CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 106 du lundi 3 février 2025, retour sur les difficultés du secteur de l’industrie en Isère.
« Aujourd’hui, nous allons parler de l’industrie en Isère. Et plus précisément des difficultés que rencontrent actuellement plusieurs sites industriels isérois, qui ne sont pas sans susciter beaucoup d’inquiétude. Ce d’autant plus qu’en Isère, l’industrie représente une part importante de l’économie, même si ce poids tend à s’affaiblir au fil des années.
De fait, le secteur y représentait près de 39 % des emplois en 1975, mais plus que 17 % en 2014, d’après une étude de l’Observatoire des territoires. Et la tendance se maintient à la baisse.
La fermeture de Photowatt
Dans ce contexte, la fermeture de Photowatt est un parfait exemple. Son propriétaire, le groupe EDF Renouvelables a annoncé, fin janvier, la fermeture de cette entreprise pionnière dans la fabrication de panneaux photovoltaïques made in France. Et même en l’occurrence made in Bourgoin-Jallieu. Conséquence : 162 salariés vont se retrouver sur le carreau.
Cela faisait en réalité plusieurs années que le site de Photowatt était en grande difficulté, et que sa fermeture était redoutée. Elle illustre le paradoxe que l’on peut ressentir entre les grands discours sur la réindustrialisation de la France et la façon dont les choses se passent sur le terrain. En l’occurrence, l’État a été interpellé à plusieurs reprises concernant la situation de Photowatt, sans que cela ne change le cours des choses.
Et la réponse de l’État fait polémique. Pris à partie par Alexis Jolly, député de la 6e circonscription, le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a rappelé qu’une offre de reprise de Photowatt, portée par la start-up lyonnaise Carbon, avait capoté du fait de l’opposition des salariés de l’entreprise. Et, dès lors, n’a pas hésité à rejeter la faute sur eux, en affirmant que l’État n’était pas responsable.
Le débat autour de l’offre de reprise de Carbon est légitime. Mais l’on est en droit de s’interroger sur les propos du ministre. Car Photowatt est la propriété d’EDF Renouvelables, laquelle appartient au groupe EDF, qui est la propriété de l’État français. La décision de fermer Photowatt relève donc bel et bien de la responsabilité de l’État.
De plus, rappelons qu’EDF Renouvelables porte actuellement un projet de centrale solaire sur le site de Creys-Malville. Il aurait semblé logique qu’elle fasse appel à Photowatt pour lui fournir son équipement photovoltaïque. Eh bien non : au lieu de cela, elle s’est tournée vers la concurrence chinoise. Alors que Bourgoin-Jallieu est à 30 kilomètres de Creys-Malville. Soit un peu plus près que la Chine.
D’autres sources d’inquiétudes pour l’industrie
Mais la fin de Photowatt n’est pas la seule source d’inquiétudes. Parce que l’État est également sollicité face aux difficultés rencontrées par Vencorex, sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix. Des difficultés qui se répercutent sur Arkema, à Jarrie. Et syndicats comme élus redoutent le fameux effet domino, puisque beaucoup d’entreprises locales dépendent les unes des autres.
Pendant ce temps, à Saint-Quentin Fallavier, l’équipementier automobile Valeo a perdu 238 emplois1Et non 866 comme indiqué dans la chronique enregistrée. . Et l’on apprend que les sites de ST Micro à Grenoble et à Crolles pourraient aussi connaître des destructions de postes. Sans compter les rumeurs concernant d’autres entreprises iséroises qui circulent encore.
Bref, beaucoup se demandent aujourd’hui quelle stratégie est réellement mise en place face à la désindustrialisation. Mais peut-être l’État compte-t-il sur la construction d’une usine… de baguettes magiques. »
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