FOCUS – Rebondissement pour le projet d’agrandissement de l’usine STMicroelectronics de Crolles. L’industriel a répondu aux conclusions de la Commission nationale du débat public (CNDP) sur la concertation préalable organisée au printemps 2024, et annoncé, jeudi 11 juillet, relancer sa demande d’autorisation environnementale. D’où certainement une nouvelle enquête publique à venir. Autre point noir pour la société : le même jour, le Financial Times a révélé que des puces ST figuraient dans le missile russe qui s’est abattu sur un hôpital de Kiev, le 8 juillet, faisant plus de 40 morts.
Les Actionnaires pour le climat évoquent « la journée noire du 11 juillet 2024″. Le même jour, le nom de STMicroelectronics était cité dans une enquête du Financial Times pour ses composants retrouvés dans le missile russe ayant ravagé un hôpital de Kiev1voir encadré le 8 juillet. Et la société confirmait relancer sa demande d’autorisation environnementale pour le projet d’agrandissement de son usine de Crolles. Ce qui implique en principe une nouvelle enquête publique.
En juillet 2022, Emmanuel Macron lançait en grande pompe le projet d’extension de l’usine ST de Crolles ; deux ans après, les embûches s’accumulent et une nouvelle enquête publique est prévue. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Si cet énième rebondissement ne constitue pas une énorme surprise, il devrait a minima retarder de plusieurs mois l’ouverture de la “mégafab”. Pour rappel, une première enquête publique s’était déjà tenue du 28 août au 9 octobre 2023, donnant lieu à un rapport publié le 16 novembre 2023. Les commissaires-enquêteurs y déploraient notamment l’absence de concertation préalable, pourtant « une obligation pour les projets de cette ampleur », selon le collectif STopMicro.
Deux puces de STMicroelectronics dans le missile russe tombé sur l’hôpital pédiatrique de Kiev
Le 8 juillet 2024, un missile KH101 russe s’abattait sur un hôpital pour enfants de Kiev, le plus grand centre hospitalier pédiatrique d’Ukraine, faisant plus de quarante morts. Trois jours plus tard, le Financial Times révélait dans une enquête que ce missile contenait une quinzaine de composants électroniques fabriquées par des entreprises occidentales. Parmi eux, deux puces provenant de STMicroelectronics, « possiblement produites à Crolles », indiquent les Actionnaires pour le climat dans un communiqué daté du vendredi 12 juillet.
Comme celui-ci (à Kiev en mars 2024), le missile russe KH-101 qui a frappé un hôpital pédiatrique ukrainien le 8 juillet 2024 contenait des composants électroniques occidentaux, dont deux puces produites par STMicroelectronics. © Dsns.gov.ua, CC BY 4.0, via Wikimedia Commons
Autre information du média britannique : Moscou a multiplié par huit sa production de missiles KH101 entre 2022 et 2023. « Il en va donc d’autant du nombre de puces fournies par ST », souligne STopMicro dans un communiqué diffusé samedi 13 juillet. Toujours selon le Financial Times, ces semi-conducteurs auraient été acquis sans difficulté sur le marché ouvert chinois.
Les Actionnaires pour le climat pointent « la double-ironie morbide de la vente des biens “à double-usage”. Ces produits qui, sous couvert d’économies d’échelle, peuvent servir à la fois des intérêts civils et militaires », précise le collectif. Lequel dénonce la position de STMicroelectronics, qui tente de « faire profil bas en se dissimulant derrière le double-usage de ses produits », échappant ainsi à l’embargo en vigueur avec la Russie.
« Tout le processus administratif avait été mené à l’envers par l’industriel et les services de l’État : d’abord l’enquête publique, puis la concertation préalable », observent d’ailleurs les militants. Devant ce manquement, la Commission nationale du débat public (CNDP) avait donc enjoint le fabricant de semi-conducteurs, en février 2024, à organiser cette consultation.
ST accepte « de mauvaise grâce » une nouvelle enquête publique
STMicroelectronics a ainsi mis en place la démarche, du 22 mars au 19 avril 2024. Une concertation qui a permis de recueillir près de 1 500 contributions et de 200 questions. Et qui a débouché, le 13 mai, sur la publication du bilan des trois garants missionnés par la CNDP. À compter de cette date, l’industriel disposait alors de deux mois pour répondre à leurs questions et recommandations.
Poursuivez votre lecture
Il vous reste 57 % de l’article à lire. Obtenez un accès illimité.
Vous êtes déjà abonné.e ? Connectez-vous
Une réflexion sur « STMicroelectronics : une nouvelle enquête publique en prévision pour le projet d’extension de l’usine de Crolles »
La dictature chinoise remercie l’extrême gauche grenobloise pour l’aide précieuse qu’elle apporte à casser la France et l’Europe pendant que Xi Jinping investit plus de 130 milliards de dollars.
https://www.usinenouvelle.com/article/semi-conducteurs-la-chine-prevoit-plus-de-130-milliards-de-dollars-pour-rivaliser-avec-les-etats-unis.N2076976