EN BREF – Après avoir refusé de porter la question du maintien des trois bibliothèques à la votation citoyenne, lors du conseil municipal du 10 juillet, le maire de Grenoble propose de consulter largement habitants et usagers en octobre. Une initiative qui, sans surprise, est loin de contenter le collectif Touchez pas à nos bibliothèques.
Le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle l’a annoncé lundi 10 juillet en fin de conseil municipal. La Ville réfute l’idée d’une votation citoyenne sur les questions du maintien des bibliothèques Prémol et Hauquelin, et de la réouverture d’Alliance sous sa forme initiale.
Le maire a expliqué sa décision. En somme, la Ville a opté pour la voie du compromis. A savoir poursuivre les deux projets de relais-lecture et celui de tiers-lieu pour Alliance, qu’elle a initiés puis construits dans une certaine mesure avec les habitants et le collectif Touchez pas à nos bibliothèques. Aussi louable pour les uns que puisse paraître cette décision empreinte de sagesse – dès lors que les anciennes bibliothèques n’existent déjà plus (hormis l’Alliance dont les travaux démarrent) – elle demeure, pour les autres, en particulier les membres du collectif, fortement contestable (cf. encadré).
Une large consultation en octobre
Alors, pour montrer sa réelle volonté d’associer les habitants – et au passage de couper l’herbe sous le pied au collectif qui ne veut pas déposer les armes – la Ville a habilement décidé de lancer « une consultation large des habitants et usagers » au mois d’octobre. Elle portera sur « la mise en œuvre des engagements contenus dans la délibération [sur le projets de relais lecture et de tiers lieu à Alliance, ndlr] qui sera présentée le 25 septembre ».
Et cette consultation permettra aussi de « recueillir l’avis des Grenoblois sur les modernisations du réseau de lecture publique ». La Ville souhaite ainsi que « la politique de lecture publique réponde au mieux à leurs besoins ». Pascal Clouaire, l’adjoint à la démocratie locale, assure que la Ville apportera plus d’éléments sur le contenu de cette consultation sous peu.
En attendant, un membre du collectif, réagissant au lancement de cette consultation, rétorque, pour le moins sceptique : « Avec un dispositif à la taille ad hoc, la Ville fera ce qu’elle veut des résultats […] La votation, même si elle n’était pas gagnée étant donné le seuil à atteindre, avait au moins le mérite d’être un procédé clair ! »
Séverine Cattiaux
POLÉMIQUE SUR LA LÉGITIMITÉ DU COLLECTIF
Louis Cipri est peut-être le nouveau porte-parole du collectif Touchez pas à nos bibliothèques mais « il n’y a pas de nouveau collectif », martèle le collectif en question. « Nouveau collectif » est toutefois le terme qu’a bel et bien employé Pascal Clouaire, adjoint à la démocratie locale, lors de son intervention le lundi 10 juillet dernier.
Pourquoi le collectif serait-il nouveau, comme l’affirme l’adjoint ? Du fait que quatre de ses « porte-parole » se sont désolidarisés de la majorité qui a décidé d’aller à la votation… Par suite, ce « nouveau collectif » n’aurait plus, ou bien moins, de légitimité en déduit l’adjoint à la démocratie locale. Une analyse qui a été vivement décriée par les oppositions, que ce soit Les Républicains, Ensemble à gauche, ou le Rassemblement de gauche et de progrès, lors du conseil municipal du lundi 10 juillet.
« Il faut arrêter d’avoir peur »
Les quatre démissionnaires n’ont pas claqué la porte, expliquent les membres du collectif toujours en place. Ils ont préféré saisir la main tendue de la Ville. C’est bien ce que confiait à Place Gre’net, l’une de ces porte-parole (qui n’avait pas encore démissionné) le jour de la fermeture de la bibliothèque de l’Alliance pour travaux.
« Je crois aux projets que propose la Ville, expliquait-elle. On a établi le dialogue. Il faut rester vigilant mais il faut arrêter d’avoir peur. » Sur le papier, il est vrai que les projets proposés par la Ville semblent fourmiller de détails et se présenter sous les meilleurs auspices. De quoi donc pourrait bien avoir peur le collectif ?
Voici ce qu’il répondait encore ce jeudi 13 juillet lors d’un point presse estival : « Il n’y aura pas de personnel affecté pour les deux relais lectures, ce sont des bibliothécaires d’autres établissements qui viendront officier lors des temps dédiés. Les prêts ne seront pas possibles et, enfin, l’animation reposera beaucoup sur l’associatif, et donc les relais-lecture pourront disparaître à la première défaillance des associations. » Voilà pourquoi notamment le collectif avait décidé à la majorité de stopper net les pourparlers engagés avec la Ville, et d’aller à la votation… qui n’aura pas lieu.