FOCUS – La France détient un record d’Europe dont elle peut difficilement s’enorgueillir : celui du nombre d’espèces qu’il est possible d’y chasser. Un état de fait qui passe mal auprès des associations de protection de la nature et plus généralement des défenseurs de la biodiversité. En face, les chasseurs et leurs soutiens, notamment politiques, entendent bien ne rien lâcher sur le terrain.
« Dans nos montagnes, la chasse d’espèces comme le lagopède et la perdrix blanche se poursuit. Si on continue, en 2050, il n’y en aura plus », se désole Marie-Paule de Thiersant, présidente de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Auvergne-Rhône-Alpes. Avant de se désoler qu′« on chasse aussi la marmotte dans certaines communes. »
À ce sujet, l’Association justice pour les animaux de Savoie (AJAS) a lancé, fin août 2022, une pétition pour exiger l’interdiction de la chasse à la marmotte, qui a repris le 11 septembre 2022 avec l’ouverture de la chasse. Alors que sa population est en déclin, la marmotte continue en effet d’être chassée dans certains départements, « comme en Savoie où plus de 400 animaux sont tués » chaque saison.
Par ailleurs, un collectif de dix-huit ONG a également appelé, dans une tribune parue le 10 septembre 2022 dans Le Monde, à interdire la chasse de ce rongeur protégé par la Convention de Berne. Un traité international que la France a pourtant ratifié en 1990 et qui est « censé assurer la conservation de la faune sauvage », rappellent les signataires.
« Il faudrait arrêter la chasse d’espèces menacées »
Il faudrait donc surtout, implore la présidente de la LPO AuRA, « arrêter la chasse d’espèces menacées figurant sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) ». Mais sur le terrain, la situation ne pousse guère à l’optimisme.
Ce 22 août 2022, le Centre de soins pour la faune sauvage Le Tichodrome, situé au Gua (Isère), a ainsi récupéré un circaète Jean-le-Blanc blessé par des plombs de chasse. Une espèce pourtant protégée depuis 1976, comme tous les rapaces. « C’est le huitième oiseau protégé victime de tir reçu par Le Tichodrome en 2022″, s’alarme la directrice de l’association Mireille Lattier… Soit « autant que durant toute l’année 2021″, alors que la saison de chasse n’a même pas encore débuté.
Déjà 100 000 signatures pour interdire en Isère la vénerie sous terre du blaireau
Les associations de protection de la nature ont néanmoins obtenu une « petite victoire » récemment en Isère. Dans son nouvel arrêté relatif à la chasse pour la campagne 2022 – 2023, signé le 20 juin 2022, le préfet n’a en effet pas autorisé la période complémentaire de vénerie sous terre du blaireau, prévue initialement du 1er juillet au 14 septembre 2022 et du 15 au 29 juin 2023.
Une pratique décriée pour sa cruauté et consistant à traquer l’animal dans son terrier, avant de l’attraper avec une pince métallique, puis de l’achever à l’arme blanche. Satisfaite de la décision préfectorale, FNE Isère espère maintenant obtenir l’interdiction totale de la vénerie sous terre du blaireau, également demandée par le sénateur écologiste de l’Isère Guillaume Gontard ainsi que par les députés insoumis.
Ce dimanche 11 septembre, une pétition réclamant « l’interdiction du déterrage des blaireaux », déposée fin mars sur le site du Sénat, a d’ailleurs dépassé le seuil symbolique des 100 000 signatures. Conséquence : celle-ci sera examinée par le Sénat.
La Conférence des présidents – qui se réunira le 21 septembre – pourra par exemple décider la création d’une mission de contrôle, l’inscription à l’ordre du jour d’un texte législatif, un débat en séance publique à propos d’espèces chassés…
Le grand tétras a aujourd’hui totalement disparu des Alpes
Autre lueur d’espoir pour les associations, le projet d’arrêté suspendant la chasse du grand tétras en France pour une durée de cinq ans. C’est le Conseil d’État qui, par une décision du 1er juin 2022, a enjoint le ministère de l’Écologie de prendre cet arrêté, estimant que « la chasse du grand tétras n’est pas compatible avec le maintien de l’espèce », aujourd’hui « en mauvais état de conservation ».
« Autrefois appelé Grand coq de bruyère, cet oiseau emblématique des forêts de conifères en montagne a aujourd’hui totalement disparu des Alpes, est très fortement menacé dans le Jura et les Vosges et a perdu 80 % de ses effectifs depuis 1960 dans les Pyrénées, où subsistent à peine environ 2 000 coqs », s’inquiète en effet la LPO. Laquelle soutient ce projet de moratoire, réclamé de longue date par de nombreuses associations de protection de la nature.
Mais la mesure, soumise à consultation publique jusqu’au 10 août 2022, devra surmonter les réticences des fédérations de chasse qui « appellent leurs adhérents à s’opposer à l’adoption du moratoire », tance la LPO.
Un projet qui a en outre suscité, le 20 juillet 2022, un vote défavorable du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage (CNCFS)… Ce qui, pour l’association, reflète « le déséquilibre dans la composition de cette instance partiale où les chasseurs sont surreprésentés » (aux côtés d’acteurs scientifiques et associatifs).
La justice suspend la chasse au cerf sur les Hauts plateaux du Vercors
Autre dossier chaud, le tribunal administratif de Grenoble a donné raison, jeudi 8 septembre 2022, à l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) et à la Frapna Drôme, qui s’opposaient à la réouverture de la chasse au cerf dans la réserve naturelle des Hauts plateaux du Vercors.
Le Département de l’Isère, propriétaire d’une parcelle de 4 000 hectares depuis 1990, avait en effet été autorisé par la FDCI à pratiquer la chasse au cerf élaphe – via une association de chasse – afin de réguler la population.
Mais pour les associations, cette régulation ne s’appuyait sur aucune étude scientifique. Le juge des référés a donc suspendu « l’exécution de la décision du 21 juin 2022, par laquelle la Fédération départementale des chasseurs de l’Isère a fixé l’attribution d’un plan de chasse annuel, pour la campagne 2022/2023 sur le territoire “CP La grande cabane – Le jas neuf”, sur les communes de Chichilianne et de Gresse-en-Vercors ». Le jugement sur le fond interviendra quant à lui dans les prochains mois.
8 réflexions sur « Chasse d’espèces fragiles ou en déclin : le grand débat entre chasseurs et défenseurs de la biodiversité »
Il est insupportable de voir des gens qui en majorité n’ont passé aucun examen pour l’utilisation d’une arme à feu, tirer sur des espèces en déclin ou même protégée.
Il ne restera plus rien dans la nature, il serait grand temps que ces sénateurs arrêtent de soutenir les chasseurs à tous massacrer
La chasse n’est en aucun cas responsable de la diminution du nombre d’oiseaux. Penchez vous sur les remontée mécanique des skieurs
Le dérangement permanent d’une surpopulation de randonneurs été comme hivers etc…
Et qui va s’occuper des comptage le l’aménagement des places de champs ???????plus les chasseurs qui prélèvement de façon sporadique quelques oiseaux .
Peut être les associations anti chasse à grandcoup de de subvention de l’état.
Il semble tout de même que des oiseaux menacés de disparition soient victimes de tirs de chasse… https://actu.fr/faits-divers/des-oiseaux-menaces-de-disparition-tues-lors-de-l-ouverture-de-la-chasse-en-baie-de-somme_53322499.html
Si les chasseurs ne s’occupent pas de ces animaux ceux-ci disparaîtront à coup sûr le lynx étant le premier prédateur du coq de bruyère le loup du chamois du mouflon du cerf seuls les chasseurs défendent la biodiversité ils sont sur le terrain
Le lynx et le loup font aussi partie de la biodiversité.
Le 22 aout aucune chasse au plomb n’est autorisée en Isère, il y a peu de chances que ce soit un chasseur qui ai blessé ce circaète.
Le blaireau créé d’énormes dégâts aux cultures. De moeurs nocturnes, il ne peut être chassé, finalement, ce sont surtout les agriculteurs qui vont payer la note mais eux aussi ont l’habitude.
Les cervidés posent de tres gros problèmes aux forestiers partout en france, ils militent pour une augmentation importante des plans de chasse. La aussi, laissons les forestiers payer la note, on n’a pas non plus besoin de ces gens la, la nature sait tres bien s’occuper seule de ses problèmes comme a la teste de buch ou les incendies se nourrissent du défaut d’entretien, position défendue politiquement par certains groupes
Sur les espèces, savez vous seulement qui effectue les comptages, qui entretient et défend les espaces indispensables a la reproduction : encore une fois ces imbéciles de chasseur. Il est vrai que c’est beaucoup de travail, mais ça c’est une valeur peu partagée au regard de certaines declarations recentes.
S’il vous plait, ne faites pas d’affirmations a l’emporte pièce, intéressez vous…si vous le souhaitez
Favoriser la biodiversité ne se pratique pas dans un fauteuil.
Qui d’autre que les chasseurs pour apporter eau et nourriture ? Et celà ne profite pas qu’au gibier mais également aux oiseaux chassables ou pas, aux insectes.…
Est ce qu’il vaut mieux un désert où les chasseurs ne tuent rien ou prélever un certain nombre d’animaux en assurant le maintien des populations ?