FLASH INFO – Des enquêteurs de la police judiciaire de Grenoble ont procédé à des perquisitions dans les locaux de la direction du Sdis de l’Isère (Service départemental d’incendie et de secours) à Grenoble, mais aussi dans la caserne de sapeurs-pompiers de Pont-de-Chéruy. Des opérations menées le mercredi 29 mai 2024, avec en toile de fond le suicide de Cyrille Minard, sergent-chef de la caserne du Nord-Isère, survenu le 8 février 2021. Placés en garde à vue, l’ancien directeur du Sdis 38 ainsi que le médecin-chef ont été mis en examen, vendredi 31 mai, pour “harcèlement moral” et “homicide involontaire”.
Deux mises en examen pour “harcèlement moral” et “homicide involontaire”
Placés en garde à vue, mercredi 29 mai, dans le cadre de l’enquête sur le suicide du sergent-chef Cyrille Minard, l’ancien directeur du Sdis 38 André Benkemoun et le médecin-chef du service ont été présentés, vendredi 31 mai, à une juge d’instruction, qui les a tous deux mis en examen pour “harcèlement moral” et “homicide involontaire”, a indiqué le procureur de la République de Grenoble Éric Vaillant, confirmant l’information du Dauphiné libéré.
Les deux suspects sont toutefois ressortis libres du palais de justice, aucune mesure de contrôle judiciaire n’ayant été prise à leur encontre par la magistrate. Les deux autres personnes auditionnées depuis mercredi sont elles aussi sorties libres à l’issue de leur garde à vue, mais en revanche, sans être poursuivies à ce stade.
[Encadré ajouté le 31 mai 2024]
[Article publié le 30 mai 2024 à 12 h 59 et mis à jour le 31 mai 2024 à 18 h 57 avec ajout encadré] Les perquisitions menées dans les locaux de la direction du Sdis de l’Isère et dans la caserne de Pont-de-Chéruy se sont accompagnées d’auditions, dont certaines sous le régime de la garde à vue, selon le Dauphiné libéré. Une information confirmée par le parquet de Grenoble, qui précise que l’enquête est menée sur commission rogatoire de deux juges d’instruction. Leur origine ? En juin 2023, le syndicat Sud SPP-Patts 38, auquel appartenait Cyrille Minard, avait déposé plainte pour homicide involontaire auprès du procureur de la République de Grenoble.
Des perquisitions ont été réalisées au Sdis 38 et à la caserne de sapeurs-pompiers de Pont-de-Chéruy dans le cadre d’une enquête faisant suite au suicide de Cyrille Minard en 2021. © Place Gre’net
Avant de commettre son geste fatal le 8 février 2021, le sergent-chef Cyrille Minard avait été en conflit ouvert avec la direction du Sdis, alors qu’il occupait la fonction de représentant du personnel au sein de la caserne de Pont-de-Chéruy. Des problèmes administratifs et un conflit sur les modalités d’exercice de son droit de grève qui avaient manifestement conduit le pompier à la dépression. En mars 2022, le tribunal administratif avait en effet établi le lien entre la maladie de Cyrille Minard et les tensions avec la direction.
C’est sur la base de cette victoire juridique (parmi d’autres) que le syndicat Sud s’était tourné vers la justice pénale, avec le soutien des autres organisations syndicales. Des manquements et dysfonctionnements en interne sont également pointés du doigt, les syndicats dénonçant un « management pathogène » au sein du Sdis 38, sur fond « d’usure psychologique par l’acharnement administratif et l’épuisement procédural », laissant « des dizaines d’agents en souffrance ».
Dans ce contexte, les syndicats avaient profité du départ à la retraite du directeur d’André Benkemoun en mars 2023 pour dire tout le mal qu’ils pensaient de lui. « Le contrôleur général Benkemoun laisse une trace indélébile de son passage, un mort », avaient-il écrit. Refusant de saluer « le départ d’un directeur départemental exemplaire », ils ajoutaient : « L’avenir dira s’il ne s’agissait pas plutôt de celui d’un délinquant en col blanc ».