FOCUS — Entre dispositifs d’incitation aux transports en commun, développement de réseaux de covoiturage et construction annoncée de parkings-relais, le Conseil départemental de l’Isère se fixe pour objectif de verdir considérablement sa politique de mobilité.
Covoiturage, voiture partagée, parkings-relais… En annonçant ses objectifs en matière de mobilité sur son territoire, le Conseil départemental de l’Isère a clairement mis en avant les modes de déplacements dits “vertueux”. Objectif assumé ? Souligner que les préoccupations environnementales ne sont pas l’apanage de la Métro ou de la Ville de Grenoble.
« On veut laisser à penser que le Département ne se préoccupe pas d’environnement. C’est faux dans les faits, et dans ce que nous voulons faire dans cette deuxième partie de mandat », clame ainsi Jean-Pierre Barbier. Pas question pour autant de compter le président du Conseil départemental dans les rangs des décroissants. L’enjeu ? « Continuer à se développer tout en étant respectueux », en prenant en compte la dimension « environnementale, sociale et économique » du développement durable.
Et Jean-Pierre Barbier de rappeler que le Département a rétabli la gratuité des transports en commun au début de son mandat « pour éviter les transports individuels de 40 000 collégiens ». Sans oublier de vanter son plan THD (très haut débit), susceptible de permettre le développement du télétravail et, ainsi, de limiter un certain nombre de déplacements d’employés. Y compris à travers le développement de centres dédiés au télétravail sur le département.
Un programme de fidélisation au réseau Transisère
Quid des personnes qui, pour leur part, devront continuer à se déplacer ? Jean-Claude Peyrin, vice-président du Département en charge des Transports et de la Mobilité, veut mettre l’accent sur des réalités de terrain : « Quand vous êtes au centre d’une agglomération, la mobilité ce n’est pas un souci. Le souci, ce sont dans les zones peu denses ! » Et des solutions de mobilité doivent parfois s’envisager sur de faibles amplitudes géographiques.
En premier lieu, le Département souhaite inciter les Isérois à prendre les transports en commun. Ainsi, à l’image du programme AvanTag mis en place par les Transports de l’agglomération grenobloise en cette rentrée 2018, un dispositif baptisé Libravoo aura pour vocation de fidéliser les utilisateurs du réseau Transisère. À compter du 1er octobre, les abonnés du réseau recevront des points à chaque validation d’un ticket, y compris les scolaires.
En échange de ces points ? Des cadeaux ou des bons de réduction à faire valoir auprès de chaînes telles que Go Sport, le Club Med ou Darty, mais aussi auprès de commerces locaux tels le Comptoir de Mathilde à Grenoble, l’Escape Game de Voiron ou encore le Vienne Fitness Club. Et si Libravoo ne concerne, dans un premier temps, que le réseau Transisère, il devrait impliquer par la suite les dispositifs de covoiturage développés sur le département.
Avant même son lancement officiel, Libravoo prenait déjà une bonne direction. Le projet figure en effet parmi les lauréats de l’appel à projets French Mobility 2018, lancé par le ministère des Transports, et dont les résultats ont été délivrés le 26 septembre. Un appel à projets saluant les dispositifs destinés à favoriser la mobilité « pour tous les territoires », tout en développant une mobilité active, plus propre et accessible à tous les publics.
Covoiturage et voiture partagée
Le pluriel est en effet de mise car le Conseil départemental accompagne deux plateformes de covoiturage différentes. D’une part, Mov’ici, initié par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et relayé en Isère par le Département. D’autre part, Illicov, actuellement déployé sur une ligne Vercors-Grenoble en attendant peut-être d’autres parcours. Autant de services comparables à un Blablacar, mais se voulant adaptés à des distances courtes et des parcours du quotidien.
Le Département annonce également son adhésion à Rezo Pouce, une nouvelle façon de concevoir l’autostop qui ne se distingue que très subtilement des autres plateformes de covoiturage. Enfin, Jean-Claude Peyrin mentionne une phase de test de voitures partagées entre particuliers, notamment sur le territoire de Bièvre-Valloire. « On est dans l’ordre de quelques dizaines de véhicules, mais cela rend des services fondamentaux entre hameaux, et cela peut permettre de régler des problèmes de circulation importants », estime-t-il.
Dernière solution pour favoriser la voiture partagée ? La mise en place d’une dégressivité des tarifs aux péages des autoroutes, en fonction du nombre de passagers dans la voiture. Une idée qui s’inscrit dans le cadre du projet européen Samba, déployé sur l’espace alpin pour promouvoir une mobilité durable. Il faudra toutefois compter quelques semaines, voire quelques mois, avant de payer moins cher son péage. Le temps, pour le Département, de boucler les négociations avec l’exploitant des autoroutes Area.
Des parkings-relais à venir
Au-delà de ces différents dispositifs d’incitation, le Département annonce la création de nouvelles infrastructures. Et tacle volontiers la majorité départementale précédente. « Pendant quinze ans, on a souffert du manque de projets d’infrastructure ! », juge Jean-Claude Peyrin. Des parkings-relais sont ainsi dans les tuyaux pour favoriser les offres de covoiturage. Un appel d’offres pour leur réalisation sera lancé en 2019, précise Jean-Pierre Barbier. Sans chiffrer encore l’investissement prévu.
Côté pratique encore, le calculateur d’itinéraires du site Itinisère devrait proposer prochainement de nouvelles disponibilités. « Pour les temps de trajet, nous allons prendre en compte les embouteillages, donner le temps réel et pas un temps théorique », indique Jean-Claude Peyrin. Sans oublier l’intégration de nouvelles options de déplacement avec les offres de covoiturage, ainsi que les pistes cyclables et leurs dénivelés.
L’objectif final : permettre à tous ces dispositifs d’atteindre chacun une masse critique d’utilisateurs pour fonctionner et se compléter harmonieusement. « Les nouvelles mobilités c’est un nuage. En densifiant le nuage, on peut arriver à faire quelque chose », résume ainsi Jean-Claude Peryin. Un nuage susceptible de remplacer celui de particules fines qui, régulièrement, vient empoisonner l’atmosphère du département ?
Florent Mathieu
EXPÉRIMENTATION DE CARS “VERTS” SUR LE RÉSEAU VFD
Le réseau VFD utilisera-t-il bientôt des cars électriques ou fonctionnant au GNV (gaz naturel pour véhicules) ? Une expérimentation vient en tout cas d’être réalisée, du 17 au 21 septembre dernier, sur le réseau des transports isérois dans le cadre de la Semaine européenne de la Mobilité.
Deux fabricants, Iveco Bus et Yutong, ont ainsi fait circuler leurs véhicules “verts” sur les lignes Grenoble-Crolles et Grenoble-Villard-de-Lans. « Ces partenariats ont ouvert la possibilité de tester en conditions réelles des véhicules innovants sur des lignes régulières interurbaines en Isère », souligne le transporteur.
Une expérimentation utile pour de prochains appels d’offre
De fait, le but de l’opération était bien de recueillir les retours des passagers, à travers des enquêtes de terrain ou sur des avis exprimés en ligne, autant que des équipes techniques.
Confort, maniabilité et conditions de circulations sur certaines routes pentues ou sinueuses sont autant de critères pris en compte. Et ont justifié le choix des deux lignes d’expérimentation, présentant toutes deux des caractéristiques variées au long de leurs parcours respectifs.
Si les véhicules testés ne font désormais plus partie de la flotte VFD, l’expérimentation doit permettre à la société de mieux appréhender ses prochains appels d’offre.