FOCUS — Le maire de Grenoble Éric Piolle est renvoyé devant le tribunal correctionnel de Valence dans le cadre de l’affaire de la Fête des Tuiles. Cinq autres responsables de la Ville de Grenoble ou de l’association Fusées, soupçonnée d’avoir bénéficié de favoritisme, sont également convoqués devant les juges.
Le maire de Grenoble Éric Piolle est renvoyé en correctionnelle dans le cadre de l’affaire de la Fête des Tuiles, sur fond de soupçons de favoritisme. Une information que l’élu a indiquée de lui-même au cours d’une conférence de presse ce mardi 28 septembre 2021 dans l’après-midi. Conférence à laquelle ont notamment assisté France Bleu et Le Dauphiné libéré mais pas Place Gre’net, qui a été délibérément écarté de cette séquence de communication initiée par l’entourage direct du maire1Joint par téléphone, le service presse de la Ville de Grenoble a indiqué ne pas être à l’origine de cette conférence improvisée.. Et ce alors que Place Gre’net s’était fait l’écho des soupçons pesant sur l’organisation de cette Fête des Tuiles dès 2016…
La justice s’intéresse aux conditions d’attribution de l’organisation des Fêtes des Tuiles 2015 et 2016 à l’association Fusées, celle-là même qui avait participé à la campagne du candidat Piolle en 2014. Une enquête avait été ouverte en 2018, qualifiée alors « d’attaque politique » par l’élu grenoblois. En juin 2021, la même enquête lui a valu d’être placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Valence.
Un renvoi en correctionnelle prévu le 1er mars 2022
C’est également devant le tribunal correctionnel de Valence qu’Éric Piolle est renvoyé, la date de l’audience étant fixée au 1er mars 2022. Il n’est pas seul mis en cause : cinq autres personnes seraient également convoquées à en croire Le Dauphiné libéré. Dont le responsable de l’association Fusées, Pascal Auclair, soutien d’Éric Piolle en 2014. Ou l’ancien directeur de la communication de la Ville de Grenoble, Erwan Lecœur.
Interrogé par France Bleu sur son renvoi en correctionnelle, le maire de Grenoble joue la carte de la sérénité. « C’était une décision prise par toute une chaîne administrative. Je suis le chef de cette administration, il est normal que cela soit moi qui doive en répondre », indique-t-il. Tandis qu’un communiqué de la Ville de Grenoble fait état d’un « litige technique » et « d’un débat technique et juridique ».
Le service des marchés publics avait refusé son donner son visa
Ce n’est pourtant pas ce que disait la Chambre régionale des comptes (CRC) dans son rapport de 2018 sur la gestion de la Ville de Grenoble, rapport dont nous nous étions alors fait l’écho. « Le service des marchés publics, qui effectue un contrôle préalable des procédures de publicité et de mise en concurrence organisées par les services municipaux, a exceptionnellement refusé de donner son visa, la procédure ayant été menée par la direction de la communication, sans publicité ni mise en concurrence », soulignaient ainsi les magistrats lyonnais dans leur rapport.
Une direction de la communication alors conduite par Erwan Lecœur, qui avait pris la main sur le dossier de la fête des Tuiles. Le directeur, qui a quitté son poste en novembre 2017, était d’ailleurs également épinglée par la CRC, comme nous le relations en 2018.
La Ville maintient en tout cas son système de défense. « Dans sa réponse au rapport de la Chambre régionale des comptes, la Ville a rappelé que le choix du prestataire a été effectué en conformité avec les règles qui régissent la commande publique et qui prévoient un marché public à procédure adaptée pour une prestation artistique », réaffirme ainsi la municipalité. Qui prend acte de la différence d’appréciation du parquet de Valence, et annonce se constituer partie civile « pour défendre ses intérêts ».