EN BREF – Deux rixes successives ont éclaté dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 mai 2024 à Murinais (Isère), lors d’une fête de village organisée par les jeunes agriculteurs du secteur. Après une première altercation, une seconde bagarre a opposé ces derniers à des jeunes de Saint-Marcellin, notamment avec des barres de fer. Bilan : au moins six blessés. Le parquet a confié l’enquête aux gendarmes de la brigade de recherches et de la compagnie de Saint-Marcellin, afin d’identifier les auteurs des violences.
[Article publié le 31 mai 2024 à 14 h 29 et mis à jour le 1er juin 2024 à 14 h 44 avec encadré] Que s’est-il passé dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 mai 2024 à Murinais ? Quatre jours après les faits, le procureur de la République de Grenoble Éric Vaillant a livré quelques précisions dans un communiqué, jeudi 30 mai, sur les deux rixes ayant causé au moins six ou sept blessés, en marge du “bal des farmers”, une fête de village organisée par de jeunes agriculteurs de Saint-Marcellin et Pont-en-Royans.
Deux rives consécutives se sont produites lors du « bal des farmers » organisé à Murinais, dans la nuit du 25 au 26 mai 2024. © Google Maps
Des éléments issus des auditions et investigations déjà effectuées par les gendarmes de la brigade de recherches et de la compagnie de Saint-Marcellin, saisis de l’enquête par le parquet. Le magistrat prévient toutefois : « Nul ne peut prétendre encore, à ce stade de l’enquête, disposer d’une vision complète des faits conforme à ce qui s’est réellement passé. »
Un mineur de 15 ans blessé à la tête « possiblement par une barre de fer »
Selon les informations des enquêteurs, trois jeunes habitants d’un quartier sensible de Saint-Marcellin, présents à la soirée, ont convié des amis à les rejoindre. À l’arrivée de ces derniers, une première altercation a opposé l’un d’entre eux à un jeune agriculteur, à l’extérieur de la salle des fêtes, et « un coup de tête a été donné, les deux protagonistes s’accusant mutuellement » de ce geste et d’être à l’origine du différend.
Cette bagarre a été suivie d’une première rixe, au cours de laquelle « un mineur de Saint-Marcellin, âgé de 15 ans, a été blessé à la tête, possiblement par une barre de fer », précise le procureur. « Le médecin urgentiste qui l’a examiné a fixé son ITT1incapacité totale de travail à trois jours », ajoute-t-il.
Un blessé avec une ITT de 12 jours après la seconde rixe
Les jeunes de Saint-Marcellin ont alors appelé des renforts à la rescousse et trois voitures sont arrivées à Murinais avec quinze personnes à bord. « Une seconde rixe avec barres de fer a débuté, aboutissant à ce que six participants à la soirée organisée par les jeunes agriculteurs soient blessés », rapporte Éric Vaillant.
Deux de ces blessés ont fait l’objet d’ITT respectives d’un jour et de douze jours. C’est ce dernier, un homme d’une vingtaine d’années, qui a été le plus sérieusement touché. Blessé à la tête, il a dû être hospitalisé après avoir été roué de coups de pied et de poing.
« Des propos racistes et homophobes » tenus lors du bal à Murinais ?
Les causes précises de ces deux rixes demeurent incertaines. « Des propos racistes et homophobes sont allégués dans chacun des deux camps qui se sont opposés, celui des participants à la soirée organisée par les jeunes agriculteurs d’un côté et celui d’habitants originaires d’un quartier sensible de Saint Marcellin de l’autre », indique par ailleurs le procureur.
Éric Vaillant, procureur de la République de Grenoble, a livré des premiers éléments sur l’enquête ouverte par le parquet et confiée aux gendarmes. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Les propos du magistrat démentent ainsi les rumeurs ayant établi un rapprochement avec le meurtre de Thomas à Crépol et évoquant des protagonistes domiciliés à Romans-sur-Isère. Selon les informations des enquêteurs, ceux-ci seraient bien originaires de Saint-Marcellin. Les gendarmes poursuivent néanmoins leurs investigations pour tenter d’identifier la totalité des auteurs de ces violences.
Laurent Wauquiez et Yannick Neuder en visite à Murinais, Élodie Jacquier-Laforge dénonce une « malheureuse récupération »
À la suite de la double rixe survenue dans la nuit du 25 au 26 mai 2024 dans la commune iséroise, Laurent Wauquiez s’est rendu à Murinais vendredi 31 mai. Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes était accompagné à cette occasion de Yannick Neuder, député de la 7e circonscription de l’Isère.
Un déplacement fustigé par Élodie Jacquier-Laforge. Dans un communiqué publié samedi 1er juin, la député MoDem de la 9e circonscription « regrette profondément la malheureuse récupération de ce drame » par les deux élus LR.
Elle déplore également les « nombreux propos diffusés par voie de presse [qui] ont hâtivement établi un rapprochement entre cet événement et le drame de Crépol ». Pour Élodie Jacquier-Laforge, « l’enquête étant encore en cours, le nombre d’auditions à réaliser étant important, il appartient au procureur et à lui seul de délivrer des informations sur ce qui s’est passé ».
La députée de la majorité présidentielle réitère d’ailleurs « sa confiance dans le travail d’enquête de la gendarmerie, dans la justice et au procureur de Grenoble ». « À l’heure où notre pays a plus que jamais besoin de cohésion et d’apaisement », elle appelle ainsi « chacun au calme et au respect du travail des enquêteurs ».
[Encadré ajouté le 1er juin 2024]