EN BREF – Les virulentes attaques antisémites adressées à l’avocat grenoblois Denis Dreyfus par un site antisémite et raciste font l’unanimité contre elles. Tandis que les syndicats d’avocats apportent leur soutien à leur confrère, le Conseil national des barreaux annonce avoir saisi la Garde des Sceaux pour obtenir l’identification des auteurs des injures antisémites. Des auteurs qui, depuis leur plateforme, se posent en victimes.
Après un relatif silence de quelques jours, les violentes charges antisémites dont l’avocat grenoblois Denis Dreyfus a été victime de la part d’un site au racisme pour le moins “décomplexé” suscitent colère et indignation. La prose, directement inspirée des publications antisémites des années 30, autant que le montage photographique représentant l’avocat affublé d’une étoile jaune, ont en effet de quoi laisser pantois.
Défenseur de la famille d’Adrien Perez, Denis Dreyfus avait dénoncé l’action de Génération identitaire devant le tribunal de Grenoble, en déclarant : « Il ne faudrait pas que le beau visage d’Adrien devienne, pour certains, l’étendard de la haine. » De quoi déclencher la réaction immédiate du site antisémite et raciste Démocratie participative, qui publie un texte au titre évocateur : « Le perfide avocat juif de la famille dénonce les Blancs qui veulent se défendre contre la sauvagerie arabe. »
Soutien des avocats de la France entière
Sans surprise, les avocats de la France entière manifestent leur solidarité vis-à-vis de leur confrère. Dans un communiqué publié le 20 août 2018, le Syndicat des avocats de France dénonce « un déferlement de haine appelant à la violence et au meurtre », et demande l’ouverture d’une enquête pour permettre l’identification des responsables du site et sa fermeture. « Le web ne peut être une zone de non-droit », s’indignent les avocats.
Même son de cloche de la part de la Fédération nationale des unions de jeunes avocats (FNUJA), qui appelle à dénoncer le site antisémite via la plateforme de signalement du ministère de l’Intérieur. Quant au Conseil national des barreaux, il indique avoir saisi la ministre de la Justice Nicole Belloubet, « afin que des poursuites soient engagées sans délai et que tous les moyens soient mobilisés pour identifier les individus ».
Denis Dreyfus va porter plainte
Au niveau grenoblois, c’est le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Grenoble David Roguet qui a pris la parole. Décrivant dans un communiqué « l’ignominie à l’état sauvage », l’avocat appelle à la mobilisation. « Ce site internet donne la nausée. Pendant combien de temps accepterons-nous de vomir ? », écrit-il, en considérant que fermer les yeux revient à « abdiquer devant l’insupportable ».
Et le bâtonnier de conclure, à l’intention de Denis Dreyfus : « Croyez bien, Mon Cher Denis, que le Barreau de Grenoble fera son possible pour ne pas laisser faire ».
L’avocat grenoblois a de son côté fait part de son intention de porter plainte contre les auteurs du texte antisémite. Dans les colonnes du Dauphiné libéré, il signale « avoir reçu un nombre incalculable de messages d’amitié et de solidarité », notamment sur les réseaux sociaux. Il est vrai que la seule consultation de Twitter permet de mesurer l’émotion face aux propos tenus à son encontre.
L’organe de veille militante le Réseau de lutte contre le fascisme (RLF) surveille par ailleurs de près le développement de l’affaire, et s’indigne que Google maintienne le site Démocratie participative dans son recensement.
Posture classique dans les milieux proches du néo-nazisme, le site en question se pose en victime et dénonce dans un nouveau billet « une campagne terroriste […] suite à sa dénonciation de l’avocat antiblanc Denis Dreyfus ». Pas de quoi démoraliser ses promoteurs semble-t-il, qui trouvent encore le temps, entre plusieurs articles racistes, de se réjouir de la mort de « quatre punks à chien français broyés dans l’effondrement du pont de Gênes ».