CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 64 du lundi 13 novembre 2023, retour sur la marche contre l’antisémitisme du dimanche 12 novembre.
Retrouvez ci-dessous la chronique RCF 64 sur la marche contre l’antisémitisme, et sa version radiophonique en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
« Aujourd’hui, nous allons parler de la marche contre l’antisémitisme qui s’est tenue à Grenoble. Dimanche 12 novembre, environ 4 000 personnes se sont retrouvées à l’occasion d’une marche à Grenoble pour dire « oui à la République et non à l’antisémitisme ».
Il s’agissait de la déclinaison d’un mouvement national, lancé à l’initiative de la présidente de l’Assemblée nationale et du président du Sénat. Ce en réponse à la hausse des actes antisémites observée en France depuis le massacre de civils israéliens le 7 octobre 2023.
La France insoumise dénonce la marche
Cette marche n’a pas fait l’unanimité. Au niveau national, tout le monde a pu suivre le psychodrame entre La France insoumise et les autres formations de gauche. Pour le parti de Jean-Luc Mélenchon, pas question de défiler dans une manifestation perçue comme un soutien à la riposte d’Israël, qui a d’ores et déjà causé de milliers de morts de civils.
Cette division s’est retrouvée au niveau local. On sait pourtant que des conseillers départementaux LFI comme Sophie Romera et Simon Billouet avaient pris leurs distances avec la position de leur parti, en parlant « d’actes terroristes » pour désigner les attaques du 7 octobre. Cela alors même que Jean-Luc Mélenchon et ses proches refusent toujours de parler de terrorisme quand il s’agit d’évoquer le Hamas.
Pour autant, La France insoumise Isère a clairement fait savoir dans un communiqué qu’elle ne participerait pas à la marche grenobloise contre l’antisémitisme. Ce tout en accusant Israël de « crimes contre l’humanité » et de « nettoyage ethnique », en reprenant cette fois les éléments de langage de leur direction nationale.
Les réserves du PCF 38
Le PCF 38 a lui aussi émis des réserves. Pour une autre raison : la possible présence d’élus du Rassemblement national ou de Reconquête à la manifestation. Le PCF Isère considérait ainsi qu’à quelques jours du 80e anniversaire de la Saint-Barthélémy grenobloise – ce vaste coup de filet meurtrier contre des résistants perpétré le 30 novembre 1943 -, il serait inconcevable de défiler aux côtés du RN. Un parti, dont l’ancêtre, le Front national, comptait parmi ses fondateurs un ancien milicien.
Idem pour le parti Reconquête, dont le leader Éric Zemmour a repris la thèse selon laquelle Philippe Pétain aurait sauvé des Juifs, ce que les historiens contestent formellement.
Les communistes ont finalement participé à la marche, après avoir demandé des éclaircissements aux parlementaires isérois qui appelaient au rassemblement. Sans oublier d’accuser le RN et Reconquête « d’attiser les haines et les divisions pour faire advenir leur projet ethno-racialiste ».
Sommes-nous face à une irrémédiable division ? On peut se le demander en tout cas, quand quelque chose d’aussi basique que dire non à l’antisémitisme se heurte à des arguties ou à des récupérations politiques, tous bords confondus.
Face à l’extrême complexité du conflit israélo-palestinien sur lequel, soit dit en passant, aucun élu isérois n’a de prise, un peu d’humilité et une réaffirmation des fondamentaux seraient les bienvenues. »
Chaque lundi midi, retrouvez la chronique L’Écho des médias sur RCF Isère (103.7 FM à Grenoble) en partenariat avec Place Gre’net. (Cliquer sur l’image pour accéder à toutes les chroniques.)