EN BREF – Le syndicat CGT des gardiens de troupeaux de l’Isère a dénoncé, vendredi 5 avril 2024, devant la Chambre d’agriculture de l’Isère, à Moirans, l’annulation de la commission mixte paritaire prévue le même jour. Le SGT 38 accuse la FDSEA 38 de refuser l’ouverture de négociations sur le statut et les conditions de travail des bergers, vachers et chevriers dans les alpages.
« La FDSEA 38 vient d’annuler, une nouvelle fois, une commission mixte paritaire qui devait se tenir ce vendredi 5 avril. Suite à ces annulations en série, nous avons décidé de nous exprimer et de rappeler les conditions de travail et de rémunérations auxquelles font face les gardiens de troupeaux. » Le syndicat CGT des gardiens de troupeaux de l’Isère n’a pas mâché ses mots lors d’une conférence de presse improvisée, vendredi 5 avril 2024, à Moirans.
Le syndicat CGT des gardiens de troupeaux avait déjà manifesté sa colère au Salon de l’Agriculture, accusant la FDSEA et la FNSEA d’annuler et refuser les négociations. © SGT-CGT
Les bergers se sont rassemblés devant le siège de la FDSEA 38, à la Chambre d’agriculture de l’Isère, pour dénoncer ce nouveau contretemps dans l’ouverture de négociations qu’ils réclament depuis un an. Ceci car « l’Isère est l’un des rares départements pastoraux à ne pas avoir d’accord qui prenne en compte les spécificités des métiers de berger.es, vacher.es ou chevrier.es dans les alpages ».
La « triple peine » pour les gardiens de troupeaux
« La FDSEA 38 a décidé d’annuler cette réunion, sous prétexte d’une interview donnée par notre syndicat à l’issue de la précédente CMP le 14 mars dernier », explique par ailleurs le SGT 38. Pourtant, ces propos jugés diffamatoires « ne sont rien par rapport à ce que nous endurons en tant que travailleurs », affirme le syndicat.
« Ce qui fait arrêter la profession, ce sont la précarité, les nombreuses heures de travail non rémunérées, le travail au Smic, les logements insalubres et dangereux, l’équipement et les chiens de conduite entièrement à nos frais, les discriminations racistes et sexistes », poursuivent les gardiens de troupeaux. Lesquels soulignent le turn-over existant dans le métier, avec une durée moyenne de cinq saisons pour une carrière de berger.
Le SGT 38 dénonce les conditions de travail très difficiles des bergers, avec des heures non payées et une rémunération très faible. © Lucie Soïka – Place Gre’net
Le SGT 38 évoque ainsi une « triple peine » pour les gardiens de troupeaux : « Nous travaillons trop, au détriment de notre santé. Nous ne sommes pas rémunérés pour toutes les heures supplémentaires que nous effectuons au-delà de nos contrats. Toutes ces heures non déclarées ne sont comptabilisées ni pour notre chômage ni pour nos retraites. »
Les bergers « prêts à engager un bras de fer » avec la FDSEA
Avec la fatigue et les fins de mois difficiles, « la passion du métier est vite éteinte, et l’on comprend que nombre de nos collègues arrêtent le métier », déplore le syndicat. Et les bergers de pointer également « la précarité [qui les] pousse à être sans domicile fixe », la faiblesse des salaires – question que « le patronat refuse d’aborder » – ou encore les difficultés de logement.
« La FDSEA 38 n’aura pas ce qu’elle souhaite, des salariés à genoux qui écoutent gentiment leurs maitres donner quelques miettes, ce n’est pas notre conception de la négociation », prévient la CGT. Avant de lancer un avertissement : « S’il le faut, nous sommes prêts à engager un “bras de fer” si la FDSEA ne veut pas négocier autour d’une table et se comporte comme elle le fait. »