REPORTAGE VIDÉO – La 19e édition du Cabaret frappé – 100 % gratuite – organisée par la Ville de Grenoble bat son plein au cœur du Jardin de ville depuis le samedi 15 juillet. Favorisée par une météo au beau fixe et la programmation concoctée par Loran Stahl, son directeur artistique, la fréquentation atteint cette année des sommets. Mais tout cela n’existerait pas sans le petit peuple des coulisses, tous ceux qui font le festival au quotidien et œuvrent pour le plus grand plaisir – musical s’entend – de tous.
Le Cabaret frappé, bat son plein – on ne peut mieux dire – au Jardin de ville de Grenoble. Depuis le samedi 15 juillet, près de 35 000 personnes se sont déjà rendues au Jardin de ville pour assister aux concerts qui se déroulent sur les deux scènes jusqu’au jeudi 20 juillet. Un succès dû certes à une météo au beau fixe ainsi qu’à la programmation de Loran Stahl, le directeur artistique du Cabaret frappé. Mais aussi et surtout aux équipes techniques qui œuvrent sans relâche en coulisses.
Des coulisses inaccessibles au grand public que Place Gre’net vous fait découvrir ! Immersion vidéo au sein du petit village qui se cache derrière les clôtures du Cabaret Frappé.
Reportage Joël Kermabon
Dix heures du matin, le Cabaret frappé s’éveille doucement. Attablés devant la tente du catering, entendez la cantine éphémère où les repas sont servis aux artistes et techniciens, Sébastien Ortega, le directeur technique du festival, et Laure Nicoladzé, la régisseuse générale, sont en grand conciliabule. Il s’agit de faire un point informel sur ce qui s’est passé la veille et sur ce qui est prévu pour une nouvelle journée, de nouveaux concerts. Leur responsabilité est grande.
« Le challenge c’est de bien accueillir le public dans de bonnes conditions pratiques et techniques, le tout dans une belle atmosphère. Ensuite, sur le plateau [la scène, ndlr] il faut que l’accueil de l’artiste se fasse lui aussi dans les meilleures conditions possibles, notamment les conditions techniques », explique Loran Stahl.
C’est ce que va s’attacher à concrétiser, dans une apparente facilité et avec fluidité, la petite troupe d’intermittents du spectacle, « ces compagnons du spectacle vivant », précise Loran Stahl, sans laquelle rien n’est possible. The show must go on !
Pas de demandes extravagantes des artistes
Préparer les arrivées du jour, aller chercher les artistes à la gare, voire à l’aéroport c’est le job de Cédric, le « runner », tandis que, dans l’intervalle, Olivia qui est chargée de l’accueil des artistes a déjà commencé à se préoccuper des loges où ils pourront se détendre et attendre confortablement l’heure de leur concert. Justement, Cédric est sur le point d’effectuer un aller-retour pour aller chercher les membres du groupe Nouvelle vague avant de les confier à Olivia.
« Les agents des artistes nous envoient au préalable un document ou figurent les demandes concernant les éléments techniques mais aussi les éléments à leur mettre en loge. À charge pour moi de contacter des fournisseurs pour leur fournir tout ce dont ils ont besoin et qui permettra de les accueillir correctement », explique-t-elle.
Mais point de demandes extravagantes ou loufoques, comme on a pu le lire ici ou là. « Au contraire, les artistes nous demandent souvent de leur faire découvrir quelque chose, une spécialité du coin par exemple », précise Olivia.
« Nous sommes tous collègues sur le plateau et nous nous entraidons »
Sur le plateau de la grande scène encore presque vide, le régisseur et les techniciens plateau Béo, Johan et Perrine s’activent. Le régisseur plateau c’est le chef d’orchestre de tout ce qui se passe techniquement parlant sur scène. « Une fois qu’ils ont été accueillis, je mets en relation les artistes avec tout ce qui va se passer sur la scène. Je les présente aux responsables de la régie lumière, de la régie son, des retours*, et je veille à ce que tout se passe bien », décrit Béo. Mais pas seulement, le régisseur plateau doit également gérer le temps.
« Je dois veiller à ce que les balances soient respectées, à ce que les concerts commencent et finissent à l’heure pour pouvoir installer le groupe d’après », poursuit le régisseur. Qui met aussi la main à la pâte. « Nous sommes tous collègues sur le plateau et nous nous entraidons quand il faut monter une batterie ou déplacer un ampli », reconnaît-il.
Dan, c’est l’autre personnage clé du plateau, le “backliner”, autrement dit la personne en charge des instruments. « Je dois m’assurer que les groupes aient tout ce qu’il faut en matière d’instruments. Surtout s’ils ne viennent pas, comme c’est le cas pour les musiciens étrangers, avec les leurs propres », traduit Dan.
Mais bien sûr, concernant les musiques amplifiées, les instruments seuls ne suffisent pas. Encore faut-il des micros, des câbles qui les relient aux régies son. Ça c’est le domaine réservé de Perinne, technicienne plateau. « Moi, je gère tout ce qui est audio. Une fois que tout le matériel est installé – praticables, batterie et autres instruments – , j’arrive avec mes plans de scène, mes micros, mes kits modules et mes câbles et je cale tout ça », nous précise-t-elle.
Gérer les oreilles des musiciens
Côté cour, c’est le repaire de Manu, le régisseur « retours » du festival. Devant ses consoles, il gère quant à lui « les oreilles des musiciens ». Pourquoi une régie retours nous étonnons-nous ? Sur les festivals d’une certaine taille « le technicien de la régie « façade » ne bosse que pour le public et celui des retours ne travaille que pour les musiciens qui sont sur scène », nous explique le technicien.
En face de la scène, à quelques dizaines de mètres de distance, trônent les structures des régies son et lumière ainsi que l’espace réservé aux caméras du prestataire assurant la captation et la réalisation vidéo des concerts. Pierre Motet, le boss de la régie son chapeaute tous les aspects sonores du festival.
Que cela soit le son « façade », celui des retours ou encore le son vidéo, tout passe par ses consoles. Il est notamment de sa responsabilité de gérer les niveaux, un point très important surtout pour les riverains d’un festival se déroulant en plein centre-ville. C’est également le superviseur des fameuses balances qui précèdent tout concert digne de ce nom.
Juste au-dessus c’est le domaine de Seb, le régisseur lumières. « Contrairement à ce qui se passe lorsqu’on accueille un artiste dans un lieu donné où il arrive avec son plan de feux**, là c’est moi qui crée tout le design lumineux du Cabaret frappé et les groupes s’adaptent à ce que j’ai créé », nous confie-t-il non sans fierté.
Et, bien sûr, s’agissant de musiques amplifiées, tout cela n’aurait pas été possible sans la fée électricité dont Jérémy, l’électricien assermenté du Cabaret frappé, a assuré et supervisé la redistribution vers tous les corps de métiers dans tous recoins du festival.
« Nous avons besoin de professionnels qui font de la production »
Reste que tout ce travail préparatoire aux concerts semble – en tout cas pour le néophyte – s’effectuer dans la fluidité et une mutuelle compréhension des besoins des uns et des autres. Bref, tout un état d’esprit. Ce n’est pas un hasard, comme nous explique Loran Stahl.
« Nous avons l’obligation de bien accueillir nos artistes mais aussi les professionnels qui font de la production, qui sont là en amont, en contact avec tous les artistes […] Il y a le geste, la professionnalisation. Je suis vraiment ravi qu’il y ait des gens au sein des équipes qui aient évolué dans le temps. Notamment en passant des habilitations techniques ou en faisant des études plus approfondies par rapport à telle ou telle mission ou corps de métiers », se félicite le directeur artistique.
De fait, le Cabaret frappé est une machine bien réglée, bien huilée et c’est un des autres motifs de satisfaction de Loran Stahl qui s’en explique.
Joël Kermabon
- * Sur scène, les musiciens et chanteurs ont besoin de s’entendre distinctement pour jouer et chanter ensemble. Sans retour, ils sont gênés par le niveau sonore de l’ensemble des instruments et amplis et cela compromet leur prestation scénique. Pour remédier à ces problèmes, il faut prévoir un (ou plusieurs) retour(s) de scène, c’est-à-dire haut(s)-parleur(s) positionnés aux pieds de chaque exécutant afin de permettre au musicien d’entendre ce qu’il produit.
** Plan désignant la position, l’orientation et le réglage des projecteurs sur une scène. Il est utilisé par les techniciens pour le montage du matériel et le régisseur lumières.