FIL INFO – L’avis favorable rendu par la commission d’enquête sur le projet de réaménagement de l’A480 et du Rondeau ne sied guère à Eric Piolle. La Ville de Grenoble, qui juge le dossier insuffisamment abouti, en appelle à la responsabilité des deux maîtres d’ouvrage. Une mise en garde ? En 2016, la municipalité avait déposé un recours en annulation, retiré depuis, devant le Conseil d’État.
L’avis favorable de la commission d’enquête sur le réaménagement de l’A480 et de l’échangeur du Rondeau, qui prévoit notamment de faire passer de deux à trois le nombre de voies dans la traversée de Grenoble, ne passe pas du côté d’Eric Piolle.
Si les principaux promoteurs du projet, l’État, la société Area, le Département et la Métropole se sont dits satisfaits, le maire de Grenoble est plus circonspect, jugeant le dossier « insuffisamment abouti ».
La commission d’enquête n’a en effet assorti son avis que d’une seule réserve… concernant la continuité des écrans phoniques. Les autres points, qui ont plus ou moins hérissé la Ville de Grenoble mais aussi le Syndicat mixte des transports en commun ou de nombreuses associations, ont été relégués au rang de simples recommandations, lesquelles n’ont pas force de réalisation.
Un recours en annulation déposé en février 2016 puis retiré…
« La Ville de Grenoble regrette qu’en choisissant de formuler des “recommandations” plutôt que des “réserves”, la commission d’enquête ne se donne pas les moyens d’imposer des améliorations substantielles à ce projet », indique la Ville dans un communiqué.
« La limitation de la vitesse et de la pollution, le renforcement du verrou nord, le développement de nouvelles pratiques de mobilités et des aménagements incitant au développement du covoiturage doivent être au cœur des préoccupations des maîtres d’ouvrages et des collectivités concernées par ce projet », poursuit-elle.
Des points qui avaient été notés noir sur blanc dans le protocole d’intention signé le 6 novembre 2016 par les cinq partenaires. Protocole qui avait permis de débloquer le projet et qui s’était soldé par le retrait par la Ville de Grenoble de son recours en annulation devant le Conseil d’État du décret du 21 août 2015 signé par Manuel Valls. Le texte confiait à Area la concession et l’aménagement de l’A48 et de l’A480 entre Saint-Égrève et Claix…
Quant à la question de capacité de la digue du Drac à jouer pleinement son rôle face aux inondations, point sur lequel le maire de Grenoble a également réagi, elle a été renvoyée à plus tard, le calendrier imposant manifestement de presser le pas.
Non seulement la question n’est pas du ressort d’Area qui, « en tant que maître d’ouvrage, n’a pas à améliorer le niveau de protection de la digue : il doit ne pas dégrader ce dernier et le démontrer », souligne le préfet de l’Isère dans un courrier adressé au président de la commission d’enquête*.
Mais qui plus est, Area est très contraint par les délais. Ceux-ci sont en effet conditionnés à l’arrêt du synchrotron en 2019. Problème, les collectivités locales n’ont pas encore élaboré leur programme d’aménagements de prévention contre les inondations (Papi).
La digue du Drac opérationnelle ? Réponse dans deux ans… au mieux
« Il en résulte un décalage de calendrier important puisque Grenoble-Alpes Métropole et le Syndicat mixte des bassins hydrauliques de l’Isère n’ont pas encore pu déposer un Papi d’intention sur le Drac, prélude aux études à mener avant de pouvoir solliciter le soutien de l’État pour le financement de travaux », précise Lionel Beffre.
« Ce Papi prendra certainement en compte des renforcements de digue, entre autres sur la digue du Drac, là où les études auront démontré qu’ils sont nécessaires […] Ce sont des points qui seront connus de manière opérationnelle au mieux dans deux ans. »
PC
* En attendant, Area a prévu, « au-delà de ses obligations légales », d’installer un certain nombre de palplanches en certains points de l’ouvrage.