Manifestations contre les lois liberticides le samedi 16 janvier 2021 à Grenoble. © Tim Buisson – Place Gre’net

Grenoble : plu­sieurs cen­taines de per­sonnes à nou­veau dans la rue pour dénon­cer les « lois liberticides »

Grenoble : plu­sieurs cen­taines de per­sonnes à nou­veau dans la rue pour dénon­cer les « lois liberticides »

REPORTAGE – Plus de 80 mobi­li­sa­tions ont eu lieu par­tout en France, ce samedi 16 jan­vier, pour pro­tes­ter contre les lois dites « liber­ti­cides ». En l’oc­cur­rence, la loi sécu­rité glo­bale, la loi de pro­gram­ma­tion de la recherche et la loi sépa­ra­tisme. À Grenoble, où les mani­fes­ta­tions s’en­chaînent depuis novembre, plu­sieurs cen­taines de per­sonnes ont ainsi battu le pavé pour faire part de leur inquié­tude et leur colère.

La première mobilisation contre la loi sécurité globale remonte à novembre 2020.© Tim Buisson – Place Gre’net

La pre­mière mobi­li­sa­tion contre la loi sécu­rité glo­bale remonte à novembre 2020.© Tim Buisson – Place Gre’net

« Je pense que la loi de sécu­rité glo­bale et toutes les mesures sécu­ri­taires qui sont en train de pas­ser en ce moment sont vrai­ment extrê­me­ment liber­ti­cides, tem­pête Kim du col­lec­tif anti-répres­sion 38. C’est un gros pas en avant vers un régime tota­li­taire et il faut com­battre ça pour ne pas que ça arrive. »

Nouvelle année et nou­velle mobi­li­sa­tion dans les rues de Grenoble ce samedi 16 janvier.

Mais tou­jours les mêmes mots d’ordre : défendre les liber­tés et dénon­cer les vio­lences poli­cières. Un mou­ve­ment natio­nal relayé à Grenoble par plu­sieurs orga­ni­sa­tions1Solidaires, CNNR Grenoble, Union com­mu­niste liber­taire, Unef Grenoble, La France insou­mise, CGT, NPA, Jeunes Insoumis, Fridays for future, PCF, CAR 38, Droit au loge­ment, Union natio­nale des lycéens, UEC Grenoble….

Ni le froid hiver­nal, ni l’im­po­sant dis­po­si­tif poli­cier, avec fouille des sacs à l’en­trée, n’ont réussi à décou­ra­ger plu­sieurs cen­taines de per­sonnes qui s’é­taient donné ren­dez-vous place de Verdun. Initialement prévu à 16 heures, le ras­sem­ble­ment a tou­te­fois été avancé à 14 heures. Couvre-feu oblige.

Des lois qui inquiètent

Michel, militant au NPA, est mobilisé depuis novembre contre les "lois liberticides". © Tim Buisson – Place Gre’net

Michel, mili­tant au NPA, se mobi­lise depuis novembre contre les « lois liber­ti­cides ». © Tim Buisson – Place Gre’net

« La vraie démo­cra­tie, elle est ici ! Et la loi sécu­rité ? On va la reti­rer ». Dans les haut-par­leurs, les slo­gans s’enchaînent. Quelques effluves de vin chaud se font sen­tir. Les tra­di­tion­nels dra­peaux poli­tiques et syn­di­caux sont de sor­tie. Dans le cor­tège, deux mini­bus dif­fusent de la musique techno, devant les­quels les mani­fes­tants dansent.

« On est encore là sur un sujet très impor­tant : nos liber­tés démo­cra­tiques et publiques. La loi Sécurité glo­bale attaque fron­ta­le­ment nos liber­tés avec une série de mesures qui ont été adop­tées », se désole Michel, mili­tant au NPA. Alors, ce mou­ve­ment est l’oc­ca­sion de rendre visible les dan­gers de ces lois, selon lui.

Et rien de mieux qu’un défilé pour se faire voir et se faire entendre. Peu avant 15 heures, les mani­fes­tants ont ainsi remonté la rue Lesdiguères, avant de tour­ner à gauche sur le bou­le­vard Gambetta. Puis de nou­veau tour­ner à gauche sur le bou­le­vard Maréchal-Joffre pour reprendre la direc­tion de la place de Verdun en pas­sant par Chavant.

Les manifestants ont défilé dans les rues de Grenoble. © Tim Buisson – Place Gre’net

Les mani­fes­tants ont défilé dans les rues de Grenoble. © Tim Buisson – Place Gre’net

Début décembre, le minis­tère de l’Intérieur a publié trois décrets qui étendent le fichage poli­cier aux « opi­nions poli­tiques ». Les mani­fes­tants craignent un contrôle mas­sif de leur orien­ta­tion syn­di­cale, idéo­lo­gique ou poli­tique. « L’État est en train de muse­ler clai­re­ment la capa­cité de la démo­cra­tie à pou­voir s’ex­pri­mer », s’in­surge Benjamin Moisset, secré­taire de Solidaires 38. Des décrets que dénoncent éga­le­ment les orga­ni­sa­tions syn­di­cales et asso­cia­tives de retrai­tés qui se sont jointes à la manifestation.

Un contexte sani­taire défa­vo­rable aux mobilisations

La majo­rité des jeunes pré­sents marchent en tête de cor­tège der­rière les ban­de­roles. « Je suis là pour que l’on s’organise afin de por­ter une riposte sociale face aux lois liber­ti­cides », insiste Lou, lycéenne et mili­tante à la CNT mais aussi à l’Union com­mu­niste liber­taire. Le confi­ne­ment et le couvre-feu rendent les cours dif­fi­ciles à suivre. « On va pas­ser des épreuves du bac dans quelques semaines et per­sonne n’est pré­paré », s’a­gace Lou. Qui affirme ne pas avoir l’im­pres­sion d’être enten­due par l’État. Ce alors que le mal-être des étu­diants s’accentue.

Les manifestants craignent que les lois portent atteinte à leurs libertés. © Tim Buisson – Place Gre’net

Les mani­fes­tants craignent que les lois portent atteinte à leurs liber­tés. © Tim Buisson – Place Gre’net

La crise du coro­na­vi­rus pèse aussi sur la mobi­li­sa­tion. « Le gou­ver­ne­ment uti­lise le contexte sani­taire pour empê­cher les mani­fes­ta­tions et ça l’ar­range bien !, s’a­gace Kim. Mais on ne va pas se lais­ser faire ». Un point de vue que par­tage Émilie Marche, conseillère régio­nale La France insou­mise en Auvergne Rhône-Alpes. « Encore une fois, on pro­fite d’une crise pour atteindre nos droits. C’est du grand clas­sique, ça a com­mencé avec Pinochet, donc c’est pas nou­veau », juge-t-elle.

Pour l’é­lue, le gou­ver­ne­ment devrait d’a­bord s’at­ta­quer aux ques­tions éco­no­miques et sociales. « Au mois d’oc­tobre, il y avait trente plans de licen­cie­ment par semaine et, là, bizar­re­ment, on n’en­tend rien. Ce sont des gens sur le car­reau, des vies bri­sées et une indus­trie qui part », s’in­surge Émilie Marche. Qui craint que le couvre-feu avancé à 18 heures n’ac­cen­tue encore les dif­fi­cul­tés au niveau économique.

Maintenir la pres­sion pour contrer les « lois liberticides »

Chez les mani­fes­tants, la déter­mi­na­tion reste la même après plu­sieurs jour­nées de mobi­li­sa­tion. « Ce qui m’in­quiète c’est la prise de contrôle très claire de l’État sur la capa­cité de la popu­la­tion à pou­voir user de son droit d’ex­pres­sion », redoute Benjamin Moisset, au volant de la voi­ture de tête.

Emilie Marche, conseillère régionale la France Insoumise. © Tim Buisson – Place Gre’net

Émilie Marche, conseillère régio­nale la France Insoumise. © Tim Buisson – Place Gre’net

La conseillère régio­nale Émilie Marche espère que le mou­ve­ment per­met­tra d’in­flé­chir la poli­tique gou­ver­ne­men­tale. Elle sou­haite que l’op­po­si­tion retrouve des forces. « On a besoin de puis­sance poli­tique et de régu­ler, explique-t-elle. Notamment dans le sec­teur de la santé, mobi­lisé depuis presque un an.

« Dans les hôpi­taux, les infir­miers, les soi­gnants n’ont tou­jours rien eu, constate l’é­lue. On ne rouvre pas de postes et on conti­nue à fer­mer des lits. C’est juste impen­sable et pas pos­sible ».

Elle voit dans ce mou­ve­ment une crise démo­cra­tique. « L’Assemblée natio­nale ne joue pas son rôle de contre-pou­voir mais sert uni­que­ment à vali­der les déci­sions d’Emmanuel Macron », s’a­gace-t-elle. D’autres mobi­li­sa­tions sociales sont d’ores et déjà pré­vues. La pro­chaine concerne le sec­teur de l’é­du­ca­tion, mardi 26 jan­vier. « On garde le moral, on sait que l’on peut gagner », veut croire Benjamin Moisset, le secré­taire de Solidaires 38.

Tim Buisson

  • 1 Solidaires, CNNR Grenoble, Union com­mu­niste liber­taire, Unef Grenoble, La France insou­mise, CGT, NPA, Jeunes Insoumis, Fridays for future, PCF, CAR 38, Droit au loge­ment, Union natio­nale des lycéens, UEC Grenoble…

Les mili­tants du Dal éga­le­ment pré­sents à la mani­fes­ta­tion contre les « lois liberticides »

Les militants du Droit au logement ont déployé une banderole pour demander la réquisition des logements vacants. © Tim Buisson – Place Gre’net

Les mili­tants du Droit au loge­ment ont déployé une ban­de­role pour deman­der la réqui­si­tion des loge­ments vacants. © Tim Buisson – Place Gre’net

Les annonces de la mai­rie de Grenoble n’au­ront pas réussi à satis­faire les mili­tants du droit au loge­ment (Dal). La Ville s’est pour­tant enga­gée, jeudi 14 jan­vier 2021, à « mettre à l’a­bri » les occu­pants d’un immeuble vacant du quar­tier de l’Abbaye.

Une solu­tion tem­po­raire qui ne convient pas aux mili­tants. Le Dal a ainsi défilé en déployant une grande ban­de­role de plu­sieurs dizaines de mètres sur fond jaune pour récla­mer la réqui­si­tion des loge­ments pour loger les familles. « De l’air, de l’air, ouvrez les volets verts », ont scandé les militants.

Ils en ont pro­fité pour faire signer aux pas­sants la péti­tion qui demande à la mai­rie de réta­blir les fluides. À savoir, l’élec­tri­cité, le chauf­fage et le gaz.

Tim Buisson

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