REPORTAGE VIDÉO - La salle de concert l'Ampérage accueillait, ce 28 janvier à 20 heures, le premier débat des élections municipales de Grenoble. Les invités ? Émilie Chalas, Alain Carignon, Olivier Noblecourt, Éric Piolle et des représentants du Parti popolitique et de la liste La commune est à nous. Tous là pour en découdre autour du thème des politiques culturelles qu'ils comptent mettre en œuvre lors du prochain mandat.
Peut-on parler de tradition, eu égard à la fréquence des élections municipales ? Toujours est-il que, comme en 2014, c'est l'Ampérage qui a servi de cadre au tout premier débat des élections municipales de Grenoble, ce 28 janvier à 20 heures.
Sur le dance floor, près d'une centaine de personnes se pressent devant la scène où vont en découdre les candidats.
Le casting ? Émilie Chalas, Alain Carignon, Olivier Noblecourt et Éric Piolle, le maire sortant. Mais aussi deux représentants du Parti popolitique et un autre qui va s'exprimer au nom de la liste La commune est à nous. Dans le public, des acteurs du landerneau culturel, des représentants des différentes listes, mais aussi de simples curieux, tous debout.
Un premier débat sur les politiques culturelles
Sans surprise, ce premier débat portait sur les politiques culturelles que comptent mener les candidats lors du prochain mandat municipal. La règle du jeu ? Neuf questions et trois minutes par intervenant pour y répondre sous le contrôle d'un modérateur.
Des questions élaborées par un groupe de travail, resserrées pour la plupart autour du thème des musiques actuelles. Et pour cause : les candidats répondaient à une invitation à l'initiative de La Bobine, Mix'Arts, Hadra, L'Ampérage, Le Ciel et du collectif Resonance.
Au nombre des questions ? Le budget des musiques actuelles, le financement des projets, la vie culturelle nocturne, les horaires d'ouverture et les équipements. Sans oublier la pénurie de locaux, l'accompagnement des acteurs ou encore l'enseignement des musiques urbaines. Le tout pouvant se résumer à cette simple interrogation : « quel projet culturel portez-vous pour Grenoble ? »
Retour en images sur l'ambiance de ce débat, sans revenir in extenso sur le fond. Et réactions à chaud de certains intervenants.
Des acteurs culturels qui restent globalement sur leur faim
Qu'ont retenu les acteurs culturels présents de ce premier débat orienté culture ? « Les réponses apportées ce soir sont assez communes. Il a été compliqué pour les candidats de répondre précisément à nos demandes et je reste sur ma faim », nous confie Damien Arnaud, coordinateur à l'association Retour de scène. Qui reconnaît néanmoins que certains, tels Alain Carignon, Olivier Noblecourt et Éric Piolle, « connaissaient le sujet des musiques actuelles ».
L'avis de Pascal Souvignet, un autre professionnel, n'est guère différent. « En matière de propositions concrètes, il manquait d'éléments pour se faire une idée précise des différentes propositions des candidats », regrette-t-il.
« Du côté de la municipalité sortante, on était plus dans le bilan, sur des histoires comme la Régie 2C ou le Ciel. Tout cela manquait vraiment de perspectives », ajoute Pascal Souvignet.
« Les réponses apportées n'étaient pas à la hauteur de l'audience », estime, quant à lui, Romain Parmentier.
Ce passionné de musique électro du collectif Résonance reste mitigé. « Outre les invectives, on a assisté à des discours quasi irréalistes. Si certaines idées sont superbes, elles ne tiendront pas la route face aux réalités socioéconomiques. Elles retomberont dans des logiques budgétaires qui n'amélioreront rien », juge-t-il.
« Si le budget de la culture correspond à 12 % du budget de la Ville, nous étions là à 12 % du sujet couvert », tacle Romain Parmentier. « Il faut vraiment que ces gens là viennent avec nous. Ne serait-ce que pour comprendre ce qu'est une soirée tardive », propose-t-il.
Un tour de chauffe avant les prochains débats
Dans la salle, d'autre voix critiques se font entendre. « Les candidats ont tendance à contourner les questions pour dérouler leurs arguments électoraux », déplore un quadragénaire. Certains reprochent également à Éric Piolle ses attaques contre Émilie Chalas. Autant de piques qui, selon eux, ont « brouillé » le message du maire sortant. Dont ils regrettent la posture, consistant à se borner « à défendre sa politique culturelle sans approches perspectives ».
Sur les réseaux sociaux, pas mieux. Un internaute souligne « la prestation courageuse d'Émilie Chalas qui, bien préparée, a néanmoins souffert de son appartenance politique ». Le même internaute décrit également un Alain Carignon « peu préparé sur les enjeux de la culture qui l'a joué au-dessus de la mêlée ». Et un Olivier Noblecourt dont il retient « quelques propositions pertinentes ».
Le match fini, balle au centre. Ce premier débat n'est qu'un tour de chauffe avant d'autres qui vont ponctuer les sept semaines nous séparant du premier tour. L'occasion, peut-être, pour les candidats de revoir leurs stratégies respectives en vue de l'emporter.
Joël Kermabon