REPORTAGE – Le 29 juillet 2018, une demi-heure avant le meurtre d’Adrien Perez, Diogo T. recevait un violent coup de poing lors d’une autre agression survenue à la sortie de la même discothèque, à Meylan. Cinq ans après les faits, le jeune homme de 23 ans souffre toujours d’une infirmité permanente. Jugé ce mardi 29 août 2023 par le tribunal correctionnel de Grenoble, son agresseur, âgé aujourd’hui de 25 ans, a été condamné à six mois de prison ferme aménageable sous bracelet électronique et dix-huit mois avec sursis. Une décision qualifiée de « juste » et « équilibrée » par les deux parties.
C’était « le même jour, au même endroit, que le décès d’Adrien Perez. Mais les deux faits sont totalement différents. Il n’y a pas de connexion, pas de lien et aucun rapprochement à faire. » La présidente a tenu à mettre d’entrée les points sur les i à l’ouverture du procès de Houari M., ce mardi 29 août. Prévenu de « violence suivie d’infirmité permanente », ce Grenoblois de 25 ans a été condamné par le tribunal correctionnel à six mois de prison ferme sous bracelet électronique, pour le violent coup de poing asséné à Diogo T., le 29 juillet 2018, à Meylan.
La marche blanche en l’honneur d’Adrien Perez, dont le meurtre, le 29 juillet 2018, à Meylan, a totalement occulté l’agression subie la même nuit par Diogo T., en sortant de la même discothèque. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Ce dernier sortait lui aussi de la discothèque Le Phœnix. Deux affaires sans aucun lien, donc. Pourtant, l’ombre d’Adrien Perez a plané sur les cinq ans de procédure comme sur l’audience. Le meurtre du jeune Isérois a en effet occulté l’agression subie une demi-heure plus tôt par Diogo T., à quelques dizaines de mètres de là. Et ce, malgré les conséquences dramatiques pour la victime, certes toujours en vie mais souffrant de séquelles irréversibles.
« Le coup est parti par instinct »
La rixe s’est produite vers 4 heures du matin, dans la nuit du 28 au 29 juillet 2018. Après avoir passé une « soirée banale » au Phœnix, Houari M. et son ami sont allés « se poser devant le McDo » jouxtant l’hypermarché Carrefour. Une altercation a alors éclaté sur le parking entre deux groupes de jeunes – pour la plupart alcoolisés – pour des motifs encore nébuleux, les déclarations des différents acteurs et témoins divergeant sur ce point.
L’agression s’est déroulée sur le parking du Carrefour de Meylan, devant le McDonald’s, à quelques dizaines de mètres de la discothèque Le Phœnix – située de l’autre côté de l’hypermarché – où le prévenu et la victime avaient passé la soirée. © Google Street View (capture d’écran)
Houari M. affirme, lui, être intervenu pour « essayer de séparer » les protagonistes. Que s’est-il passé ensuite ? Le procureur de la République adjoint Boris Duffau a décrit « un dialogue de coqs, de mâles, tête contre tête », entre le prévenu et Diogo T.. « Il a mis la main à la poche, j’ai pris peur », a raconté à la barre Houari M., qui craignait que l’autre jeune homme « sorte une arme » – il s’agissait en réalité de ses lunettes.
Le premier a alors adressé au second « un violent coup de poing », a indiqué la présidente. Diogo T. a immédiatement « chuté au sol, inconscient », sa tête cognant lourdement par terre. « Le coup est parti par instinct », s’est défendu l’agresseur présumé. « Avec le recul, je regrette ce geste. Je manquais de maturité », a‑t-il poursuivi. « J’espère qu’il me pardonnera. »
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