REPORTAGE VIDÉO – À défaut de manifester, près d’un millier de personnes se sont rassemblées à l’appel de la CGT ce mardi 12 septembre au Jardin de ville de Grenoble, contre les ordonnances Macron réformant le code du travail. Un processus de mobilisation en forme de test, destiné à « faire germer partout des grèves » et à inciter les salariés à débrayer et descendre dans la rue lors de la prochaine manifestation prévue le 21 septembre.
Placée sous le signe de la contestation contre les ordonnances Macron, cette rentrée sociale s’est faite en ordre syndical dispersé, et sous une forme inhabituelle. À la classique manifestation, les instances de la CGT iséroise et les autres organisations syndicales et établissements en lutte ont préféré l’organisation d’un rassemblement au jardin de ville de Grenoble.
Y ont convergé, sur le coup de 14 heures, près d’un millier de personnes (800 selon les chiffres de la police) issues de cortèges venant de différents endroits. Alors que le groupe conduit par Solidaire étudiants était parti du campus, le cortège des salariés de General Electric Hydro confrontés à un plan social venait du siège de leur société. Quant à l’équipe éducative du collège Vercors, en lutte depuis trois jours pour l’obtention de postes de surveillants, elle était partie du rectorat.
Rien de comparable aux premières et massives mobilisations contre la loi travail de l’année dernière mais, tous en sont convaincus, ce n’est qu’un galop d’essai. Et d’ailleurs une manifestation, classique celle-là, contre la réforme du code du travail n’est-elle pas déjà programmée pour le 21 septembre ?
Le gros des troupes a suivi le cortège des salariés de GE Hydro
Dans la foule, disparate, des militants de la France insoumise, des militants du Parti communiste, du Parti de gauche ou d’Ensemble ! se mêlent aux syndicalistes de la CGT, fortement représentée, de Solidaires, de l’Unef, de la CFDT ou encore de la FSU. Quelques militants de Force ouvrière se sont également joints au rassemblement contre les ordonnances Macron, faisant fi de la décision de leur centrale de conduire sa propre manifestation.
Si l’on comptait sur place un certain nombre d’agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem), inquiets de la surcharge de travail liée à la diminution des contrats aidés, le gros des troupes est arrivé avec le cortège des salariés de GE Hydro. Celui-ci a drainé près de 500 personnes au fil de sa déambulation depuis le siège de la société, sise avenue Léon Blum.
Retour en images sur ce rassemblement qui s’est disloqué dans le calme en fin d’après-midi, après quelques prises de parole et explications du contenu des ordonnances sur un mode humoristique.
Reportage Joël Kermabon
Suspendre le plan social et mettre en place des groupes de travail
« Avant de partir, nous avons fait une assemblée générale pour expliquer aux salariés ce qui s’était passé en début de semaine. Nous étions 450 salariés présents sur le site, et plus de deux cents sont partis en cortège pour rejoindre le rassemblement », se félicite Claude Villani, délégué syndical CGT de GE Hydro. De quoi montrer à leur direction combien les salariés sont motivés, estime-t-il.
« Ce jeudi, notre expert doit nous présenter son rapport [sur les orientations stratégiques du groupe, ndlr] et nous savons déjà qu’il contient des informations très importantes. Vendredi, nous organisons une nouvelle assemblée générale et nous appelons à des débrayages pour que la direction voie bien que les salariés ne la suivent pas et qu’ils ont des propositions à faire », poursuit le délégué syndical.
Quid de ces propositions ? « Il s’agit d’un accord de méthode qui, dans un premier temps, suspend le plan social et met en place des groupes de travail pour qu’enfin on écoute les salariés qui, depuis de nombreuses années, disent à la direction que l’organisation mise en place n’est pas la bonne », précise Claude Villani. Pour lui, cela ne fait aucun doute, l’activité de GE Hydro peut être développée, « surtout dans l’hydraulique, le renouvelable… Nous savons que, là, il va y avoir une forte demande, nous sommes experts dans le domaine et nous avons tout à gagner », affirme-t-il avec force.
Joël Kermabon