TRIBUNE LIBRE – Une marche pour dire « stop à l’islamophobie » se déroule, ce dimanche 10 novembre 2019 à Paris, suite à l’appel lancé dans une tribune par une cinquantaine de personnalités, collectifs et associations. Des mouvements parfois proches des milieux islamistes et des frères musulmans. Jean-Baptiste Caillet, secrétaire de la section de Meylan-Corenc-La Tronche du PS, défend ici la décision du Parti socialiste de ne pas y participer.
« Je suis particulièrement rassuré par la prise de position du bureau national du Parti socialiste au sujet de la marche du 10 novembre. Je dois dire que s’il en avait été autrement, cela aurait interrogé mon engagement au sein de ce parti.
Il ne s’agit, en aucun cas, de dire que la lutte contre les discriminations subies par les Français de confession musulmane n’est pas un sujet. Il n’y a pas d’indignation sélective de ma part.
Tous les Français qui sont attaqués du fait de l’appartenance réelle ou supposée à une religion sont à défendre, de la même façon. De la même façon que la République ne connaît que des citoyens.
Et il en va, bien évidemment, de même pour les Français qui ne souhaitent se revendiquer d’aucune religion et qui sont attaqués par les fondamentalistes, d’où qu’ils viennent.
Manifestation contre l’islamophobie à Grenoble le 27 octobre 2019. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Cela étant dit, les organisateurs de cette marche rendaient impossible une participation du Parti socialiste. Vous avez pu constater les élucubrations dangereuses de l’un de ceux-ci. Nous parlons ici de personnes utilisant les libertés que permet la démocratie et qui cherchent à lutter consciencieusement contre elle.
Parler de loi liberticide est impropre et dangereux
Concernant le fond de l’appel, je suis particulièrement choqué par la dénonciation de lois « liberticides ». Quelles lois sont dénoncées ? Le flou est volontaire. Parle-t-on de la loi de 1905, de celle de 2004, de celle de 2010 ? Ce flou n’en est pas un, il cherche à déchirer le contrat social.
Action de « désobéissance civile » organisée par l’Alliance citoyenne : des femmes musulmanes en burkini se sont baignées à la piscine Jean Bron à Grenoble, le dimanche 23 juin 2019. © Séverine Cattiaux – Placegrenet.fr
Dire que des lois, en France, en 2019, discriminent les Français de confession musulmane, c’est méconnaître gravement l’histoire de France et de l’Europe du XXe qui a montré que lorsqu’une communauté est discriminée du seul fait de son appartenance réelle ou supposée à une religion, cela finit extrêmement mal. Aucune loi, à ce jour, ne discrimine un quelconque Français du fait de sa religion. Nous retrouvons, là, une inversion terrible qui a été maniée à dessin par l’Alliance citoyenne, cet été, à Grenoble.
Pas liberticides ces lois donc. Outre l’inversion scandaleuse dont ce texte fait état, il témoigne également d’une mise en exergue d’une problématique assez courante, en fin de compte, dès lors qu’il est question d’ordre public et d’intérêt général
Il y a toujours un équilibre recherché entre l’intérêt collectif et les libertés individuelles. Pour autant, parler de loi liberticide est impropre et dangereux. Ce texte ne recherche qu’une chose : opérer une fracture durable entre les Français. »
Jean-Baptiste Caillet
Rappel : Les tribunes publiées sur Place Gre’net ont pour vocation de nourrir le débat et de contribuer à un échange constructif entre citoyens d’opinions diverses. Les propos tenus dans ce cadre ne reflètent en aucune mesure les opinions des journalistes ou de la rédaction et n’engagent que leur auteur.
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