EN BREF – Un aigle royal, espèce protégée depuis 1976, a été retrouvé blessé par un tir de plomb à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs (Isère) et recueilli, le 20 novembre 2022, par le centre de soins pour la faune sauvage Le Tichodrome. Depuis le début de l’année, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) a recensé vingt-trois rapaces victimes d’empoisonnement ou de tirs dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les deux associations vont porter plainte.
« Ce tir est criminel et inacceptable. Nous demandons que l’auteur des faits, s’il vient à être découvert, soit sévèrement puni. » Marie-Paule de Thiersant, présidente de la LPO Auvergne-Rhône-Alpes, est aussi choquée qu’ulcérée. Et pour cause ! Un aigle royal victime d’un tir illégal a en effet été retrouvé sérieusement blessé sur la commune de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs (Isère), le 22 novembre 2022, avant d’être recueilli par Le Tichodrome, basé au Gua.
Sur la radiographie, on distingue le plomb reçu par l’aigle royal, qui lui a causé une fracture ouverte de l’humérus droit. © Le Tichodrome
D’après la radiographie réalisée dans la foulée, « cet aigle royal a reçu au moins un plomb, entraînant une fracture ouverte de l’humérus droit. Dans la chute provoquée par ce tir, il a subi un violent choc frontal au niveau du crâne, entraînant une atteinte des deux yeux », décrivent les deux associations, dans un communiqué commun publié ce mercredi 30 novembre.
« Si cet individu survit, il ne sera pas relâché avant plusieurs mois »
Le rapace a subi une opération de l’aile par l’un des vétérinaires spécialistes collaborant avec Le Tichodrome. Le centre de soins reste toutefois « prudent sur le diagnostic de l’animal, immobilisé pour permettre la consolidation de son humérus. L’évolution de ses atteintes oculaires est également surveillée de près », précise-t-il.
Mireille Lattier, directrice du Tichodrome, évalue le coût de la convalescence à plus de 2 000 euros, entre les frais liés aux soins (traitements et produits vétérinaires), le temps passé en clinique et au centre de soins, les frais de nourriture… Et ce, « alors que cette cause d’entrée est clairement criminelle et volontaire », s’indigne-t-elle.
L’aigle royal étant, comme tous les rapaces, une espèce protégée en France depuis 1976, sa destruction par tir ou empoisonnement est strictement interdite par la loi. © Ollivier Daeye
En outre, poursuit Mireille Lattier, « si cet individu survit, il ne sera pas relâché avant plusieurs mois en fonction de la vitesse de sa convalescence ». L’aigle blessé va donc « louper la prochaine saison de reproduction de son espèce », déplore la directrice.
Une espèce protégée depuis 1976 en France et classée « vulnérable » en Isère
Comme tous les rapaces, l’aigle royal est pourtant intégralement protégé depuis 1976 en France. Sa destruction par tir ou empoisonnement est ainsi strictement interdite par la loi. La LPO de l’Isère l’a d’ailleurs classé espèce « vulnérable » dans le département, en 2016, sur la base des critères de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN).
La LPO AuRA et Le Tichodrome vont donc porter plainte conjointement, « comme après chaque découverte d’oiseau protégé victime de tir en Isère ». Car ce cas est malheureusement loin d’être isolé. Cet aigle royal est en effet le dixième oiseau d’espèce protégée reçu en 2022 au Tichodrome pour tir. Et le vingt-troisième rapace victime d’empoisonnement ou de tirs en Auvergne-Rhône-Alpes, depuis le début de l’année, selon le triste décompte de la LPO.