FIL INFO – Le ministre de la Transition écologique reprend la main sur le projet de plateforme multimodale prévu sur le site d’Inspira, cette zone industrialo-portuaire très contestée dans le nord Isère. L’évaluation environnementale, dont la plateforme avait bien failli être dispensée, sera réalisée au niveau national.
François de Rugy, le 29 mars 2018, à l’Institut de Sciences de la Terre à Grenoble. © Léa Raymond – placegrenet.fr
Le ministre de la Transition écologique et solidaire reprend la main sur le projet de plateforme multimodale prévu sur le site d’Inspira, la très contestée zone industrialo-portuaire prévue dans le nord Isère.
Dans un courrier adressé le 24 mai à Jean-Pierre Nicol, le président de la Mission régionale d’autorité environnementale (Mrae), et révélé par le site d’informations Actu Environnement, François de Rugy a décidé de se saisir de l’étude d’impact.
Comprendre que l’étude d’impact de cette plateforme portée par la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et la société Rhonaport, sera, et ce à la demande du président de la Mrae, instruite non pas au niveau régional – comme cela se pratique habituellement – mais au niveau national. Et ce « compte tenu de la complexité du projet liée à son caractère multimodal, du risque de recours contentieux sur le projet, des enjeux environnementaux, tant en matière de milieux naturels que de nuisances potentielles et des enjeux économiques », précise le ministre à Jean-Pierre Nicol.
Un rapport défavorable à l’extension de la zone industrialo-portuaire
Le projet prévoit la construction d’un quai sur la rive gauche du canal de dérivation du Rhône, la réalisation de voies routière et ferroviaire mais aussi la construction d’une plateforme de stockage combinant le fluvial, le ferroviaire et le routier. Plateforme dédiée au stockage de houille et de quartz essentiellement.
Le projet avait fait tiquer la commission d’enquête dans son rapport, unanimement défavorable, consacré à l’extension de la zone industrialo-portuaire. Avis qui avait été suivi de la radiation de son président, Gabriel Ullmann et la mise à jour, derrière, de désordres et irrégularités qui ont vite pris une dimension nationale.
Prévue sur sept hectares, la plateforme de stockage table sur la création de dix emplois, souligne ainsi le rapport des commissaires-enquêteurs. Et « atteste d’une densité d’emplois très faible, de l’ordre de 1,4 emploi à l’hectare, renforçant le questionnement sur les 2 000 emplois affichés [sur l’ensemble du projet, ndlr] et l’interrogation que l’on est en droit de se poser sur la forte consommation d’espaces, au regard non seulement de la richesse écologique détruite mais aussi de la réserve foncière perdue pour des entreprises du futur ».
La mission régionale d’autorité environnementale sous la coupe de l’État ?
En février dernier, Gabriel Ullmann avait accusé la mission régionale de l’autorité environnementale, chargée de donner un avis en toute indépendance sur le projet Inspira, d’être sous la coupe des services de l’État. Et notamment d’avoir transmis un avis, plutôt positif, rédigé en fait par le service chargé d’instruire le dossier. À savoir la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Dreal qui, dans un premier temps, avait dispensé le projet de plateforme multimodale d’évaluation environnementale. Avant de rétropédaler.