FOCUS – Ce vendredi 9 octobre 2020, Lionel Beffre, préfet de l’Isère, tenait une conférence à la préfecture sur la situation départementale liée au coronavirus. Aux côtés d’Aymeric Bogey, directeur de la délégation départementale de l’Agence régionale de santé, il a présenté les nouvelles mesures au regard de l’état d’alerte maximale.
Conférence de presse à la préfecture de l’Isère sur les mesures contre le coronavirus © Laure Gicquel – Place Gre’net
Ce jeudi 8 octobre, Olivier Véran présentait les dernières consignes nationales relatives à la gestion de l’épidémie de Covid-19. Ce vendredi 9, c’était au tour du préfet de l’Isère, Lionel Beffre, d’annoncer leur déclinaison à l’échelle du département.
Grenoble a été placée en zone d’alerte maximale face au coronavirus. Ce, face à une situation sanitaire qui dépasse les seuils d’alerte nationaux depuis plusieurs jours.
Aujourd’hui, le taux de positivité, de 14,7% dans le département de l’Isère, atteint 18,19% dans la métropole grenobloise. Si le préfet relativise ces chiffres, car « une stratégie de dépistage des prioritaires » a été mise en place, le taux d’incidence grimpe également. Celui-ci, considéré plus pertinent, représente le nombre de nouveaux cas de coronavirus sur une période donnée. Dans le département, il est de 188 cas positifs pour 100 000 habitants.
Une situation qui se dégrade plus vite à Grenoble
Cependant, au sein de la Métro, le chiffre explose : 291 malades pour 100 000 habitants. Les trois indicateurs retenus pour passer à l’alerte maximale sont désormais au rouge. L’un d’entre eux est un taux d’incidence de 250 cas pour 100 000 habitants. Le second – moins de 100 personnes âgées contaminées pour 100 000 – est franchi. Grenoble est désormais à 136. Enfin, le dernier seuil correspond à plus de 30% des lits en réanimation occupés par les patients Covid. Or sur 75 lits, 31 sont actuellement employés à cet effet.
Lionel Beffre, préfet de l’Isère © Laure Gicquel – Place Gre’net
Dès lundi 12 octobre minuit, le port du masque – déjà obligatoire à Grenoble, Saint-Martin‑d’Hères, Fontaine, Eybens et Échirolles – sera imposé dans toutes les villes de l’Isère de plus de 10 000 habitants. À savoir de nombreuses communes de l’agglomération : Meylan, Seyssinet-Pariset, Sassenage, Saint-Égrève, Le Pont-de-Claix, Voiron… Déjà 600 personnes ont été verbalisées pour non-port du masque en Isère et les contrôles vont augmenter.
La location ou le prêt de salles devient par ailleurs interdite dans tout le département, afin de dissuader les rassemblements, que ce soit pour des évènements festifs ou familiaux. Le préfet de l’Isère publiera une liste des évènements autorisés. À noter toutefois : hors métropole, les activités associatives peuvent se tenir, à condition de ne pas dépasser une jauge de trente personnes. Sachant que les buvettes et autres points de restauration en position debout sont interdits.
Quelles mesures pour la métropole ?
Une partie des mesures, qui entrent en vigueur vendredi 9 octobre à partir de minuit, concernent spécifiquement la métropole grenobloise. Les rassemblements de plus de dix personnes, déjà interdits depuis le 26 septembre sur la voie publique et dans les lieux ouverts au public, le sont toujours, sauf exceptions. Il est quand même nécessaire de se renseigner au cas par cas sur les établissements de loisir. Par exemple, certains escape games, eux, restent ouverts. Cela dépend de leur classification.
Le préfet de l’Isère accompagné par Aymeric Bogey, directeur de la délégation départementale de l’ARS. © Laure Gicquel
Comme durant le confinement, les centres commerciaux vont fonctionner avec un accueil restreint. Leur capacité est désormais limitée à raison de 4 mètres carrés par client. Certains lieux d’exposition, casinos et salles de jeux fermeront également le soir de façon anticipée, mais les musées resteront ouverts.
Les bars ferment aussi leurs portes pour quinze jours, alors que les restaurants restent ouverts, sauf ceux qui ne proposent pas de service à table. Et pour les lieux de restauration dans l’entre-deux, c’est la qualification Insee – « bar » ou « restaurant » – qui tranchera.
Les restaurants restant ouverts devront respecter des mesures restrictives. Le protocole comprend six personnes maximum par table ; des tables espacées d’un mètre, sur lesquelles le gel hydroalcoolique viendra s’ajouter aux couverts habituels, et où les clients règleront directement leur note.
De plus, il faudra remplir un document avec ses coordonnées pour être contacté si nécessaire. Ce qui remplira l’un des usages de l’application Stop Covid, boudée par les Français. Et, bien évidemment, le port du masque est obligatoire, aussi bien en salle qu’en cuisine.
La jeunesse en ligne de mire des mesures
Les mesures visant les rassemblements ciblent également les fêtes étudiantes, désormais interdites. De fait, la métropole grenobloise accueille 60 000 étudiants. Et le fameux taux d’incidence est bien plus fort chez les 20 – 24 ans. Ceux-ci sont les plus touchés par le coronavirus : 541 cas pour 100 000 jeunes. Et le taux de positivité sur le campus – non communiqué par l’université – ne fait qu’augmenter.
Etudiants masqués faisant la queue pour entrer dans le restaurant Diderot de l’UGA © Simon Marseille – Place Gre’net
Il était à plus de 15% il y a quelques jours, selon le préfet, qui soupire : « Je crains fort que, depuis lors, cela se soit encore dégradé ». L’une des différences avec la première vague, c’est d’ailleurs la « forte rotation des patients » à l’hôpital. Plus jeunes, ils développent des formes moins graves et sortent plus vite. Mais le risque, c’est de contaminer petit à petit les seniors. « On risque l’embolisation des capacités de l’hôpital », martèle-t-il.
Interrogés sur l’intérêt de fermer les bars et d’interdire des fêtes qui risqueraient au final de continuer dans des lieux privés, avec une promiscuité accrue, Lionel Beffre se veut rassurant. « Tout ne va pas se reporter. Tous ces jeunes que je vois en terrasse ne vont pas aller faire la fête dans des appartements ! », assure-t-il, souriant. « Et puis, c’est aussi une mesure pédagogique. Nous donnons le signe que les regroupements sont dangereux. » Afin d’éviter toute incitation, la vente à emporter de boissons alcoolisées est d’ailleurs interdite de 20 heures à 6 heures.
Des données rassurantes chez les moins de 18 ans
Ce jeudi 8 octobre, malgré la fermeture de l’école de Sassenage, l’Académie de Grenoble publie quant à elle un communiqué de presse plus optimiste. Affirmant : « Grâce au respect des règles sanitaires par les personnels et les élèves, trois semaines après la rentrée, l’impact de la Covid-19 reste maîtrisé en milieu scolaire dans l’académie de Grenoble. »
Selon l’Académie, sur 3278 structures scolaires publiques et privées sous contrat, seules deux ont été fermées : une en Isère, l’école élémentaire privée Saint-Exupéry à Saint-Pierre de Moirans ; ainsi que le lycée LPO Sacré Cœur à Tournon sur Rhône en Ardèche. Les autres 2770 écoles, 328 collèges et 180 lycées restent ouverts.
En cas de Covid confirmé, les élèves maintenus à domicile « bénéficient de la continuité pédagogique assurée par leurs professeurs ». Car les chiffres évoluent tout de même. Chez les élèves, c’est 210 nouveaux cas sur les sept derniers jours et 63 de plus en vingt-quatre heures (sur 625 454 élèves). Au sein du personnel (59157 individus), 43 cas positifs au cours de la semaine et sept en vingt-quatre heures.
Une aide aux entreprises qui se développe
À cette occasion, le préfet annonce également un certain nombre de mesures de soutien à l’activité économique. Tout d’abord, un accès élargi au plan tourisme, qui prendra en compte de nouveaux bénéficiaires. Par exemple, les entreprises travaillant dans la culture. Mais également les commerces non alimentaires dans certaines circonstances, « par exemple en stations de ski ».
Le préfet confirme que les magasins en station de ski pourraient bénéficier des aides du plan tourisme. © Anissa Duport-Levanti – Place Gre’net
Les fabricants de matériel et même les graphistes spécialisés dans l’évènementiel pourraient également faire partie de la liste. Qui, pour l’instant inachevée, sera prochainement publiée en détail.
Par ailleurs, le fonds de solidarité qui verse 10 000 euros aux entreprises justifiant d’une perte de plus de 80% de leur chiffre d’affaires abaisse ses seuils. Désormais, à partir de 70% de perte, il est possible d’y faire appel. Cela concerne « plus de 75000 entreprises au national », selon Lionel Beffre. Le chômage partiel continuera aussi d’être pris en charge à 100%, au moins jusqu’à la fin de l’année. Enfin, le préfet a également annoncé une exonération des charges sociales jusqu’à la levée des mesures restrictives.
Cependant, il est indéniable que la situation se complexifie. « Depuis quelques jours, cela s’accélère ». Quelle est la prochaine étape après l’alerte maximale ? « Il est urgent de briser les chaînes de contamination », déclare Lionel Beffre. Si l’épidémie progresse, et qu′« on n’arrive pas à infléchir la courbe », l’état d’urgence sanitaire se profile.
Cependant, ce type de décision relève de l’échelon national. Notamment car la gestion des lits en réanimation se fait à ce niveau. « On peut envoyer des malades à Valence, à Chambéry, à Lyon… C’est le fonctionnement classique, a fortiori en temps de crise. » Le reconfinement n’est pas, lui, à l’ordre du jour.