FOCUS – Émilie Chalas tire à boulets rouges sur Éric Piolle après avoir méthodiquement épluché les 120 engagements figurant sur son programme électoral de 2014. Considérant que le maire n’a pas fait de l’écologie, mais a « usurpé » ses électeurs, la candidate lui reproche de rouler pour la France insoumise. Non sans le suspecter de se servir de Grenoble comme d’un marche-pied vers une candidature aux élections présidentielles de 2022.
« Lorsque nous avons lu le document du bilan d’Éric Piolle, nous nous sommes aperçu qu’il n’était pas en phase avec les engagements proposés en 2014 », entame Émilie Chalas.
Une entrée en matière sans équivoque pour la candidate qui va étriller son adversaire durant plus d’une demi-heure après avoir méthodiquement épluché ses 120 engagements électoraux pour Grenoble.
« Nous avons fait ce travail de regarder quels sont les engagements tenus et non tenus […], en commençant par ses trois priorités », poursuit-elle. À savoir : l’écologie, le social et la participation citoyenne. De quoi illustrer ce qu’Émilie Chalas n’hésite pas à qualifier du terme « d’imposture ». Un mot « loin d’être anodin, précise-t-elle, car en 2014 on nous a vendu de l’espoir ».
Avoir ciblé la voiture comme seule cause de la pollution : « une erreur de diagnostic »
En guise de préliminaire, Émilie Chalas épingle Éric Piolle sur l’image qu’il a voulu donner de lui-même à l’époque « en se déclarant issu du monde de l’entreprise et de la société civile ». C’est faux, déclare-t-elle, « puisqu’il était déjà conseiller régional avec, derrière lui, une bonne dizaine d’années de militantisme et d’engagements politiques ». De surcroît, s’offusque-t-elle, « il nous le ressort aujourd’hui sur le plateau de Télégrenoble ! »
Sur le fond ? La candidate attaque sur l’enjeu majeur de la baisse de la pollution (engagement n° 36). Ainsi note-t-elle que l’étude d’Air Atmo sur Cœur de ville, cœur de métropole (CVCM) ne signale pas d’effet global sur le fléau des particules fines à l’échelle de l’agglomération. Or, souligne Émilie Chalas, « on sait que 91 % des habitants de la métropole sont exposés à un air non conformes aux normes de l’OMS ».
Pour le verdissement et la végétalisation de la ville (n° 41), pas mieux. Émilie Chalas trouve, là aussi, à y redire en citant deux chiffres dont l’un tiré du palmarès 2020 des villes vertes publié par l’Observatoire éponyme. « En 2014, il y avait 14 m2 d’espaces verts par habitant ; en 2020, il y a toujours ces mêmes 14 m2 ! », rapporte la candidate.
« Sur la part des mobilités, est-ce qu’il y a moins d’embouteillages ? », questionne Émilie Chalas. « En 2014, Grenoble était sixième ou septième ; aujourd’hui, nous sommes quatrième », répond-elle en écho. D’ailleurs, ajoute-t-elle, « il n’y a de nouvelles lignes de tramway. Et d’avoir ciblé la voiture comme seule cause de la pollution atmosphérique démontre une erreur de diagnostic. Ça ne suffit pas ! »
Places de crèches, emploi, logement social, CCAS et quartiers en politique de la ville
Sur le social, Émilie Chalas n’est guère plus tendre. Citant l’engagement 27 portant sur la création de places de crèches, sur les 200 prévues, l’élue n’en comptabilise que neuf. Même son de cloche pour la mesure n° 37 concernant le développement des centres de santé. « Leurs subventions ont baissé de 9 % en six ans », déplore-t-elle encore. Sur le terrain du chômage et de la création d’emploi, Émilie Chalas ne fait pas non plus dans la dentelle.
« La réalité c’est qu’il n’a pas créé d’emploi. Et même pire, il a entretenu le taux de chômage à hauteur de 15,6 %. » Et de poursuivre : « ce n’est pas parce qu’on n’a pas une compétence directe qu’on ne peut pas développer l’offre économique. »
Le logement social (n° 74) ? Éric Piolle jugeait « absurde qu’il y en ait plus de 4 000, alors que 1 000 personnes sont à la rue ». « Aujourd’hui, il y en a 11 000 ! », affirme Émilie Chalas. Quid du Centre communal d’action sociale (CCAS) ? « Il est passé d’une subvention de 25 millions d’euros en 2014 à 18 lors du dernier budget », regrette-t-elle.
Avant d’enchaîner sur les quartiers en politique de la ville et le contrat Anru 2. « Il aura fallu attendre cinq ans pour qu’il le signe, ce qui fait que, dans le même temps, il ne s’est rien passé », rappelle la candidate. « C’est pour ça que les gens du 38100 nous disent “on nous abandonne”. Il a temporisé pour investir sur le 38000 pour ses politiques et son électorat à lui. »
La démocratie participative ? « Je crois que c’est le plus gros plantage d’Éric Piolle ! »
Dernier volet de la compilation critique des engagements d’Éric Piolle : la démocratie participative. « Je crois que c’est le plus gros plantage d’Éric Piolle ! », lance Émilie Chalas. « Il s’était engagé (n° 3) sur un budget participatif à hauteur de 2 millions d’euros, et force est de constater qu’il n’a engagé que 800 000 euros », constate la candidate. Qui signale en outre autant qu’elle le déplore qu’en six ans « un seul projet de Grenoble 38100 a été retenu sur l’ensemble des propositions, soit quatorze en six ans ».
Quant aux consultations citoyennes, là aussi, Émilie Chalas n’est pas tendre. « Il en a organisé deux : une sur les bibliothèques, et l’autre sur les tarifs de stationnement. Il n’a pas respecté l’avis des citoyens qu’il a consultés », critique la candidate. Qui, continuant sur sa lancée, évoque l’engagement 110, estimé non tenu, par lequel l’édile s’engageait à maintenir et soutenir le réseau des 14 bibliothèques municipales. Enfin, pour couronner le tout, « son dispositif de consultation des citoyens, non conforme à la loi, a été annulé par le tribunal administratif », rappelle Émilie Chalas.
« Il serait temps qu’Éric Piolle assume sa véritable couleur politique »
« On voit bien que, sur les trois priorités de son programme, les engagements n’ont pas été tenus », résume Émilie Chalas. Avant d’enchaîner sur d’autres promesses non respectées qu’elle va passer au scanner d’une critique sans concession. Gestion des parkings, piscines, culture, plan Nano, commerces de proximité, charte Anticor, Raise partner, positions du maire sur la sécurité… Autant de thèmes pointés systématiquement par la candidate pour faire la preuve de ce qui, selon elle, constitue « une imposture ».
« Il n’a pas fait de l’écologie mais de la contestation systématique contre un monde économique capitaliste et libéral, contre l’État en plaidant pour le municipalisme », récapitule la candidate.
« Tout ça c’est le discours extrême de la France insoumise (LFI). Ce n’est pas le discours des écolos », juge Émilie Chalas.
Pour preuve ? « Il va tranquillement accueillir pour jouer au football François Ruffin et Clémentine Autain, deux députés LFI anti-tout par principe », pointe Émilie Chalas. « Il ne reçoit pas des pointures de l’écologie, il reçoit la France insoumise ! Il serait temps qu’Éric Piolle assume sa véritable couleur politique », estime-t-elle.
Et d’en conclure : « Il usurpe depuis six ans les électeurs écologistes […] à des fins personnelles. Son ambition est de faire de Grenoble un marche-pied pour se présenter aux élections présidentielles. C’est ça son enjeu ! », assure la candidate.
Joël Kermabon