FOCUS - La polémique enfle à Grenoble, à l'approche de la délibération sur l'autorisation du burkini dans les piscines municipales, prévue lors du conseil municipal du 16 mai 2022. Ce mercredi 11 mai, 40 maires et 27 élus métropolitains, de droite comme de gauche, ont ainsi signé un appel demandant à Éric Piolle de renoncer à sa décision. Un texte qui s'ajoute aux multiples réactions exprimées chaque jour par les opposants au burkini. De l'autre côté, une centaine de personnalités nationales ont paraphé une tribune de l'Alliance citoyenne défendant le changement du règlement intérieur des piscines.
[Article mis à jour samedi 14 mai 2022, à 2 h 30] La démarche est aussi rare que significative. À quelques jours du conseil municipal du lundi 16 mai 2022, 40 maires et 27 élus métropolitains (voir encadré) ont signé, ce mercredi 11 mai, un texte appelant Éric Piolle à retirer sa délibération sur le changement du règlement intérieur des piscines municipales. Une modification visant, pour rappel, à autoriser le port du burkini. Lequel suscite une controverse croissante, comme l'illustrent les tribunes, pétitions, lettres ouvertes et communiqués qui se multiplient depuis quelques jours.
Le conseil municipal doit décider ce lundi 16 mai 2022 d'une éventuelle modification du règlement intérieur des piscines municipales autorisant notamment le port du burkini. © Séverine Cattiaux - Place Gre'net
Parmi les élus métropolitains signataires de l'appel, figurent des personnalités de tous bords. Un large spectre allant de la gauche (le président de la Métropole et maire de Pont-de-Claix Christophe Ferrari ou celui de Meylan Philippe Cardin) à la droite (Bertrand Spindler à La Tronche ou Christophe Revil à Claix), en passant par LREM (Fabrice Hugelé, maire de Seyssins) ou le Modem (Franck Longo à Fontaine) - liste non exhaustive.
Un appel qui transcende les clivages politiques traditionnels
Cette alliance de circonstance entre adversaires politiques fournit une preuve supplémentaire, s'il en fallait, que le sujet transcende aujourd'hui les clivages politiques traditionnels. Seuls manquent ainsi une poignée d'édiles, comme les maires communistes d'Échirolles et de Saint-Martin-d'Hères ou leur homologue écologiste de Saint-Égrève.
Quelque 40 maires et 23 élus métropolitains, dont Christophe Ferrari, président de la Métropole et maire de Pont-de-Claix, et Franck Longo, maire de Fontaine, ont signé une tribune appelant Eric Piolle à retirer sa délibération. © Florent Mathieu - Place Gre'net
"Le débat sur le burkini nous est imposé par des groupes minoritaires dont le seul objectif est de tester en permanence la sensibilité de nos institutions au fait religieux", écrivent les signataires, qui "refusent de voir ce débat ravivé par l’initiative d’une commune, la Ville de Grenoble, qui demande en parallèle le transfert de ses équipements à la Métropole. Nous refusons de mettre en porte à faux l’ensemble des maires de la Métropole qui seront, de la même façon, demain, sommés de se positionner", ajoutent-ils.
"Permettre des différences de tenues de bain fondées sur la pratique religieuse, quelle que soit cette religion, détruirait cet espace de liberté, d’égalité et de fraternité, cet espace éminemment républicain."
Pour ces élus, "l’indépendance des Églises et de l’État garantit à chacune et à chacun le droit de croire ou de ne pas croire, et d’exprimer ou non sa foi dans l’espace public, dans le cadre de la loi". Or, poursuivent-ils, les règlements intérieurs des piscines tiennent compte "de contraintes multiples afin de permettre au plus grand nombre d’accéder aux bassins. Ils font de nos piscines publiques des espaces au sein desquels chacun peut s’extraire ne serait-ce que temporairement de toute assignation communautaire."
Dans la nuit du 5 au 6 mai 2022, une statue d'un buste de femme a été recouverte d'un burkini, certainement par des opposants anonymes à la délibération. © Florent Mathieu - Place Gre'net
Par conséquent, "permettre des différences de tenues de bain fondées sur la pratique religieuse, quelle que soit cette religion, détruirait cet espace de liberté, d’égalité et de fraternité, cet espace éminemment républicain", concluent les signataires. Et ces derniers de demander au maire de Grenoble de "retirer cette délibération".
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