janvier. Ce lundi, le préfet de l’Isère signera l’arrêté validant le projet au titre de l’autorisation environnementale, suivant en cela les conclusions, favorables, de la commission d’enquête.
Le 14 novembre dernier, les trois commissaires-enquêteurs avaient donné leur aval au projet porté par l’État et la société Area. Un avis favorable, sans réserves, seulement assorti de quelques recommandations*. Mais un avis suivi de propos – réponses à des questions de citoyens – qui ont fait bondir le maire de Grenoble comme la climatologue Valérie Masson-Delmotte. Ces derniers se sont en effet étonnés de voir la commission d’enquête mettre notamment en doute l’expertise du Giec sur le réchauffement climatique.
Une déclaration d’utilité publique signée dès le… 23 juillet
Une simple formalité ? Le projet avait déjà obtenu le feu vert des pouvoirs publics quand, le 23 juillet dernier, le préfet de l’Isère a signé la déclaration d’utilité publique (DUP) au terme de la première enquête publique.
Une chronologie qui en a étonné plus d’un, d’autant que les premiers coups de pelle – officiellement, des travaux de sécurité – ont résonné dès le… 23 juillet. Et que les premiers appels d’offre des travaux étaient lancés par APRR la maison-mère d’Area, dès le 13 juillet…
Un projet ficelé d’avance ? À toutes ces questions, nous n’avons jamais obtenu de réponse. Comme à celle d’une potentielle limitation de la vitesse à 70 km/h, décision toujours entre les mains du préfet. Sollicités à plusieurs reprises, les services de la préfecture n’ont jamais répondu à nos demandes d’information.
Travail partenarial et respect du calendrier
Et ce 11 janvier 2019, la conférence de presse, initialement prévue au terme de la réunion du comité de pilotage, et qui aurait peut-être pu permettre de lever les zones d’ombre, a finalement été annulée. Pour être remplacée par un simple communiqué de presse, dans lequel le préfet mais aussi le président du Conseil départemental de l’Isère et le président de la Métropole de Grenoble aux côtés du PDG d’Area se félicitent du travail partenarial et du respect du calendrier.
« Les objectifs de ce projet sont une meilleure fluidité du trafic et des échanges avec les six diffuseurs et l’échangeur du Rondeau, une sécurité accrue, une régularité des déplacements, une meilleure intégration environnementale de l’infrastructure dans le tissu urbain et une diminution de la pollution atmosphérique et du bruit », promettent-ils dans un communiqué commun.
« Avec une rocade assurant pleinement son rôle, l’agglomération disposera ainsi des marges de manœuvre lui permettant un meilleur partage entre modes de transports sur les autres voiries. »
Ce faisant, les travaux sur l’A480 devraient donc démarrer en mars prochain et durer trois ans. Le Rondeau, lui, viendra après : les travaux d’aménagement ne sont en effet pas prévus avant le… second semestre 2020.
Lundi 14 janvier, place donc au coup d’envoi officiel des travaux avant le… coup d’arrêt ? En septembre dernier, quatre Grenoblois ont en effet déposé un premier recours devant le tribunal administratif réclamant l’annulation de la déclaration d’utilité publique. Et promis d’en déposer un second, en référé-suspension – une procédure d’urgence – une fois le second arrêté pris, afin de bloquer les travaux. À suivre donc…
Patricia Cerinsek
- * « Les maîtres d’ouvrage ont répondu point par point aux six recommandations de la commission d’enquête visant la meilleure insertions environnementale du projet, souligne le communiqué. Cinq de ces recommandations sont déjà prises en compte par les maîtres d’ouvrage et seront mises en œuvre. La sixième, relative aux mesures anti-bruit, est en cours d’étude et fera l’objet de propositions concrètes dans les prochains mois. »